L’attribution par Franck Martin de son écrêtement d’indemnités d’un montant de 1.425 euros pour cause de cumul des mandats à sa compagne adjointe au maire Ghislaine Baudet n’a pas fini de faire des vagues.
Interrogé sur le sujet par José Alcala sur son site Caméra diagonale, les réponses qu’apporte le maire de Louviers ne laissent pas d’étonner. « Si cette affaire fait du bruit, c’est parce que j’ai voulu la totale transparence sur une pratique parfaitement légale […] j’ai voulu que cela soit su, voulu, exposé devant le conseil municipal en toute transparence alors que bon nombre de personnes écrêtées dans la même situation que moi s’arrangent pour que cela ne se sache pas ». Car, que ce soit sur le fond ou sur la forme, avec son art consommé de l’escamotage, Franck Martin travestit la réalité avec un aplomb que pourrait lui envier Frédéric Lefebvre, le porte-parole de l’UMP. Il serait victime, affirme t-il, de sa volonté de totale transparence. Mais de qui se moque t-il ? Faisant porter l’écrêtement de ses indemnités sur son mandat municipal, il n’a pas d’autre choix que de se soumettre à la loi. Et de soumettre à son conseil municipal la délibération accordant le bénéfice de cet écrêtement à la (ou aux) personne(s) de son choix. Ce n’est donc pas là du tout le fait d’une volonté quelconque de transparence, mais bien le résultat d’une obligation légale à laquelle il ne peut se dérober.
D’ailleurs, cette transparence qu’il revendique haut et fort, il prend avec elle des libertés qui la réduisent au minimum par lui inévitable. C’est d’abord, nous nous répétons, cette manière d’agir en inscrivant cette délibération à la toute fin du dernier conseil municipal, à la veille des vacances, quand la vigilance des citoyens se relâche, après avoir usé de tous les artifices pour faire traîner les autres délibérations en longueur. Et en se disant qu’à la rentrée en septembre, les citoyens auront bien d’autres chats à fouetter et que tout cela sera oublié. Si les mots ont encore un sens, est-cela qu’on nomme la transparence ? Et, c’est ensuite, cerise sur le gâteau, la censure qu’il a fait appliquer à la vidéo retransmettant la dernière séance du conseil municipal, en faisant purement et simplement disparaître, la partie du débat ayant trait à cette délibération. Terrible aveu !
Au constat que lui oppose José Alcala, pas vraiment satisfait de ses réponses précédentes : « C’est quand même un moyen de contourner la loi. Puisqu’il y a une loi sur l’écrêtement, c’est précisément qu’on estimait qu’on devait plafonner les revenus », Franck Martin a l’audace, car il en faut pour nier ainsi l’évidence, de commencer sa phrase par : « Absolument pas, je connais bon nombre de députés qui emploient comme assistant parlementaire leur épouse, leur fille, un membre de la famille. » Se défausser ainsi comme il le fait en invoquant pour sa défense les turpitudes des autres, quelles qu’elles soient, est un argument irrecevable. C’est une argutie de caniveau qui autorise à faire n’importe quoi sous le prétexte que d’autres font de même, et c’est indigne de tout élu en charge de responsabilités dont la première des vertus doit être l’exemplarité.
Nous ne cesserons de le répéter, le détournement à son avantage personnel et exclusif de l’esprit de la loi, s’il n’est pas juridiquement attaquable est moralement indéfendable. Il faut vraiment qu’il soit aveuglé par le goût du pouvoir et de l’argent pour ne pas vouloir ouvrir les yeux sur la réalité.
Reynald Harlaut
Quelques extraits de l'interview :
Est-ce illégal ? Pas du Tout. Franck Martin est-il le seul à avoir fait ce choix ? Évidemment non.
Il faut aussi parler des députés et sénateurs qui emploient leurs épouses ou enfants comme attachés parlementaires. Alors viser Franck Martin, pourquoi pas, mais ce n’est pas lui qui a fait la loi de 1992.
José Alcala
3 juillet 2010
Franck Martin: « J’étais un cadre supérieur. J’ai abandonné ma carrière professionnelle et tous les risques que cela impose pour travailler au service de Louviers, au service de la CASE, au service de la Région, maintenant, de 9H00 du matin à 23H00, sept jours sur sept. Il y a une possibilité d’être rémunéré. Je pense qu’il est tout à fait normal d’être rémunéré pour pouvoir précisément garder l’indépendance financière et ne pas être obligé d’avoir des pratiques douteuses. […] j’assume totalement le fait d’être payé normalement, comme un cadre supérieur, pour un travail de cadre supérieur ».
FM : « Absolument pas, je connais bon nombre de députés qui emploient comme assistant parlementaire leur épouse, leur fille, un membre de la famille. C’est, je l’espère parce que cette épouse, cette fille, ce membre de la famille est compétent. En l’occurrence, j’espère que personne n’osera contester ni le travail, ni la compétence, ni l’engagement de celle qui recevra cette indemnité et qui je le précise, était élue et exerçait ces responsabilités bien avant que nous vivions ensemble ».
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