Tant que Ségolène Royal
occupera le siège de ministre de l’environnement, l’exploitation du gaz de
schiste sera interdite en France. Interrogée, dimanche dernier, par des
journalistes, elle a fait cette réponse à une question concernant Nicolas
Sarkozy. Non seulement l’ancien président de la République a annoncé qu’il
était favorable à l’exploitation du gaz de schiste en France et donc favorable
à la fracturation hydraulique mais il a ajouté qu’il souhaitait également la
disparition du principe de précaution remplacé selon lui par « le principe de
responsabilité. » Il fallait bien que Sarkozy se distingue. En mal.
Je ne suis évidemment pas un
spécialiste en géologie mais je lis et écoute les experts notamment américains.
Aux Etats-Unis, la fracturation hydraulique permet, certes, d’obtenir du gaz et
donc d’accroître l’indépendance énergétique du pays mais elle souille et pollue
les nappes phréatiques et empoisonne les citoyens dont la vie près des sites
d’exploitation est devenue un enfer. Je connais même des sociétés d’extraction
du gaz de schiste qui ont préféré indemniser financièrement certains
propriétaires plutôt que de prendre le risque d’un procès.
« Cette fracturation hydraulique est effectuée en
fracturant la roche par un « stress » mécanique3 à l'aide d'un fluide injecté sous
haute pression à partir d'un forage de surface, pour en augmenter la macro porosité
et moindrement la micro-porosité. Le fluide peut être de l'eau, une boue ou un
fluide technique dont la viscosité a été ajustée.
Quand la pression du fluide, injecté à la profondeur
voulue, dépasse celle créée au point d'application par le poids des roches
situées au-dessus, une ou des fractures s'initient -plus exactement quand la
pression dépasse celle de l'eau interstitielle de la roche-. Les fractures
s'élargissant avec l'injection continue du fluide, elles peuvent alors se
propager, éventuellement sur plusieurs centaines de mètres tant que l'apport de
fluide est maintenu; la direction que peuvent prendre les fractures est, bien
sûr, l'objet d’études préalables, mais est loin d’être entièrement contrôlable.
Pour empêcher que le réseau de fractures ne se
referme sur lui-même au moment de la chute de pression, le fluide est enrichi
(environ 10 %) en agents de soutènement : des poudres de matériaux
durs, principalement grains de sable tamisé, ou microbilles de céramique.
Ceux-ci vont remplir les fractures et, une fois en place et recompressés par le
poids des roches, constitueront un milieu suffisamment poreux pour permettre la
circulation ultérieure des produits à extraire. Le fluide injecté contient
également un mélange complexe de produits issus de l'industrie chimique
(0,5 % typiquement au total), puisés dans une liste de plus de 750
références commerciales. Il s'agit notamment d'additifs adaptés à la
fracturation des roches en place, et souvent des biocides. Ces derniers sont
destinés à empêcher le développement d'éventuelles bactéries qui
compliqueraient le processus d'extraction. (Ces bactéries se nourrissent de
composés chimiques présents dans le sous-sol, hydrogène sulfuré notamment, fer
dissous…) »
Cette
description quelque peu technique indique bien que la fracturation hydraulique
n’est pas totalement maîtrisée et que les conséquences peuvent être très
fâcheuses pour l’environnement auquel nous appartenons. Ségolène Royal propose
d’autres pistes pour améliorer le bilan énergétique de la France : le
développement des énergies renouvelables, la transition écologique et
l’utilisation raisonnée du nucléaire…puisqu’il existe.
« L’environnement, ça
commence à bien faire » avait déclaré la main sur le cœur Sarkozy. Et si c’était
lui qui commence à bien faire…
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