29 janvier 2013

Aire des gens du voyage de Pinterville : le préfet récolte la patate chaude

L’information est passée presqu’inaperçue. Benoît Veyrat en a certes rendu compte brièvement sur son blog. Elle illustre bien, cependant, ce que l’obstination entraîne comme conséquences fâcheuses pour l’argent public. A l’occasion de la cérémonie de vœux organisée par le maire de Pinterville, Didier Dagomet, ce dernier a énuméré les grands dossiers de la commune citant pêle-mêle la restauration de l’église, le développement de l’habitat et surtout, sa victoire juridique suite à ses plaintes devant la justice administrative. Il s’agit d’un dossier qui dure depuis plus d’une décennie !
Franck Martin, président de la CASE, ayant décidé de ne pas se pourvoir devant le Conseil d’Etat, le jugement de la cour d’appel de Douai annulant son permis de construire et la délibération du conseil municipal de Louviers autorisant la révision du plan d’occupation des sols devient exécutoire. Que dit ce jugement (1) ? Que la pollution aux PCB (2) du terrain consacré à la réalisation de l’aire des gens du voyage à Louviers — mais en limite avec Pinterville — ne permet pas, en l’état actuel de la situation, de tolérer l’accueil des gens du voyage.
Le jugement préconise une dépollution du site avant toute nouvelle occupation. On comprend bien que la construction effective de l’aire d’accueil des gens du voyage n'autorise pas techniquement de réaliser cette dépollution sans porte atteinte au bâti et aux installations dont le coût se chiffre à plusieurs centaines de milliers d'euros. Le maire pintervillais, en contact avec le préfet de l’Eure, attend que ce dernier prenne une décision quant à l’avenir de l’aire d’accueil. Autrement dit, le préfet récolte la patate chaude que lui a transmise le président de la CASE-maire de Louviers. Aujourd’hui, Martin ne parle plus de racisme. Ni de rejet de populations stigmatisées. Il doit faire face à ses responsabilités, celles qu’il a engagées (avec les élus de la CASE qui l’ont suivi) et qui l’ont conduit dans le mur. Ou plutôt dans l'impasse.

(1) Extraits du jugement : Article 2 : « La délibération du 25 septembre 2005 par laquelle le conseil municipal de Louviers a approuvé la révision simplifiée du plan d’occupation des sols communal est annulée. »
Article 3 : « L’arrêté du 4 septembre 2006 du maire de la commune de Louviers accordant un permis de construire une aire d’accueil des gens du voyage à la communauté d’agglomération Seine-Eure est annulé. »
(2) Les PCB (polychlorobiphényles) et les PCT (polychloroterphényles), désignés par l’abréviation « PCB », ont été fabriqués industriellement à partir de 1930. Leur production est arrêtée depuis les années 80. Les PCB sont plus souvent connus en France sous la dénomination de pyralène, arochlor ou askarel, mais également sous d’autres noms commerciaux.
Les PCB ont une longue persistance dans l’environnement et peuvent être transportés sur de grandes distances. Les PCB sont des substances (cancérogènes) très peu biodégradables qui, après rejet dans l’environnement, s’accumulent dans la chaîne alimentaire. Ces composés se retrouvent ainsi dans tous les milieux de l’environnement : air, sol, eau, sédiments, mais aussi après transfert, dans les plantes, les animaux et chez les hommes.

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