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La parole de Jean-Louis
Debré est une parole qui porte. Le président du Conseil constitutionnel fort
expérimenté depuis sa nomination a pris son rôle très au sérieux. Il est
apprécié, aussi bien par les conseillers de droite — sa famille naturelle — que
ceux de gauche. J’ai souvenir que la gauche avait jugé positive et équitable la
présidence de l’Assemblée nationale par Jean-Louis Debré. On reconnaît un grand
président au Palais Bourbon à la manière qu’il a de gérer l’opposition et de se
montrer magnanime. Jean-Louis Debré en eut souvent l’occasion.
Si j’évoque la personnalité
de l’ancien député-maire d’Evreux devenu président du
Conseil constitutionnel c’est parce qu’il a été outré, le mot convient
tout à fait, par les propos de Nicolas Sarkozy portés sur les deux juges
d’instruction qui l’ont mis en examen. Jean-Louis Debré, après avoir rappelé
que le Conseil constitutionnel n’avait aucun moyen d’enquêter sur les comptes
de campagnes des candidats à l’élection présidentielle (comme le laisse
entendre l’ancien président) a constaté que le conseil s’est positionné
uniquement sur le rapport du président de la Commission des comptes de campagne
laquelle n’a, elle non plus, aucun moyen légal de vérifier dans les détails les
déclarations des candidats.
Le dépassement du plafond
légal de 400 000 euros de dépenses que Sarkozy fait passer pour mineur est, on
le sait aujourd’hui, une fausse information. La double comptabilité tenue par
la société Bygmalion fait en effet apparaître une facturation « présidentielle
» présentée au paiement…à l’UMP de Jean-François Copé laquelle s’élèverait en
réalité à 11 voire 17 millions d’euros soit un total de 39 millions d’euros
contre 22 autorisés. Sarkozy a déjà trouvé la parade. Si Bygmalion a facturé
des prestations fantaisistes à l’UMP…que l’UMP porte plainte ! La belle
trouvaille !
Passons donc sur cet étrange
comportement frisant l’irresponsabilité. Plus intéressante me semble être la
réflexion de Jean-Louis Debré concernant les attaques de Nicolas Sarkozy contre
les magistrats. Sans entrer dans les détails, le président du Conseil
constitutionnel affirme que les politiques doivent faire attention à leurs
propos et qu’en tout état de cause, ils ne doivent pas attaquer les juges ni la
justice, un pilier essentiel de notre démocratie. Se défendre, oui ! Se
défausser sur les juges ! Sûrement pas.
J’ignore la qualité des
relations personnelles entre Jean-Louis Debré et Nicolas Sarkozy. Après la
remarque de l’ancien député de l’Eure, elles ne devraient pas aller en
s’améliorant.
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