La séquence vécue depuis quelques semaines par Franck Martin marque sans doute un tournant dans sa carrière politique. Il a beau affirmer dans un commentaire au Monde.fr qu'il n'a perdu que deux fois (pour 10 victoires) depuis qu'il s'est engagé dans le combat électoral (1) l'impression générale est qu'il est en train de perdre la main. Plusieurs événements récents démontrent une baisse de popularité (même TF1 à Louviers n'y pourra rien) et surtout une perte d'influence sur des élus qui, jusqu'aujourd'hui, le suivaient non pas aveuglément mais avec une forme de bienveillance liée aux rapports de forces.
—Le premier événement se rapporte à ma modeste personne. En m'attaquant devant le tribunal correctionnel d'Evreux pour diffamation et en faisant preuve d'une négligence coupable, le couple Martin-Taconnet…a déconné si l'on se place de leur point de vue. Cette histoire de 1000 euros non versés en temps et en heure au Trésor public (2) a illustré on ne peut mieux la nonchalance qui les caractérise et abouti à l'irrecevabilité d'une plainte présentée comme un élément de règlement de compte personnel très hasardeux.
— Le second événement, bien plus intéressant, est l'élection de Jean Carré (maire de Pîtres) parmi les délégués de la CASE au sein du Pôle métropolitain constitué par l'agglomération Seine-Eure et celle de Rouen. De Carré, Martin ne voulait pas ! Il avait d'ailleurs annoncé publiquement ses préférences et ce n'est pas faire injure aux élus choisis que d'affirmer que le président de la CASE souhaitait ne pas s'encombrer d'opposants trop notoires voire embarrassants. Un vote à la majorité a permis d'élire Jean Carré, indiquant que cette majorité a voulu marquer un coup d'arrêt à l'autoritarisme du maire de Louviers. Ce vote courageux des délégués de la CASE préfigure, peut-être, une gestion plus équilibrée d'une agglomération qui, soulignons-le, a délégué l'ensemble de ses services publics à la multinationale Véolia.
— Le troisième événement dépasse le cadre de la CASE car il aura des conséquences sur la vie politique départementale. L'élection de Marc-Antoine Jamet comme premier secrétaire de la fédération du Parti socialiste de l'Eure est une mauvaise nouvelle pour Franck Martin. Ce dernier croyait avoir marginalisé le maire de Val-de-Reuil. Il voit se dresser face à lui un responsable fort d'une légitimité incontestable et un passionné de politique. Ses fonctions éminentes auprès d'Henri Emmanuelli et de Laurent Fabius, sa connaissance des arcanes de la politique, son sens pratique et méthodique font de MAJ un allié (le PRG a passé un accord national avec le PS) sans doute plus encombrant et plus exigeant que l'ancien appareil du PS de l'Eure, désavoué par le vote récent des militants.
— Le quatrième événement, enfin, est la publication par M. Benoit Veyrat, conseiller municipal UMP à Louviers, de la liste des factures des dépenses engagées lors de la cérémonie de vœux de 2008 quelques semaines avant l'élection municipale. Pour obtenir cette liste, et face à l'inertie du maire lovérien, il a dû saisir la CADA (3). J'espère que nous aussi, qui avons saisi la CADA, pourrons rendre publics un certain nombre d'éléments nous autorisant à penser que la convention avec l'unique opérateur privé (Véolia) pourra être dénoncée dès février 2015 et non en 2024 comme l'exige Franck Martin. Pour ce faire, il nous faudra l'aide et le relais d'élus de la CASE. Ne désespérons donc pas.
Il ne s'agit que d'une séquence mais ces quelques déconvenues sont pour le maire de Louviers, plus que des désagréments.
(1) Martin a perdu quatre combats électoraux : deux fois aux cantonales (Louviers nord et sud) une fois aux législatives (en 2007 contre François Loncle) et une fois aux sénatoriales (candidat contre Jean-Louis Destans).
(2) Quand on porte plainte on doit consigner une somme. Ici elle avait été fixée à 1000 euros par le juge.
(3) CADA : commission d'accès aux documents administratifs.
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