Jean-François Copé. (DR) |
J’ai mis longtemps avant d’adhérer
à un parti politique. J’avais 60 ans lorsque j’ai pris ma première carte de
membre du PS. Ces décennies de militantisme actif (avec des hauts et des bas)
sur le plan municipal et lors des élections décisives sous cette 5e
République m’avaient appris à relativiser l’importance du militant de base sur
les choix et les orientations des partis politiques. D'où une certaine suspicion. Qu’il participe au congrès,
qu’il vote des motions (de synthèse ou non) qu’il appartienne à tel ou tel
courant, qu’il colle et distribue nuit et jour, qu’il rédige des textes ou des
communiqués n’a, au fond, aucune espèce de valeur aux yeux des ténors des
partis et des élus choisis parmi eux. Les militants sont indispensables mais
leur opinion importe peu. Ou pas.
Appartenir à un parti
politique nécessite donc soit une grande modestie, soit une énorme ambition.
Modestie dans la capacité à peser, ambition dans la volonté de réussite d’une
politique. Mais si vous n’êtes pas élu, vous ne comptez pas. Et cela a toujours
été vrai même au temps du Comité d’action de gauche de Louviers au sein duquel
les apparences permettaient de penser (et de croire aussi) qu’un militant ou un élu
avait la même valeur. Ce n’était évidemment pas vrai car être élu transforme
les hommes et les femmes bénéficiant d’un mandat. Celui-ci les responsabilise
individuellement et collectivement, d’où un sentiment de « puissance » et de
pouvoir qui transforme la démocratie la plus éclatante en clan ou en
groupuscule.
Les affres de l’UMP éclairent
d’un jour sombre les pratiques et les habitudes d’un grand parti de
gouvernement de droite. L’audit rendu public hier soir par le triumvirat dirigeant de l’UMP
chiffre le déficit à près de 80 millions d’euros et met au jour des pratiques
douteuses s’agissant des largesses et des avantages financiers obtenus par
certains et certaines. De Mme Copé à Rachida Dati, de Geoffroy Didier à
Marc-Philippe Daubresse, de Jérôme Lavrilleux à Eric Césari, la liste est
longue des notes de téléphone, des voitures dites de « fonctions », des salaires
mirobolants payés par les adhérents, les fonds publics ou par les assemblées
puisque Mme Copé, non contente de se faire payer ses billets d’avion par l’UMP,
est également assistante parlementaire de son mari… pour des conseils…le soir
sur l’oreiller ?
24 000 euros par ci, 10 000
euros par là, 8 500 euros encore par là…600 000 euros de salaires annuels
(charges comprises) pour les quatre responsables UMP autour de Copé avant
qu’il ne démissionne. Et lui qui annonçait des propositions de loi sur la
transparence. Et sans rire.
J’ignore si au Parti
socialiste, on pratique de même. J’espère que non. Je sais bien que le népotisme
régional ou départemental a déjà sévi mais les élus de gauche semblent avoir
des scrupules (encore que…) que n’ont pas toujours des élus de droite même si
je sais que la plupart d’entre eux sont honnêtes.
Revenons au militant de base,
de droite par exemple. Le brave petit soldat regarde le spectacle parisien de
la rue de Vaugirard (1) avec consternation. Il se dit que si les idées ne
marchent pas toutes seules, elles nécessitent des hommes et des femmes pour les
porter. Que la démocratie a un coût. Qu’il est légitime que les fonds publics rémunèrent
les partis qui concourent à l’expression des idées et du suffrage. Mais de là à
se goberger, à posséder trois téléphones portables (comme M. Copé) à payer les
doubles facturations de Bygmalion ou les amendes de M. Sarkozy, es qualité, le
militant de l’UMP voit rouge. Et ce n’est pas tous les jours.
(1) Adresse du siège de l'UMP à Paris.
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