La grève du personnel des sociétés de droit privé assurant
les missions de sécurité pour le compte d’ADP – Aéroports de Paris –, fait
depuis quelques jours la une des médias. Je ne reviendrai pas sur le principal
argument du gouvernement, élément de langage fourni par l’Élysée, sur la prise
en otage des voyageurs que constituerait cette grève et repris comme un
leitmotiv par tous les ministres concernés. Mon ami Jean-Charles Houel a dit ce
qu’il fallait penser de l’emploi de cette formule.
La décision dictée par l’Élysée de briser ce mouvement
social en faisant appel aux forces de l’ordre pour se substituer au personnel
gréviste constitue une atteinte sans précédent au droit de grève. Au point
qu’une action en justice est enclenchée par les syndicats pour son caractère
anticonstitutionnel.
Si tel est réellement le cas, il faudrait donc que le
donneur d’ordres, ADP soit également présent autour de la table de
négociations, ce à quoi ADP se refuse pour l’instant. Il convient donc alors de
s’intéresser de plus près au statut de cette société. ADP, société de droit
public entièrement aux mains de l’État depuis sa création, a été transformée en
2005, sous le gouvernement de Villepin, en société anonyme en vue de sa
privatisation.
Or, l’État, toujours détenteur à lui seul de 52,1% des
actions, en est toujours l’actionnaire majoritaire. C’est donc lui le principal
responsable de la situation actuelle des personnels des sociétés de services
sous-traitantes qu’il emploie. C’est lui qui, sans aucun état d’âme, se
comporte comme n’importe quel actionnaire privé, exigeant pour ses actions un
rendement maximum sans se soucier des répercussions que cette exigence impose
aux salariés.
Cet État sarkozyste, dans cette affaire juge et partie,
joue donc la partition la plus scélérate qui soit. Jean-Luc Mélenchon, en
rendant aujourd’hui visite aux salariés en grève les a assurés du soutien du
Front de Gauche. Il a proposé qu’une nouvelle répartition de la taxe
aéroportuaire que paient les usagers soit étudiée afin qu’il soit mis fin à ces
conditions indignes. Car pour espérer atteindre un salaire compris entre 1200
et 1400 euros mensuels, ils doivent enchaîner nuits, week-ends et jours fériés.
Quelle famille monoparentale peut vivre en région parisienne avec un tel
salaire ? Cela ne semble pourtant pas préoccuper outre mesure les médias
qui cette semaine ont de loin préféré nous parler tous les jours des 800 000
euros mensuels offerts à M. Beckham pour venir taper dans un ballon à Paris.
Reynald Harlaut
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