La justice militaire est à
la justice ce que la musique militaire est à la musique. Cette citation de Clémenceau,
un expert en la matière, est toujours vraie. Il n’est qu’à constater, pour le déplorer,
le jugement rendu par un tribunal militaire égyptien. Ce dernier vient de
condamner à mort des centaines de responsables, de membres, d’amis des Frères
Musulmans dont le crime principal, si je comprends bien, est de continuer à
soutenir l’ancien président Morsi, l’un des animateurs de la confrérie
islamique d’ailleurs élu démocratiquement et victime de la prise de pouvoir par
la force et par les militaires.
L’Egypte n’est donc pas une
démocratie. C’est une dictature militaire. Il est vrai que depuis soixante dix
ans, les coups d’états successifs n’ont pas permis à une démocratie digne de ce
nom de s’implanter durablement. Tout de même, qu’un tribunal même militaire,
juge très rapidement des centaines de civils sans leur permettre d’exercer
leurs droits élémentaires de prévenus, sans permettre à leurs avocats de préparer
leur défense, voilà qui choque toute opinion réfléchie surtout dans les pays
qui ont aboli la peine de mort.
Pour être tout à fait
objectif, on m’objectera que depuis 2011 aucun condamné à mort n’a été exécuté
en Egypte. De nombreuses peines ont été commuées en détention à perpétuité au
bon vouloir des juges et surtout du pouvoir des uniformes. La récente vague de
condamnations à la mort a pour objectif principal de dissuader les Frères
musulmans de protester, de revendiquer, de défendre le retour du président
Morsi lequel est arbitrairement détenu dans une cellule et au secret. Les
diverses tentatives destinées à le juger et à le condamner ont échoué pour
diverses raisons dont l’une est capitale : le peuple égyptien, même s’il
se méfie des radicaux musulmans, conteste un pouvoir absolu par des militaires
peu regardants sur les méthodes et les moyens d’obtenir les résultats qu’ils
souhaitent. Une pression internationale devrait s’exercer contre ce pouvoir à
moins que l’occident n’y trouve son compte et prenne, tôt ou tard, le boomerang
en pleine figure.
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