5 juillet 2010

Quand on est de Gauche, on doit avoir un comportement exemplaire

Les réponses de Franck Martin à José Alcala me rappellent celles que faisait Odile Proust, ancien maire de Louviers (UMP) à qui l’on reprochait de dépenser trop d’argent public dans les restaurants et les voyages. D’ailleurs, Denis Laheye, actuel adjoint, fut le principal pourfendeur de ces pratiques que les opposants d’alors (dont j’étais) jugeaient condamnables. A l’époque, Odile Proust déclarait qu’elle passait beaucoup de temps au service des Lovériens, que l’indemnité perçue n’était qu’une obole et que, finalement, il était bien normal qu’elle se rattrapât sur la bête. Elle ajoutait même qu'elle perdait au change avec le salaire gagné à son poste au sein du CNPF (Centre national du patronat français devenu MEDEF)

Au pouvoir aujourd’hui, le maire de Louviers se défausse, lui aussi, de façon tout à fait fallacieuse. Le connaissant, personne ne croira qu’il travaille de 9 à 23 heures sept jours sur sept au bénéfice des collectivités auxquelles il appartient. Quand on ose déclarer aux commerçants de Louviers qu’on n’a pas lu un document tel que le plan de déplacements urbains (1) c’est qu’on fait mal son travail, mal son métier en l’occurrence puisque le maire, président de la CASE, conseiller régional, est devenu un professionnel de la politique.

Il y a plus amusant. Dans une déclaration à France 3, FM affirme qu’il aurait pu, comme d’autres, désigner un élu quelconque « qui lui aurait restitué la somme écrêtée » sans que personne ne trouve à redire. Que Ghislaine Baudet, sa compagne, soit devenue cette élue quelconque, rend nulle et non avenue la déclaration sur « la compétence » de cette dernière. D’ailleurs, s’il a choisi l’écrêtement de son indemnité municipale et non celle de conseiller régional, c’est bien parce qu’il tenait à choisir la bénéficiaire la plus proche de lui.

S’il veut jouer la transparence à fond, cet argument n’est pas le bon. FM fond doit reconnaître qu’il a souhaité que l’écrêtement ne sorte pas de son foyer et doit maintenant l’assumer totalement. Bien sûr, c’est difficile car le contexte économique et financier oblige les Français à se serrer la ceinture. Et quand celui qui vous matraque fiscalement perçoit 9500 euros par mois avant écrêtement et autant après (du moins peut-on le penser) ses grandes déclarations sur les économies nécessaires ne sont que péroraisons.

Mon ami Reynald Harlaut dit bien ce qu’il faut dire. Denis Szalkowski aussi sur son blog voie militante qui ose même comparer Louviers à « Une République bananière ». L’agence France presse a diffusé une dépêche sur le sujet, dépêche reprise dans maints quotidiens régionaux. Cette information fait le buzz et c’est légitime. Après 15 ans de pouvoir, le maire actuel de Louviers a oublié ce qui avait fait son succès de 1995 : une démocratie rénovée et partagée, des pratiques inattaquables. Quand on est de Gauche, on doit avoir un comportement exemplaire.

(1) Le plan de déplacements urbains a été commandé par la CASE et payé par elle. Il est invraisemblable que le président de la CASE traite ce document d'un revers de main comme s'il s'agissait d'une étude tombée du ciel. Quant à sa lecture, elle demande une heure d'attention. Du moins est-ce le temps que cela m'a demandé. Et bénévolement !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il n'a pas 1 "emploi" (mandat), mais 3, maire, président de la CASE et conseiller régional et il faut qu'il trouve du temps pour sa maison d'édition, 4e occupation.
Il faudrait des journées à 4x8 heures pour tout ça, non ?
Peut-on réellement bien faire tout ça en si peu de temps ? Il faut déléguer, donc pas faire tout tout seul, donc pas autant de mérite tout seul, mais il faut partager ce mérite avec son équipe. Le skipper ne serait rien sans son équipage, sans le collectif. Et quand un navire coule, c'est même le skipper qui donne sa vie pour son équipage... bon, à chacun sa façon de voir les choses, je peux aussi comprendre qu'il veuille vivre décemment, mais comment ferait-il avec 460 Euros par mois ? c'est le RMI pour une personne, même pour deux personnes quand la fille de moins de 25 ans ne touche rien pour elle, on a bien plus de mérite de faire vivre notre famille avec si peu d'argent et nous aussi, on aimerait vivre décemment. Ceci-dit, les pauvres sont souvent ceux qui se croient pauvres même avec autant d'indemnités qu'ils ne partagent plus.
Mais sur le plan officiel il a raison, il a attribué cet argent à une élue du conseil municipal, il n'aurait pas pu le faire si sa compagne n'avait pas été élue. Et la faute, c'est que la loi l'y autorise et que personne ne veut changer la loi. Il a donc le droit de le faire. Moral ou pas.
Les députés vont-ils changer la loi ?

Sylvia Mackert