5 juillet 2014

Jean-Louis Debré tâcle Nicolas Sarkozy


(DR)
La parole de Jean-Louis Debré est une parole qui porte. Le président du Conseil constitutionnel fort expérimenté depuis sa nomination a pris son rôle très au sérieux. Il est apprécié, aussi bien par les conseillers de droite — sa famille naturelle — que ceux de gauche. J’ai souvenir que la gauche avait jugé positive et équitable la présidence de l’Assemblée nationale par Jean-Louis Debré. On reconnaît un grand président au Palais Bourbon à la manière qu’il a de gérer l’opposition et de se montrer magnanime. Jean-Louis Debré en eut souvent l’occasion.
Si j’évoque la personnalité de l’ancien député-maire d’Evreux devenu président du Conseil constitutionnel c’est parce qu’il a été outré, le mot convient tout à fait, par les propos de Nicolas Sarkozy portés sur les deux juges d’instruction qui l’ont mis en examen. Jean-Louis Debré, après avoir rappelé que le Conseil constitutionnel n’avait aucun moyen d’enquêter sur les comptes de campagnes des candidats à l’élection présidentielle (comme le laisse entendre l’ancien président) a constaté que le conseil s’est positionné uniquement sur le rapport du président de la Commission des comptes de campagne laquelle n’a, elle non plus, aucun moyen légal de vérifier dans les détails les déclarations des candidats.
Le dépassement du plafond légal de 400 000 euros de dépenses que Sarkozy fait passer pour mineur est, on le sait aujourd’hui, une fausse information. La double comptabilité tenue par la société Bygmalion fait en effet apparaître une facturation « présidentielle » présentée au paiement…à l’UMP de Jean-François Copé laquelle s’élèverait en réalité à 11 voire 17 millions d’euros soit un total de 39 millions d’euros contre 22 autorisés. Sarkozy a déjà trouvé la parade. Si Bygmalion a facturé des prestations fantaisistes à l’UMP…que l’UMP porte plainte ! La belle trouvaille !
Passons donc sur cet étrange comportement frisant l’irresponsabilité. Plus intéressante me semble être la réflexion de Jean-Louis Debré concernant les attaques de Nicolas Sarkozy contre les magistrats. Sans entrer dans les détails, le président du Conseil constitutionnel affirme que les politiques doivent faire attention à leurs propos et qu’en tout état de cause, ils ne doivent pas attaquer les juges ni la justice, un pilier essentiel de notre démocratie. Se défendre, oui ! Se défausser sur les juges ! Sûrement pas.
J’ignore la qualité des relations personnelles entre Jean-Louis Debré et Nicolas Sarkozy. Après la remarque de l’ancien député de l’Eure, elles ne devraient pas aller en s’améliorant. 

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