Jean-Pierre Lavignasse au Moulin (photo JCH) |
Jean-Pierre Lavignasse, professeur d’économie à l’université
de Rouen, Lovérien d’origine, était l’invité vedette de la rencontre annuelle
organisée par le NPA (Nouveau parti anticapitaliste) au Moulin. Un professeur
pédagogue s’il en est, invité à expliquer « la dette publique », ses causes,
ses conséquences et les solutions préconisées par la gauche de la gauche.
Face à un auditoire plus qu’attentif, Jean-Pierre est à
l’aise. Il a bien préparé son affaire avec schémas, graphiques, références. Il
joue aussi bien avec le PIB (produit intérieur brut) qu’avec les hedge funds
(les fonds de pension). Il maîtrise parfaitement les statistiques :
détenteurs de dettes publiques (étrangers ou autochtones) et leur influence sur
la sécurité des remboursements, vision fausse de la dette « qu’on va léguer à
nos enfants » sans faire allusion aux actifs importants de l’état, des
collectivités, des entreprises et des ménages.
« Non, assure-t-il, la France
n’est pas du tout en état de faillite. Les actifs sont supérieurs au passif de
plus de 400 milliards d’euros ! » Il s’étonne que la dette de la
sécurité sociale s’ajoute à la dette ordinaire, explique en long et ne large
pourquoi les libéraux ont interdit, en 1973, à la banque centrale la
possibilité d’user de la planche à billets : celle qui crée de l’inflation, celle qui euthanasie le
rentier et supprime progressivement la dette. Depuis Maastricht, les
états-nations européens sont contraints d’emprunter sur les marchés pour
rembourser leur dette et cela change tout puisqu’ils remboursent leurs emprunts
et ne les font plus financer par l’émission monétaire. La Banque centrale européenne
n’a ni le droit ni le pouvoir d’augmenter la masse monétaire contrairement à la
FED américaine ou la banque centrale anglaise.
Lumineux et clair, Jean-Pierre Lavignasse fait comprendre
également très bien comment Sarkozy a amputé les recettes de l’état de plusieurs dizaines
de milliards d’euros suite aux cadeaux fiscaux faits aux plus fortunés, ses
amis. On comprend également bien que la fameuse règle d’or n’est qu’un artifice
puisqu’inapplicable en l’état actuel des finances de notre pays.
Et la Grèce, et l’Irlande, et le Portugal, voilà des peuples
qui vont « morfler » alors que la solidarité européenne aurait dû, aurait pu,
jouer bien plus en amont pour éviter la banqueroute fatale ! Ceux qui ont
voté non au projet de traité constitutionnel n’ont certainement pas voté pour
cette Europe égoïste ! Aux états-Unis, explique Jean-Pierre, quand un état
subit une catastrophe, le budget fédéral vient au secours des victimes…
Quant aux agences de notation, elles ne datent pas d’hier.
Créées dans les années vingt, du 20e siècle, elles donnent la
température. La perte récente du triple A est tout simplement le constat que la
France va moins bien que l’Allemagne (chômage, croissance, déficit commercial).
Jean-Pierre ne croit pas au changement avec François Hollande.
Il plaide pour un changement de société, une société qui ne peut se passer de
finance mais une finance régulée dont les paradigmes prioritaires seraient
différents : justice sociale, solidarité, création de richesses
collectives…une bien belle conférence pour une bien belle initiative.
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