« Dans un récent article sur son blog, mon ami
Jean-Charles Houel se fait avec raison l’écho de manquements au pluralisme dans
les médias relevés en France par la Commission européenne, associant en cela de
manière peu glorieuse notre pays à la Hongrie et à l’Italie. Mais s’il se
plaint, au nom du Parti socialiste, du manque de pluralisme dans l’information
en France, citant pour exemple l’absence de TF1 et de France 2 au meeting de son
candidat au Bourget, que dirions-nous alors du traitement médiatique réservé au
Front de Gauche depuis sa création en 2009 ?
En février 2009, pour le lancement du Front de Gauche
à l’occasion de l’ouverture de la campagne des Européennes, 6.500 militants et
sympathisants remplissaient le Zénith de Paris. Couverture et retombées médiatiques
furent quasi nulles. Pas une image le soir même aux journaux télévisés. Seule
LCP retransmit les discours de Christian Piquet, Jean-Luc Mélenchon et
Marie-George Buffet. Pas un mot sur les grandes chaînes publiques que sont
France 2 et France 3. TF1, n’en parlons même pas. Il faut le cynisme et la démagogie
d’un Franck Martin pour porter aux nues cette chaîne TV privée comme il l’a
fait dans le dernier bulletin municipal « Allez
Louviers ». Jusqu’à lui dérouler le tapis rouge pour la remercier de
son choix de prendre Louviers comme ville test pour la prochaine présidentielle.
Qui peut encore croire que ce média, aux mains de Martin Bouygues, l’un des
meilleurs amis de Sarkozy, puisse avoir la moindre raison de faire de quelque
manière que ce soit la courte échelle à la Gauche – que le Maire-Écrêté de
Louviers prétend pourtant représenter au plan local –, à fortiori de parler de
Mélenchon et du Front de Gauche ? TF1 ne le fera que contraint et forcé,
pour sauver la face et s’éviter les foudres du CSA.
En revanche, en 2009 toujours, alors qu’au même
endroit – le Zénith de Paris-La Villette –, quelques semaines plus tard, le Printemps des socialistes peina à
rassembler 650 personnes, tous les grands médias rendirent compte de cette
manifestation, en prenant grand soin de ne diffuser, par pure charité sans
doute, que des images du public en plan très serré…
En novembre 2010, au Congrès national du Parti de
Gauche, au Mans, aucune télévision publique ne couvrait l’évènement. L’antenne
régionale de France 3 n’avait pas même daigné déplacer un journaliste. Il
fallut la présence de Itélé pour que soit enregistrée la fameuse phrase du
discours de Jean-Luc Mélenchon : « Je
suis le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas ». Petite phrase
que reprit ensuite en boucle pendant plusieurs semaines, totalement extraite de
son contexte, la cohorte des médias, telle un troupeau de moutons. Qu’importait
alors au co-président du Parti de Gauche, qu’ils la tournent en dérision ?
L’essentiel était ailleurs. Fin connaisseur du système, il avait dû user de ce
stratagème pour parvenir enfin à faire parler de lui et du Front de Gauche.
On pourrait multiplier ainsi les exemples au point de
rendre fastidieuse la lecture de cet article. Aussi, nous limiterons-nous à ne citer
que le dernier en date : celui de la participation de Jean-Luc Mélenchon,
le 12 janvier, à l’émission politique de France 2 « Des paroles et des actes ». Chacun s’accorde à dire que
le candidat du Front de Gauche y fut excellent et que ce fut, dans le genre, un
grand moment de télévision comme on n’en avait pas vu depuis fort longtemps. Pas
un mot durant les jours qui suivirent dans les bulletins, journaux et émissions
d’information de France Inter, radio de service public, pour ne citer qu’elle. À
entendre la pluie de commentaires sur ce même média au lendemain de la
prestation du candidat socialiste à cette même émission, on est tout de même en
droit de se poser quelques questions sur le pluralisme de l’information tel qu’il
s’exerce à France Inter et sur la scandaleuse différence de traitement appliquée
à l’un et l’autre des deux principaux candidats de gauche.
Enfin, pas un mot non plus sur l’ensemble des médias,
des meetings du Front de Gauche faisant salle comble au cours de la dernière
quinzaine, à Nantes (6.500 personnes), à Metz (4.500 personnes), à Besançon
(4.500 personnes), etc. Et, jusqu’à ce jour, aucune retransmission directe ou
différée sur une chaîne publique.
Alors bien sûr, on le constate, il y a d’immenses
progrès à faire dans ce domaine en France. Où se situe le pluralisme lorsque
les présidents des chaînes publiques sont nommés par le président de la République
et que toutes les chaînes privées de quelque importance sont aux mains des amis
du même ? On le verra sous peu avec la prochaine intervention télévisée du
président-présumé candidat, le 29 janvier, qui sera simultanément diffusée sur
cinq chaînes. Rien de moins ! Intervention qui, de ce point de vue, n’aura
pas grand-chose à envier à la situation de l’information en Corée du Nord. Toutefois,
qu’il s’agisse des primaires, ou maintenant du démarrage de la campagne de son
candidat depuis le meeting du Bourget, je ne pense pas que le Parti socialiste
a motif sérieux à se plaindre jusqu’à présent de la place que lui accordent les
médias. Pas de quoi s’indigner, en tout cas. Il n’en va certes pas de même pour
le Front de Gauche et nous allons bientôt le faire savoir.
Reynald Harlaut
Front de
Gauche
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