Le ministre de
l’Intérieur s’était jusqu’à présent limité à la stigmatisation des individus ou
des origines. Chargé par Nicolas Sarkozy du rabattage des voix d’extrême
droite, Claude Guéant vient de franchir une étape supplémentaire vers l’ignoble,
dans les locaux de l’Assemblée nationale, devant des élus UMP et un groupuscule
étudiant proche de la droite radicale. Avec ses deux petites phrases «Nous
devons protéger notre civilisation» et « je pense que toutes les
civilisations ne se valent pas » assises sur un amalgame nauséeux entre
« civilisations », « ethnies » et politiques
gouvernementales, Claude Guéant exhume de son tombeau le débat sur l’identité
nationale lancé par Nicolas Sarkozy et que la Nation, justement, avait rejeté
avec dégout.
Plus encore, il légitime une hiérarchisation des civilisations
entre elles, renouant avec les idées les plus sombres du siècle dernier.
Provocation ultime, il le fait au nom de la devise républicaine, dont il trahit
ainsi et la lettre et l’esprit. Une telle escalade pour choquante qu'elle soit
ne surprend pas la Ligue des droits de l'Homme, mais deux questions sont
maintenant posées : Claude Guéant arrivera-t-il, dans une prochaine
déclaration, à faire reculer les limites du supportable et sera-t-il toujours
ministre de l’intérieur lorsqu’il l'aura prononcée ? Car dans la plupart
des pays d’Europe de tels propos
seraient immédiatement suivis de la démission de leur
auteur.
(communiqué de la ligue des droits de l'homme)
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