Marc-Antoine Jamet lors de ses vœux 2011 (photo JCH) |
Dès lors, revinrent au fil de la
soirée les vraies difficultés : la saturation et l’archaïsme des
infrastructures autrefois inaugurées par le Second Empire, l’absence de
régularité et de fiabilité des lignes comme des convois, les temps de parcours
devenus insupportables non par leur durée initiale, mais par leurs retards
accumulés dans une géographie et un espace-temps que les performances du rail
ont puissamment modifiés dans les autres régions. C’est pourquoi j’ai voulu
fixer au cours de cette réunion vespérale, à l’instar de mon ami Alain Le Vern,
des préalables au lancement du projet de ligne nouvelle. On ne construit pas
une extension de la maison quand ses fondations ne sont plus sûres. Il faut retrouver des priorités utiles pour
les usagers et judicieuses pour un argent public devenu rare: le désengorgement du Mantois par le doublement des 35
km de voies venues de Paris, l’harmonisation des tarifs entre les usagers
haut-normands et les franciliens, les premiers s’acquittant actuellement de
tarifs souvent deux ou trois fois plus élevés que ce que payent les seconds,
fossé que la « grande vitesse », dont on connaît les prix, aggravera,
une traversée améliorée de Rouen par la renaissance de la gare Saint-Sever et
par le creusement d’un tunnel sous la Seine, un cadencement horaire adapté, le
renforcement de l’activité fret sur Gisors/Serqueux pour dégager des fuseaux
pour des trains supplémentaires, l’indispensable modernisation des gares de la
ligne Paris/Rouen/Le Havre, singulièrement celle de Val-de-Reuil dont la
reconstruction est maintenant financée et acquise, parce qu’elles continueront,
même avec le nouveau tracé, si d’aventure il voit le jour avant le prochain
siècle, à accueillir 80% des trains circulant vers l’estuaire de la Seine, bref
une parfaite complémentarité entre les deux lignes quel que soit le scénario
finalement retenu pour la dernière venue…
Val-de-Reuil et les communes de l’agglomération Seine-Eure sont
directement concernées par ces choix. L’hypothèse d’une nouvelle gare sur
notre territoire est en effet envisagée. Peut-on rappeler quelques éléments de
bon sens qui devraient présider à sa localisation. Il est essentiel qu’elle ne
constitue pas une blessure pour l’environnement après le projet dévastateur de
contournement autoroutier de Rouen par le raccordement de l’A154 à l’A28. Il
faut préserver la forêt de Bord et la triple vallée de la Seine, de l’Eure et
de l’Andelle. Là est l’essentiel, mais là n’est pas tout. Il vaut mieux que les deux gares, l’ancienne et la
nouvelle, ne soient pas trop éloignées, si on veut que les voyageurs
aillent facilement de l’une à l’autre, que les transports en commun les
desservant ne soient pas trop espacés dans le temps et étirés en distance. Il
vaut mieux que la station qui sera affectée à la ligne nouvelle ne soit pas
construite en rase campagne comme naguère on le faisait pour les TGV, exigeant
le CO2 de nombreuses voitures pour la rejoindre, mais qu’elle puisse desservir les bassins de vie, nourrir les bassins
d’emploi, développer les zones tertiaires, irriguer les bases de loisirs de
notre agglomération, mais qu’elle soit en zone urbaine et pourquoi pas, comme
celle que souhaite Evreux, en centre ville. Une gare nouvelle située à Val-de-Reuil le permettrait sans aucun doute.
Les dirigeants d’Unibail, spécialistes mondial de l’immobilier commercial et de
l’acquisition de bureaux, me l’ont confirmé hier en expliquant que la ville
nouvelle, située dans la partie économique la plus dynamique du département,
deviendrait à leurs yeux un secteur d’investissement idéal. La gare nouvelle pourrait être alors une force pour le développement
économique et l’emploi partagé.
Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil
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