L’image que j’avais de François Xavier Priollaud, candidat
NC-UMP lors des dernières élections législatives dans la 4e
circonscription n’était pas bonne.
Le voir distribuer un tract que j’avais à l’époque qualifié de «scélérat»
avec son ami et suppléant Pierre Aubinais, maire de Poses, me l’avait fait
classer à la droite de la droite. En effet, reprenant au mot près les arguments
de Sarkozy-Buisson, ce tract de second tour et de dernière minute visait à faire passer les
candidats de gauche et notamment les socialistes pour des laxistes, des
irresponsables indifférents à la douleur des victimes des actes de délinquance.
Au soir du second tour et de sa défaite, j’avais dit à M. Priollaud qu’il avait eu tort de céder
au discours frontiste. Il avait également, à cette occasion, manifesté une forme
d’incompréhension face au refus de François Loncle, député sortant, de débattre
publiquement avec lui. Nettement favori pour le second tour, l’ancien ministre
n’avait, en effet, pas jugé utile de valoriser son concurrent alors qu’il avait
affronté Françoise Miquel, précédente candidate UMP en 2002 démontrant qu’il ne
craignait pas le débat.
L’amicale informelle des blogueurs régionaux ayant pris
l’initiative d’inviter à dîner M. Priollaud, j’ai donc passé une soirée avec
lui fin décembre et écouté attentivement son discours. Grâce au travail préparatoire de Denis
Szalkowski, animateur du site «voie militante» (1), M. Priollaud s’est prêté de
bonne grâce aux contraintes de l’interview avec la franchise due au climat
ambiant du restaurant «Jules et Jim» d’Andé, à la cuisine familiale donc chaleureuse.
Des déclarations de M. Priollaud (lire le texte complet de
Denis Szalkowski plus loin) je retiens qu’il ne sera pas tête de liste de la
droite aux prochaines municipales à Louviers (mais 3e) pour
respecter un accord entre l’UMP et le Nouveau Centre devenu membre de l’UDI de
Jean-Louis Borloo. Qu’il laboure le terrain de la 4e pour devenir le
candidat de la droite en 2017. Qu’il est favorable à un fédéralisme poussé en
Europe. Qu’Hervé Morin l’a adoubé dans l’Eure en lui laissant sa place de
conseiller régional pour reconstruire une alternative en faveur de la droite
qui repart de zéro dans la circonscription de Louviers.
Ces paris peuvent-ils être gagnés ? Aux municipales de
Louviers, la droite sera conduite par Benoît Veyrat et ne se fait guère d’illusions.
Conquérir la 4e circonscription ? François Loncle ne devrait
plus être candidat et tout dépendra du vainqueur de la présidentielle. Si
François Hollande se succède à lui-même, je ne donne pas cher des chances de M.
Priollaud. Dans le cas contraire…
Au conseil régional, le travail d’opposition n’est ni
passionnant ni efficace. C’est le lot de tous les opposants. Il leur reste le
verbe et M. Priollaud semble avoir la langue bien pendue. Sans doute est-ce là
le produit d’une éducation et de diplômes acquis à la force du travail, on ne
devient pas administrateur de l’Assemblée nationale par hasard.
Sur le reste, M. Priollaud est un convive aimable, parfois
drôle très souvent assuré du bienfondé de ses opinions. Certaines sont
estimables : il est favorable au mariage pour tous, d’autres plus
contestables (de mon point de vue) comme le libéralisme économique à tous
crins. Les blogueurs de l'Eure (Louviers, Brionne, vernon, Saint-Pierre-du-vauvray étaient représentés) renouvelleront l'exercice en invitant, pourquoi pas, un élu écologiste ou socialiste ?
(1) http://www.voie-militante.com/
Le texte de l'interview de Denis Szalkowski :
Comment expliquez-vous l'absence de l'opposition sur le devant de la scène médiatique ?
(1) http://www.voie-militante.com/
Le texte de l'interview de Denis Szalkowski :
Comment expliquez-vous l'absence de l'opposition sur le devant de la scène médiatique ?
FXP : Il y a tout
d'abord cette situation singulière à la tête de l'UMP. La droite et le centre
sont aujourd'hui en pleine de reconstruction. Ces derniers mois, l'opposition
est surtout venu de la société civile au travers du mouvement des
« Pigeons ».
D'où
vient, selon vous, cette incapacité à faire des hommes politiques
français ?
FXP :La 1ère
observation que je ferais, c'est que François Hollande n'a pas bénéficier du
moindre état de grâce. Nous sommes dans un pays extrêmement difficile à
réformer. Souvenez-vous d'Alain Juppé en 1995. Contrairement aux pays du Nord
de l'Europe, les syndicats sont extrêmement faibles. La démocratie sociale n'a
jamais fonctionné dans notre pays. Faudra-t-il un jour à réfléchir est sur la
syndicalisation obligatoire des salariés ?
Nous sommes en face d'un
crise de la représentation. Nous vivons aujourd'hui une véritable fiction
démocratique. Le choix des dirigeants dans l'institution se fait sur des
logiques de corps. Pour réformer notre démocratie, il faut s'attaquer au
principal problème qui ronge les institutions de la Vème République : le
cumul des mandats... dans le temps. Prenons l'exemple de Laurent Fabius. Il est
élu puis réélu député depuis 1978.
