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77 % des Français dont une
majorité immense appartenant au camp de la droite sont hostiles à l’amnistie
sociale demandée par le Front de Gauche et Europe Ecologie les Verts. Ce projet
consiste à amnistier de toute peine les auteurs des délits commis dans le cadre
des conflits du travail durant les cinq dernières années. Au Sénat, une majorité
de parlementaires a adopté un texte édulcoré par rapport au projet initial. Les
communistes, les écologistes et les socialistes ont voté pour cette amnistie
jugée choquante par le MEDEF et les dirigeants de l’UMP.
A priori, je n’étais pas favorable à ce projet de loi. Je conteste la violence comme moyen d’expression
et de pression. Il existe des canaux de dialogue, de contestation, de
revendication. Casser des bureaux, des ordinateurs, des feux rouges ou du flic ne
doit pas entrer dans le domaine normal des relations sociales.
Mais à écouter les partisans
du projet de loi, à écouter Christiane Taubira elle-même, j’ai changé d’avis.
Il faut comprendre le sort des chômeurs et des salariés menacés de perdre leur
emploi. Devenir chômeur, contrairement aux clichés répandus à droite, n’est pas un objectif
souhaitable. Devenir dépendant des ASSEDIC et client de pôle emploi n’est pas un
sort enviable. Personne n’espère dépendre de l’assistance. Il est faux de prétendre
que ne pas travailler peut plaire à qui que ce soit. On ne trouve pas sa dignité
dans l’oisiveté ou dans l’abandon. Dans le chômage, on perd l’estime de soi et
celle des autres.
On pouvait attendre un signe
fort de la part du gouvernement de gauche. Un signe d’apaisement, justement,
apte à libérer les fautifs d’une responsabilité morale et pécuniaire.
Quels
actes amnistiés ? Essentiellement ceux concernant la casse matérielle ou un refus de prélèvement
d’ADN. Aucune violence physique ne faisait partie du texte. Compte tenu du faible
nombre de personnes mises en cause, le gouvernement serait sorti grandi — même si
la majorité des Français y est opposée — en accordant le pardon de la nation à
des hommes et des femmes désespérés et devenus violents par angoisse. François Hollande a refusé l'amnistie en comparant ces violences sociales avec celles des groupes extrémistes de la Manif pour tous. Les motivations des uns et des autres n'ont rien de comparable. Rassurer les sans emploi actuels et futurs donc ? C’était sans doute trop demander et trop
attendre du gouvernement et des parlementaires.
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