Lettre d’entretien avant
licenciement pour faute grave, texte rendu public exigeant une nouvelle
gouvernance, 270 000 abonnés et une sacrée rente, afflux massif de dons d’argent
dont on ne sait pas trop bien quoi faire, pouvoir tenu par des mains raides…voilà
à quoi en est réduite l’équipe de Charlie Hebdo. On est loin des embrassades,
des larmes et des messages de sympathie du monde entier après la tuerie de
janvier et la mort des membres de l’équipe du journal satirique assassinés pour
avoir été des hommes et des femmes debout.
Comment en est-on arrivé là ?
Comment, en quelques semaines seulement, un collectif forcément uni sur l’essentiel,
a-t-il explosé pour laisser place à des rancœurs, des revendications éthiques
et essentielles s’agissant du partage des décisions ? Le pouvoir et l’argent.
Comme d’habitude et il faut croire que personne n’y échappe, le pouvoir et l’argent
tuent à grand feu l’esprit Charlie. Deux actionnaires majoritaires sourds et
aveugles, des millions d’euros à partager…un gros lot de loto issu des larmes
et de la compassion lorsque les Français et quelques autres fustigeaient les
fanatiques islamo-fascistes, voilà comment des gens pauvres et courageux,
intelligents et militants, sont devenus des communicants capitalistes au point
de pousser Luz, l’un des dessinateurs survivants, à annoncer son départ du
journal en septembre prochain.
Dans la fièvre de janvier, j’ai
pensé m’abonner à Charlie-Hebdo. L’expérience aidant et sans doute aussi une
certaine connaissance des hommes, m’ont poussé à patienter…et je ne le regrette
pas. Les numéros de Charlie-hebdo sortis depuis le drame, je les ai feuilletés,
parcourus…mais je ne m’y retrouve pas. On ne remplace pas Charb, Wolinski, Cabu
et leurs comparses car certains sont irremplaçables. C’est leur mayonnaise qui
faisait le succès de la recette. Depuis, le journal se survit dans la mémoire
des lecteurs de toujours. Mais il ne vivra plus. Qu’il est difficile d’accepter
la mort de ce qu’on aime. Il faudra pourtant bien s’y résoudre :
Charlie-Hebdo a été tué deux fois : par les djihadistes et par l’appât du
gain.
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