21 novembre 2013

Les céréaliers ne sont pourtant pas à plaindre…


Manifestation à Louviers en 2009 (photo JCH)
J’entendais José Bové, député européen Europe Ecologie les Verts, sur une radio ce midi. Il laissait éclater sa colère contre le mouvement de protestation des grands céréaliers (membres de la FNSEA) mécontents de la nouvelle répartition des aides européennes dans le cadre de la Politique agricole commune. José Bové n’est pas content parce que le revenu moyen des céréaliers d’Ile de France est de 100 000 euros, charges et impôts payés, quand celui des agriculteurs de Lozère, par exemple, n’est que de 13 000 euros. Il existe, en effet, de grandes disparités entre les agriculteurs. Ou plutôt entre les agricultures. Ce sont ces disparités que le gouvernement français, avec d’autres, souhaite réduire. L’agriculture d’élevage souffre beaucoup plus que celle des producteurs de blé, d’orge, de colza ou de maïs.
Comment comparer, en effet, les exploitations des céréaliers de la Beauce et celles des éleveurs de l’Isère ou du Gers ? Depuis 20 ans, les subventions européennes renforcent les revenus de ceux qui ont le plus au détriment de ceux qui ont le moins. C’est d’autant plus navrant que les cours des céréales, depuis plusieurs années, ont atteint des niveaux élevés. On est loin des 130 euros la tonne de blé puisque le cours actuel varie de 200 à 206 euros la tonne rendue au port de Rouen, principal port des exportations françaises.
Je sais bien que la vie d’un agriculteur est difficile. Liée au climat, au rythme des saisons, dépendante des règlements et des contrôles, la tâche des agriculteurs nécessite de la disponibilité, du savoir-faire et pour des résultats parfois aléatoires.
Il ne fait pas de doute, pourtant, que le blocage des accès à Paris ce jour, avec les deux accidents dont l’un mortel, porte préjudice à l’image des exploitants franciliens. Je déteste l’expression de prise d’otages — un vrai otage souffre vraiment — et on l’utilise un peu trop souvent à la légère. Mais on peut admettre que les provinciaux utilisant leur automobile pour se rendre au travail dans la capitale, émettent plus que des réserves à l’égard de ces mouvements d’agriculteurs dont les excès, impunis le plus souvent, troublent la paix civile.

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