Des enfants d’origine
maghrébine ont été destinataires de dessins du prophète mis à leur insu dans
leur cartable et cela au sein d’une école de Val-de-Reuil. Quelles ne furent pas la
surprise et la stupeur de leurs parents en découvrant ce qu’il convient d’appeler
une provocation scandaleuse et, sans doute, à vocation xénophobe ou raciste.
Pierre Desproges
affirmait qu’on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui. C’est exactement
de cela qu’il s’agit. Les enfants sont innocents. Ils fréquentent l’école de la
République, laïque et ouverte au monde. Ils n’ont pas à subir les conséquences
des obsessions ou des sales pensées des adultes. Marc-Antoine Jamet, maire de
Val-de-Reuil, a réagi ainsi :
« On peut penser exactement ce
que l'on veut des caricatures ou des dessins qui, dans Charlie-Hebdo ou
ailleurs, se moquent de la religion, des mœurs ou de la politique. On est obligé
ni de les regarder, ni de les apprécier. Cela relève de la plus élémentaire
liberté de pensée. En revanche, il est insupportable de les utiliser sciemment
comme des provocations, comme des discriminations, comme des intimidations. Ce
comportement devient intolérable, inadmissible, lorsqu’il consiste à s’en
prendre à tel ou tel, en fonction de sa race, de ses opinions, de ses
croyances, qui plus est dans une école publique, qui plus est à l'encontre
d'enfants, qui plus est à Val-de-Reuil où 16.000 habitants issus d'une
soixantaine de pays vivent en parfaite intelligence.
La distinction entre ce que
chacun, pour peu qu’il respecte les lois en vigueur, a le droit d’écrire et de
publier, d’une part, et ce que chacun, éventuellement en alertant les
tribunaux, peut critiquer, discuter, refuser d’approuver ou, même, de considérer,
d’autre part, s’impose à l’ensemble des citoyens ou des étrangers qui résident
sur le territoire de la République Française. Cette ligne de partage est aux
fondements des notions de liberté et de laïcité qui sont nos valeurs communes.
Dans le respect de la réglementation qui en prévoit naturellement les nécessaires
limitations, voire les exceptions, elles encadrent notre société, notre nation à
l’instar des idées de solidarité, d’égalité et de fraternité.
C’est pourquoi je veux condamner
sans la moindre ambiguïté cette main malveillante, cette action isolée qui a
permis de glisser -anonymement- une enveloppe dans le sac de deux petits élèves
de l’école maternelle Coluche afin de les choquer, de les heurter, de faire mal
à leur famille. L’intention d’offenser dépasse ici la matérialité des faits.
Cette lâcheté n’a aucune excuse que ce soit à Val-de-Reuil ou dans toute autre école
de notre pays ! Ce sont des enfants !
C’est parce que je vois dans
cette démarche bêtise profonde, méchanceté gratuite, volonté de nuire que j’exprime
ma solidarité entière aux familles et aux enseignants concernés. Les recevant aujourd’hui en Mairie, je leur dirai, à la fois qu’il
leur faut garder leur calme comme devant toute situation, face à cette
agression morale qui les visait peut-être davantage personnellement qu’en
raison de leurs convictions spirituelles (que par ailleurs je ne connais pas)
et, plus important encore, que tout est mis en œuvre pour assurer, face à des
adultes mal intentionnés, la sécurité de tous les écoliers rolivalois, aux
abords et à l’intérieur de nos 14 écoles, trois collèges et de notre lycée. En
lien étroit avec l’Inspection Académique, j’ai pris la décision premièrement de
renforcer la présence des médiateurs et de la police municipale dans l’école,
deuxièmement de limiter la circulation des adultes dans les établissements du
premier degré. La sécurité, qui protège les plus faibles, les plus petits, est
le droit et l’affaire de tous. »
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