L'affaire des policiers mis en cause dans le dossier de l'IGS met à mal l'impartialité de l'Etat et de la police, celle de tous les citoyens. Voilà quatre policiers, certains de haut rang, accusés de corruption, de malversation, de favoritisme, alors qu'ils sont blancs comme neige et qu'au contraire, certains cadres de l' IGS (la police des polices) ont commis des faux, signés des procès-verbaux de synthèse, aboutissant à leur mise en examen et finalement à leur suspension sine die de leur fonction. Ces quatre-là avaient commis un énorme crime : celui de ne pas être proches du pouvoir sarkozyste, celui d'être en osmose avec la gauche et notamment Daniel Vaillant, ancien ministre de l'intérieur socialiste. Il faut savoir ce qu'est une perquisition de domicile et la saisie d'ordinateurs. Il faut savoir ce qu'est une garde à vue de 48 heures sans ceinture ni bretelles ni lacets pour finalement connaître l'humiliation. Une humiliation d'autant plus redoutable que les gardés à vue étaient totalement innocents.
Il aura fallu des mois d'obstination de la part de l'avocat des quatre policiers « virés » pour que la Cour d'appel de Paris les relaxe sans qu'aucune faute n'ait été retenue contre eux. Aujourd'hui, après quatre années affreuses, les deux femmes et les deux hommes qui avaient confiance en l'Etat et leur hiérarchie ne sont toujours pas réintégrés malgré la reconnaissance de leur innocence. Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur, a beau botter en douche et inviter chacun à respecter le travail des juges, il ressort de ce fait divers inquiétant que personne ne peut croire que cette opération de basse police, comme on dit dans le jargon, de la part des bœufs-carottes, n'ait pas eu pour objectif de «virer » quatre policiers mal vus par le pouvoir avec toutes les conséquences fâcheuses pour eux-mêmes, d'abord, pour leur carrière ensuite et pour leurs familles enfin. Des enfants ont vu leur père ou leur mère au poste, non libres, en état de soumission, que peuvent-ils penser ?
La gauche est évidemment montée au créneau dans cette affaire. Des questions ont été posées à l'Assemblée nationale par des députés socialistes mais Claude Guéant a refusé de répondre qu'il savait et qu'il était injuste voire condamnable de mettre ces fonctionnaires au pilori. Il annonce même une plainte contre un député PS de Paris mais rien ne dit qu'elle ira au bout. Peut-être sera-t-elle déclarée irrecevable ?Signe d'espoir toutefois. Le préfet de police de Paris, M. Gaudin, placé comme témoin assisté dans le dossier, avoue sa proximité avec Nicolas Sarkozy, reconnaît même qu'il s'agit d'un ami, mais prend maintes précautions pour assurer l'Etat impartial— évidemment — de sa loyauté. Voilà quelqu'un qui n'exclut pas de voir arriver au pouvoir François Hollande et la Gauche.
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