« Le Conseil d’État a levé fin novembre 2011, le moratoire
interdisant la culture du maïs OGM Monsanto 810. Dans la plus grande
discrétion. Le choix de ce calendrier répond à un double objectif. D’une part, permettre
aux agriculteurs d’ensemencer leurs parcelles avec ledit maïs dès le printemps
prochain. Pendant le temps même où pour l’opinion, accaparée par les grands problèmes
du moment : crise du système financier, aggravation du chômage, politiques
d’austérité, cette décision apparaîtra comme une question secondaire. D’autre
part, à quelques mois de l’échéance électorale présidentielle, satisfaire aux
exigences du lobby agro-industriel, grand pourvoyeur de voix pour l’actuelle
majorité.
Or, comme pour le choix de l’énergie nucléaire pour la
production de notre électricité, le choix du recours aux OGM en agriculture est
un choix de société qui engage lourdement l’avenir du pays. Un choix qui
devrait en tout état de cause faire l’objet d’un débat citoyen. Choix qui, sauf
mobilisation urgente, est en passe d’être escamoté.
Rappelons qu’il s’agit, en ce qui concerne la culture
d’OGM, d’un choix irréversible. Dès lors que des pollens d’organismes
génétiquement modifiés se seront, du fait des cultures en plein champ,
disséminés dans la nature, il deviendra impossible de revenir en arrière, ce
qui à terme constitue la plus grave menace contre la diversité biologique.
Dans sa dernière émission de CO2 mon amour, Denis Cheyssou de France-Inter recevait
Éric Tourneret, photographe, passionné par les abeilles. Ensemble, ils ont
souligné la contradiction flagrante qui existe entre l’interdiction absolue faite
aux apiculteurs, au niveau européen, de commercialiser du miel contenant le
moindre pollen OGM et l’autorisation qui vient d’être accordée de cultiver en
France, en plein champ, le fameux maïs OGM MO 810.
Réponse surréaliste d’Yvette Dattée, directeur de
recherche honoraire à l’INRA, membre du conseil scientifique de l’AFBV (Association
française des biotechnologies végétales), lobby pro-OGM. « Il
appartient aux apiculteurs de ne pas disposer leurs ruches à moins de trois
kilomètres d’une culture OGM ». Comme si les abeilles ne pouvaient se déplacer au-delà
de cette distance et comme si le vent ne pouvait transporter les pollens sur
des distances plus considérables encore. Et pour cela faudrait-il éditer une
cartographie complète des parcelles cultivées en maïs OGM afin que les
apiculteurs puissent prendre leurs dispositions. Ce qui, selon elle, « ne
serait pas sans risque puisque, jusqu’à maintenant, à quelques exceptions près,
toutes les cultures (OGM)
ont été détruites par les faucheurs volontaires ».
On voit ainsi clairement où se situent selon cette
charmante personne, les priorités et le risque principal ! Ensemble,
refusons de baisser les bras devant les manœuvres scélérates d’un pouvoir en
pleine décomposition.
Reynald Harlaut
Site d’Éric Tourneret : Le Peuple des abeilles
Réécouter la dernière de « CO2 mon amour »,
l’émission de Denis Cheyssou sur France Inter :
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