Olivier Poivre d'Arvor, le directeur de France-Culture (photo JCH) |
Mathieu Galet, le nouveau
directeur de radio-France, semble animé d’un grand de besoin de jeunisme. Cela
passe, malheureusement, par l’éviction des anciens quel que soit, semble-t-il,
l’attachement des auditeurs à des animateurs et des émissions bien ancrées dans
l’esprit public. On assiste, sans trop de remous d’ailleurs (1), à la
suppression dans la grille de rentrée de France-Inter, par exemple, d’émissions
aussi emblématiques que celle de Daniel Mermet « là-bas si j’y suis ».
Je souhaite m’arrêter un instant
sur cette suppression dont les raisons ne sont pas aussi simples ni bonhommes
qu’il y paraît. Daniel Mermet est de ceux qui remuent les consciences, posent
les bonnes questions, soulèvent les vrais problèmes. Autrement dit, Daniel
Mermet fait de la politique et c’est bien ce qui est en cause dans la volonté
de la direction de la radio de faire taire l’animateur et tous ceux et toutes
celles qui lui faisaient confiance. L’intérêt de l’émission de Mermet, au-delà
de l’originalité de l’animateur, tenait dans ce qu’elle était ouverte aux gens
et au monde. Avec lui pas de frontières, pas de barrières sociologiques ou
ethniques. En compensation, on lui aurait proposé une émission au rythme…de
l’oubli et tard dans la soirée. Ce qu’il a jugé (et nous avec) inacceptable.
Comme le rendez-vous d’Alain
Veinstein sur France-Culture qui durait depuis trois décennies. Olivier Poivre
d’Arvor a même refusé de diffuser la dernière émission d’un monsieur fort
respectable, au prétexte qu’il s’agissait d’une introspection d’un homme
blessé, Veinstein lui-même. L’auditeur, selon OPDA n’aurait que faire des sentiments
personnels de ceux qui ouvrent les micros. Je crains que M. Poivre d’Arvor ne
fasse fausse route. Nous sommes intéressés par la vie et le vivant et donc par
la subjectivité des producteurs et des hommes et femmes de radio. Quoi de plus
intéressant à écouter que les blessures même narcissiques d’un homme qui tient
le micro à minuit depuis des lustres. J’ose dire qu’il s’agit d’un devoir de la
part de cet homme-là de nous dire à sa façon pourquoi on le prive de parole et
d’interlocuteur puisque tout son art tenait dans la rencontre avec quelqu’un.
Il a protesté contre la censure de sa dernière causerie. Je le soutiens.
Il faut, bien sûr, permettre
à des talents naissants de s’exprimer. Il est du devoir des responsables d’un
service public de jouer le renouvellement et la surprise. Faut-il pour autant
sacrifier des emblèmes ou des symboles d’un art radiophonique qui ne s’acquiert
pas en un jour ?
(1) Une pétition de soutien à Daniel Mermet circule. Signons-la tous.
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