Pas question de réaliser de
liste d’union à gauche pour le NPA, qui assure avoir « étudié toutes les options. Mais avec la politique de Hollande que l’on
ne soutient pas, ce ne serait pas cohérent de venir travailler avec le parti
socialiste »(1). Voilà qui a le mérite d’être clair. Les responsables lovériens
du Nouveau parti anticapitaliste (2500 adhérents au plan national) ont donc décidé
de présenter une liste au premier tour des prochaines élections municipales.
Avant d’étudier les conséquences pratiques de ce choix, rappelons que le NPA
avait obtenu plus de 10 % des suffrages au premier tour des municipales de 2008
et un élu lors du second tour. Ainsi, Sophie Ozanne, d’abord, et Philippe
Thouement, ensuite, ont-ils siégé au conseil municipal dans une opposition de
gauche multiple puisque comprenant des membres du NPA, des membres du PS et du
PCF. Je n’oublie pas les représentants de l’UMP mais que je sache, les
conseillers de ce parti ne sont pas de gauche.
Pourquoi le NPA a-t-il décidé
de présenter une liste ? Pour faire comme d’habitude, d’abord, puisque
depuis plusieurs élections municipales, il fait cavalier seul. Pour espérer
attirer à lui, ensuite, un maximum d’électeurs de gauche, les leurs et des
sympathisants socialistes ou autres, mécontents — à tort ou à raison — du
gouvernement actuel et de la présidence Hollande. Si le PS ne s’allie pas avec
Martin, il aura un adversaire de plus à gauche rendant sa tâche compliquée et s’il s’allie avec le maire sortant, le NPA aura beau jeu
de dénoncer le reniement des socialistes à leur volonté de changement à
Louviers et à la CASE du moins sur les bases passées. Les dirigeants locaux du
NPA jouent donc sur du velours.
Et pourtant, ce sont les mêmes
qui, sans cesse, proposent des actions communes, originales, singulières, sur
les sujets les plus divers susceptibles de rassembler des militants unis par
des idées partagées. Contre le Front national par exemple. Ce sont les mêmes qui demandent (exigent parfois) des
actions, des votes, des lois, que seuls des élus de gauche et majoritaires
peuvent leur accorder puisque le NPA ne siège pas à l’Assemblée nationale, ni à
la CASE, ni dans les exécutifs locaux. Et qu’il n’a ni l’espoir ni le vrai désir
de devenir majoritaire par la grâce du suffrage universel. Alors, à quoi bon ?
Prenons l’exemple de la loi
Florange…ou loi M-Real. Cette loi vise à contraindre des dirigeants d’entreprises
à chercher des repreneurs avant de mettre la clé sous la porte. Elle vient d’être
adoptée par l’Assemblée nationale, après avis et propositions de corrections
par le Conseil d’Etat. Le NPA était très demandeur de cette loi (eu égard à son
fort engagement dans la lutte des salariés de M-Real pour conserver leur
emploi) mais il la juge trop timorée à son goût alors qu’une loi plus dure
aurait été retoquée par le Conseil constitutionnel, le droit de propriété étant
garanti par la déclaration des droits de l’homme et la Constitution. Voilà bien
le conflit entre la réalité légale et constitutionnelle et les cris d’orfraie
poussés par ceux qui déclarent avoir honte des députés socialistes de l’Eure.
Rien que cela.
Prenons un second exemple :
le retour des DSP (2) en régie directe. Seule une majorité d’élus de la
CASE pourra voter cette dorénavant évidente mesure, bonne pour l’économie, satisfaisante
pour les usagers, utile pour la qualité de l’eau. Le NPA seul ne pourra rien. Il
faudra donc que des socialistes, des Verts, des sans parti acquis à la cause de
l’usager soient majoritaires pour ne pas renouveler (en 2017 et 2021) les
conventions liant la CASE à Véolia.
Mais le NPA exclut tout de même
de s’allier localement avec des socialistes parce qu’il ne soutient pas Hollande ! Moi
qui pensais — à tort — que les solutions locales primaient sur les mots d’ordre
nationaux. Moi qui croyais que les actions conduites ensemble sur le terrain et
dans le quotidien concret prenaient le pas sur la politique partisane ou politicienne.
Le NPA a évidemment le droit
de présenter sa liste. Cette décision, par ailleurs, n’enlève rien à l’estime que
je porte à certain(e)s de ses membres pour leur courage moral et physique et
pour leur engagement désintéressé. Mais leur décision complique simplement la tâche
de ceux qui souhaitent faire aboutir des projets plus sociaux, moins coûteux,
plus respectueux de l’environnement. Là où Martin a raison, c’est quand il dit
que si un accord ne se fait pas au premier tour, il est exclu de le réaliser au
second. Question de cohérence justement.
(1) lu dans « Paris Normandie » d'hier.
(2) DSP : délégations de services publics. Eau, transports, assainissement, élimination et traitement des déchets…
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