17 novembre 2013

Il faut moins de ministres au gouvernement et plus de compétences


François Hollande à l'Elysée (JCH)
Je demeure persuadé que la colère des différentes corporations est surtout liée à l’injustice (réelle ou supposée) ressentie par les Français à l’égard des contributions. S’y ajoutent d’autres motifs de mécontentement. Primo, l’affaire Cahuzac a été ravageuse dans l’opinion publique et la queue de comète continue de faire perdurer ses effets : pour Hollande, à qui on reproche de ne pas savoir s’entourer et d’avoir tardé à sévir, pour la Gauche prise en flagrant délit d’affairisme.
C’est tragique aussi pour l’idée même qu’on se fait d’une société au sein de laquelle un pouvoir de gauche doit veiller à répartir les efforts de manière la plus équilibrée possible et la plus favorable aux classes sociales modestes. Si un citoyen-ministre déclare lutter contre la fraude fiscale et possède un compte en Suisse, c’est plus que fâcheux. C’est même révoltant autant que scandaleux.
Secundo, le défaut d’explications vraiment convaincantes de l’exécutif. Une politique, ça se définit, ça se pratique, ça s’explique. Hollande ne veut pas être un président à tout faire si bien qu’il donne l’illusion d’être absent ou, pire, de ne pas savoir où il habite laissant à Jean-Marc Ayrault un rôle-costume peut-être trop large pour ses épaules. Tertio, la droite intégriste-fanatique et la droite tout court n’acceptent pas le verdict des urnes (1). Le procès en illégitimité de la gauche au pouvoir, soyons-en certains, ne cessera pas d’ici à 2017. Quarto, le rôle des médias est évidemment important voire décisif dans le jugement de la politique conduite à l’heure des tweets et de Facebook. Jamais la vitesse de la lumière ne semble être allée aussi vite (même si elle est constante) et les informations (vraies ou fausses) circulent à vive allure. Dans ce contexte, les critiques sont bien plus virulentes, bien plus agressives et bien plus nombreuses que les louanges même si on sait, depuis toujours, que le pouvoir est un exercice ardu, complexe, et que l’impopularité est inévitable. Sauf au niveau local où les citoyens-contribuables peuvent juger sur pièces l’usage qui est fait de leurs impôts.
Le Hollande Bashing (2) étant devenue une spécialité des magazines depuis l’élection de l’ancien premier secrétaire du PS malgré des ventes en baisse sensible pour l’ensemble des journaux, il n’y a pas de raison que cela s’arrête. Tant que la crise économique perdurera, tant que l’inversion de la courbe du chômage ne sera pas engagée (si elle l’est un jour) les Français ne croiront pas aux chances de succès de la politique conduite actuellement. Faut-il faire comme Malek Boutih, député PS de l’Essonne, et invoquer un geste fort du président ? Un changement de gouvernement…une dissolution ? Ce serait la catastrophe électorale assurée si, par malheur, Hollande tentait l’aventure qu’a courue Jacques Chirac en 1997. Protégé par les institutions de la 5e république, le président et sa majorité peuvent tenir. A une condition : que la rue n’agrège pas les mécontentements corporatistes et variés. Quand on voit le NPA manifester avec la nouvelle droite à Quimper, on se demande s’il ne faudrait pas changer la couleur des bonnets et transformer le rouge en jaune.
Qu’il faille bouger, réagir, cela devient aussi évident qu’urgent. Ceux qui ont soutenu Martine Aubry lors de la primaire socialiste ne sont, au fond, pas réellement surpris ni déçus par les événements en cours. Les hommes et les femmes politiques ont leur personnalité, leur caractère. Ils sont portés autant par leur volonté que par les événements. Il leur appartient d’équilibrer les influences sans que l’une prenne le pas sur les autres. Avec Hollande, on a tout de même l’impression que le président est protégé par les murs de l’Elysée et par les conseils de son cabinet au sein duquel on trouve peu de politiques d’ailleurs. La promotion Voltaire de l’ENA est sur-représentée ce qui n’est pas sans conséquence.
Et puis, des ministres semblent déjà à avoir la tête ailleurs. Le ministre de l’Economie et des finances ne cache pas son intérêt pour Bruxelles. Autrement dit il est déjà dans le coup d’après. Ne serait-il pas nécessaire, avant les municipales, de nommer un nouveau premier ministre et un gouvernement resserré doté d’une quinzaine de ministres entourés de secrétaires d’état non contraints de répondre aux questions des députés le mardi et le mercredi ?  
Changer d’hommes et de femmes, soit mais changer de politique, c’est une autre paire de manches. L’année 2013 est difficile, 2014 avec la hausse de la TVA, les municipales et les européennes s’annonce comme périlleuse. Le président pense récolter quelques fruits de sa politique en début d’année. Il sait qu’il n’échappera pas à la sanction électorale, surtout lors des européennes lesquelles n’avaient pas été une réussite pour le PS en 2008.
Alors quoi faire ? Ne pas faire le dos rond. Ne pas tergiverser. Il est encore temps de modifier le tempo avant l’explosion des exaspérations et de la grogne. La marge de manœuvre du président est si étroite qu’il ne peut agir qu’en changeant le gouvernement. Il faut donc moins de ministres et plus de compétences. Sinon, gare à la cata…
(1) François Baroin n'a-t-il pas déclaré que la gauche avait pris le pouvoir par effraction ?
(2) Le Hollande Bashing ou l'acharnement anti-Hollande

Aucun commentaire: