Sur le cul. En lisant les
propos tenus par Franck Martin, maire de Louviers, au journaliste de La Dépêche
et publiés hier, je dois dire que j’ai été sidéré. Sur le cul quoi. Cette
expression quelque peu triviale exprime bien les sentiments qui m’ont animé en
découvrant pourquoi et comment le maire de Louviers conçoit la politique et
surtout pourquoi et comment il a, d’une certaine façon, abusé les Lovériens
pendant tant d’années.
Oser prétendre marcher dans
les pas d’Ernest Martin, son père, et dans le même temps affirmer que pour
gagner une élection il faut promettre un bonheur qu’on sait par nature
inatteignable et se faire « marchand d’illusions » (sic) « sinon les gens ne
votent pas pour vous » voilà une belle preuve de cynisme à laquelle,
malheureusement, nous sommes habitués.
Ernest Martin n’était pas,
lui, un marchand d’illusions. C’était un homme politique vrai, inventeur,
imaginatif et surtout terriblement humaniste. Pour lui l’exercice du pouvoir ne
devait avoir qu’un objectif : faire plus et mieux pour les laissés pour
compte, les oubliés, les modestes, aussi l’impôt devait-il être redistributif
et les équipements accessibles à tous. Il était également quelque peu utopique,
sans doute, mais avec la sincérité des hommes de conviction. Jamais dans le
faux semblant. Jamais dans la tromperie. Il s’inscrivait dans la réalité
sociale, certain de contribuer à aider à changer la vie des gens tout en l’améliorant.
En cet instant, je regrette de ne pas avoir retrouvé (peut-être est-il dans les
archives que j’ai données au service municipal spécialisé ?) le texte de
la charte de l’Union des Gauches de 1965 rédigée par Ernest Martin, justement,
charte prédictive dans laquelle il énumérait les conditions et attitudes pour
agir dans le camp du progrès. Il y donnait la définition d’un homme et d’une
femme de gauche. Et ce n’était pas que des mots. Le contenu de ce texte se
situe aux antipodes de l’attitude décrite par le maire actuel de Louviers.
Que dit ce dernier ? Qu’il
n’exerce pas ses mandats pour l’argent. Peut-on le croire ? Après l’affaire
de l’écrêtement et ses déclarations à la presse, c’est impossible : « cet argent (1) c’est le mien, j’y ai droit
» Il vit, en effet, de la politique et de ses mandats. Et ses déclarations
de patrimoine rendues publiques laissent un goût bizarre sachant que sa compagne (pacsée précise-t-il) a bénéficié
des surplus (légaux) dépassant les plafonds autorisés pendant plusieurs années !
Ce qui l’intéresserait plutôt
que l’argent, avoue-t-il, c’est le pouvoir ! Mais le pouvoir n’est rien s’il
n’est pas mis au service de belles causes et de beaux principes, si le pouvoir
ne sert pas un objectif noble : l’intérêt général et la priorité donnée à
ceux qui n’ont rien ou si peu. Je comprends mieux, maintenant, l’arrogance et le mépris
du maire de Louviers. Pour lui, le pouvoir est un but en soi, le pouvoir pour
le pouvoir et pour affirmer quoi : une autorité, une domination, une
possession ? Je laisse aux psys le soin de répondre à cette question.
Mais Franck Martin va plus
loin. Il considère que le climat et le contexte politique actuels marquent « la fin de la foire aux illusions. » Elle
durait depuis quand ? Doit-on comprendre que la prochaine campagne électorale
sera placée sous le signe de la vérité et de l’objectivité ? Dans ce cas,
il faut dire, dès maintenant, quelles en seront les conséquences pour les Lovériens :
sur leurs impôts, sur le développement de la ville, sur l’urbanisation et le
fonctionnement des équipements publics. Il faut dire, dès aujourd’hui, ce qu’il
sera possible d’entreprendre ou non. Puisqu’ils savent maintenant, d’après le
maire, « qu’il sera impossible de leur
apporter le bonheur » les électeurs doivent savoir si un malheur les guette
et si oui, lequel. Une liste de centre-droit maquillée en centre-gauche ? Quel
avenir pour les plaquettes quadrichromie aux photos aguichantes mais irréelles ?
Quel sort pour les commissions dites participatives ? Quelle considération
pour les oppositions municipales ? Quelle recherche de compromis avec le
maire de Val-de-Reuil ?
Les Lovériens habitués des fêtes
du maire doivent éprouver, à le lire, quelque amertume. Ils se croyaient considérés
— si j’ose dire — alors que le maire sortant ne voyait en eux que de futurs
suffrages. Du vulgaire matériel électoral. Ça fait froid dans le dos.
(1) Le maire de Louviers n'est plus écrêté depuis que la CASE a un nouveau président.
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