Le
rapport Gallois date le décrochage de l'économie française du début des années
2000. Selon vous, quelles seraient, selon vous, les mesures à prendre pour
ramener la compétitivité au niveau des entreprises françaises ?
FXP :L'insuffisance
de respiration de notre démocratie fait aussi que le pouvoir prend des mesures
qui ne correspondent pas toujours aux aspirations des salariés et aux besoins
des entreprises. Il faut aujourd'hui permettre davantage de flexibilité pour
restaurer davantage de pouvoir d'achat mais aussi de compétitivité.
Nous devons aussi
réfléchir aux moyens d'abaisser le coût de travail et, de ce point de vue,
l'instauration de la TVA sociale préconisée par Nicolas Sarkozy était une bonne
chose.
Nous
avons perdu en 10 ans près de la moitié de nos emplois industriels. De plus en
plus de gens vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté, alors que la
rémunération des actionnaires évolue au rythme des licenciements boursiers.
Tout ne serait donc qu'une question de coût du travail ?
Notre pays est
aujourd'hui face à un problème de formation. L'idée que j'ai, c'est d'instituer
un droit universel à la formation s'appuyant sur un « capital
formation » pour tous. Chaque français disposerait ainsi d'un nombre
d'heures de formation identiques, dans lequel nous intégrions la durée de la
formation initiale.
Depuis l'arrivée de
François Hollande à l'Elysée, ne pensez-vous pas que cette incapacité à faire
dont nous parlions revêt un caractère plus personnel ? Je ne connais pas
personnellement François Hollande. Ce que je constate, c'est qu'avec le
quinquennat, une présidence « normale » n'a strictement aucun sens.
La pratique de Nicolas Sarkozy a tué la fonction de 1er ministre. Avec le
quinquennat, il n'y a désormais plus de place pour deux à la tête de
l'exécutif, sachant que j'avais voté contre cette réforme.
Jean-Louis
Borloo, le Président de l'UDI, a annoncé qu'il voterait en faveur du mariage
pour tous ? Sur cette question du
mariage, je crois qu'il y atout d'abord un problème de sémantique. Le mariage,
reste toujours dans l'esprit des opposants au mariage pour tous de l'ordre du
religieux. Je préférerais qu'on parle de mariage républicain. Je
suis, pour ma part, favorable à l'égalité des droits en hétérosexuels et
homosexuels. Arrêtons l’hypocrisie. Et sachez que, si j'étais député, c'est
tout naturellement que je voterais ce texte aux côtés de Jean-Louis Borloo.
Vous
avez écrit plusieurs ouvrages sur l'Europe. Vous enseignez le droit européen à
Sciences Po et à l'ENA. Vous avez contribué à l'élaboration du projet de TCE.
Selon vous, que faudrait-il faire pour que nous sortions de la crise au niveau
de l'Europe ? L'Europe doit aller vers
un gouvernement économique plus intégré. Nous devons harmoniser notre fiscalité
et aussi renforcer le budget européen. C'est l'euro qui, aujourd'hui, garantit
notre souveraineté. Mais il faut que nous disposions d'institutions
susceptibles de créer les conditions d'un véritable « leadership »
européen. La réponse doit être institutionnelle évidemment. Vote à la majorité
qualifiée. Oui, avec Jacques Delors, sur le départ de la Grande-Bretagne de
l'Union Européenne. Oui à l'intégration de la Turquie. Oui à une taxe carbone
aux frontières de l'Europe. Mais les réponses que
nous donnons ne doivent pas être qu'institutionnelles. Nous devons avoir le
souci d'un espace que s'approprient enfin les citoyens. Là où Erasmus reste
réservé à quelques uns, je propose la création d'universités européennes,
l'institution d'un droit civil européen, un service civil européen, la création
d'un jumelage électronique, la pratique de deux langues étrangères.
Comment voyez-vous votre rôle sur
la scène politique locale au cours des prochaines années ?
Je suis lovérien depuis
l'été 2009. Cette décision fait suite à la demande d'Hervé Morin, dont j'étais
le conseiller politique Depuis 2008, d'investir politiquement la ville de
Louviers. Je suis entré à l'UDF en août 1992. De septembre 1994 à avril 2001,
travaillant au Nouvel Obs, je me destinais à la carrière de journaliste. En
2001, j'ai préféré, après avoir obtenu mon concours d'administrateur de
l'Assemblée Nationale, m'orienter vers la politique. J'ai la sensation d'y être
plus utile. Dans le cadre de la
démarche d'union de la droite et du centre, nous nous sommes mis d'accord,
Benoît Veyrat et moi-même. C'est lui qui conduira la liste d'opposition à
Franck Martin pour les élections municipales de 2014. Nous avons ensemble
l'ambition de faire autre chose de Louviers qu'une annexe résidentielle de
Rouen ou de Paris. Nous voulons redonner l'envie de vivre à Louviers. Pour ce
qui me concerne enfin, je reste disponible, au sein de ma famille politique,
pour être présent sur les listes aux prochaines élections européennes.
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