François Hollande à l'Elysée (JCH) |
Je demeure persuadé que la colère des différentes
corporations est surtout liée à l’injustice (réelle ou supposée) ressentie par
les Français à l’égard des contributions. S’y ajoutent d’autres motifs de
mécontentement. Primo, l’affaire Cahuzac a été ravageuse dans l’opinion
publique et la queue de comète continue de faire perdurer ses effets : pour
Hollande, à qui on reproche de ne pas savoir s’entourer et d’avoir tardé à
sévir, pour la Gauche prise en flagrant délit d’affairisme.
C’est tragique aussi pour l’idée même qu’on se fait d’une
société au sein de laquelle un pouvoir de gauche doit veiller à répartir les
efforts de manière la plus équilibrée possible et la plus favorable aux classes sociales modestes. Si un citoyen-ministre déclare
lutter contre la fraude fiscale et possède un compte en Suisse, c’est plus que
fâcheux. C’est même révoltant autant que scandaleux.
Secundo, le défaut d’explications vraiment convaincantes de
l’exécutif. Une politique, ça se définit, ça se pratique, ça s’explique.
Hollande ne veut pas être un président à tout faire si bien qu’il donne
l’illusion d’être absent ou, pire, de ne pas savoir où il habite laissant à
Jean-Marc Ayrault un rôle-costume peut-être trop large pour ses épaules.
Tertio, la droite intégriste-fanatique et la droite tout court n’acceptent pas
le verdict des urnes (1). Le procès en illégitimité de la gauche au pouvoir,
soyons-en certains, ne cessera pas d’ici à 2017. Quarto, le rôle des médias est
évidemment important voire décisif dans le jugement de la politique conduite à
l’heure des tweets et de Facebook. Jamais la vitesse de la lumière ne semble
être allée aussi vite (même si elle est constante) et les informations (vraies
ou fausses) circulent à vive allure. Dans ce contexte, les critiques sont bien
plus virulentes, bien plus agressives et bien plus nombreuses que les louanges
même si on sait, depuis toujours, que le pouvoir est un exercice ardu,
complexe, et que l’impopularité est inévitable. Sauf au niveau local où les
citoyens-contribuables peuvent juger sur pièces l’usage qui est fait de leurs
impôts.
Le Hollande Bashing (2) étant devenue une spécialité des
magazines depuis l’élection de l’ancien premier secrétaire du PS malgré des
ventes en baisse sensible pour l’ensemble des journaux, il n’y a pas de raison
que cela s’arrête. Tant que la crise économique perdurera, tant que l’inversion
de la courbe du chômage ne sera pas engagée (si elle l’est un jour) les
Français ne croiront pas aux chances de succès de la politique conduite
actuellement. Faut-il faire comme Malek Boutih, député PS de l’Essonne, et
invoquer un geste fort du président ? Un changement de gouvernement…une
dissolution ? Ce serait la catastrophe électorale assurée si, par malheur,
Hollande tentait l’aventure qu’a courue Jacques Chirac en 1997. Protégé par les
institutions de la 5e république, le président et sa majorité
peuvent tenir. A une condition : que la rue n’agrège pas les
mécontentements corporatistes et variés. Quand on voit le NPA manifester avec
la nouvelle droite à Quimper, on se demande s’il ne faudrait pas changer la
couleur des bonnets et transformer le rouge en jaune.
Qu’il faille bouger, réagir, cela devient aussi évident
qu’urgent. Ceux qui ont soutenu Martine Aubry lors de la primaire socialiste ne
sont, au fond, pas réellement surpris ni déçus par les événements en cours. Les
hommes et les femmes politiques ont leur personnalité, leur caractère. Ils sont
portés autant par leur volonté que par les événements. Il leur appartient
d’équilibrer les influences sans que l’une prenne le pas sur les autres. Avec
Hollande, on a tout de même l’impression que le président est protégé par les
murs de l’Elysée et par les conseils de son cabinet au sein duquel on trouve
peu de politiques d’ailleurs. La promotion Voltaire de l’ENA est sur-représentée
ce qui n’est pas sans conséquence.
Et puis, des ministres semblent déjà à avoir la tête
ailleurs. Le ministre de l’Economie et des finances ne cache pas son intérêt
pour Bruxelles. Autrement dit il est déjà dans le coup d’après. Ne serait-il
pas nécessaire, avant les municipales, de nommer un nouveau premier ministre et
un gouvernement resserré doté d’une quinzaine de ministres entourés de
secrétaires d’état non contraints de répondre aux questions des députés le
mardi et le mercredi ?
Changer d’hommes et de femmes, soit mais changer de
politique, c’est une autre paire de manches. L’année 2013 est difficile, 2014
avec la hausse de la TVA, les municipales et les européennes s’annonce comme
périlleuse. Le président pense récolter quelques fruits de sa politique en
début d’année. Il sait qu’il n’échappera pas à la sanction électorale, surtout
lors des européennes lesquelles n’avaient pas été une réussite pour le PS en
2008.
Alors quoi faire ? Ne pas faire le dos rond. Ne pas
tergiverser. Il est encore temps de modifier le tempo avant l’explosion des
exaspérations et de la grogne. La marge de manœuvre du président est si étroite qu’il ne
peut agir qu’en changeant le gouvernement. Il faut donc moins de ministres et
plus de compétences. Sinon, gare à la cata…
(1) François Baroin n'a-t-il pas déclaré que la gauche avait pris le pouvoir par effraction ?
(2) Le Hollande Bashing ou l'acharnement anti-Hollande
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