Ne tombons pas dans le piège qui nous est tendu. Les démissions spontanées ou commandées des sous-ministres Joyandet et Blanc sont avant tout destinées à protéger le trésorier de l'UMP, un certain Eric Woerth. On apprend d'ailleurs aujourd'hui que le procureur de la République de Nanterre souhaite enquêter sur les conditions de l'embauche de Mme Woerth au sein de la société Clymène, chargée de gérer les dividendes de Mme Bettencourt. M. Courroye est un procureur, proche de Nicolas Sarkozy, en bisbille avec l'une des présidentes du tribunal correctionnel, ancienne juge d'instruction.
Cette dernière a refusé de juger François Marie Banier, le protégé de Mme Bettencourt, tant que les bandes enregistrées par un majordome, pendant plusieurs mois, ne seraient pas authentifiées et décryptées. Elle se propose même de reprendre son métier de juge d'instruction pour assurer que le dossier serait conduit à charge et à décharge. Que M.Courroye veuille avoir la main sur l'enquête n'est pas forcément bon signe d'où l'appel interjeté contre la décision de cette juge…jugée trop indépendante et trop imprévisible. Devrons-nous descendre dans la rue pour soutenir la présidente du tribunal de Nanterre ? Que veut-on cacher ? Qui veut-on protéger ?
Quant à M. Woerth, malgré la sérénité à toute épreuve qu'il dit afficher, il met le président et le gouvernement dans l'embarras. Edwy Plenel, l'un des patrons de Médiapart, publie à dose homéopathique le contenu des bandes dont il a obtenu copie. Chaque jour qui passe apporte son lot de révélations. Elles indisposent immanquablement le pouvoir. Ce dernier ignore jusqu'où vont aller les « aveux » du proche conseiller fiscal de Mme Bettencourt. Les comptes en Suisse, l'île aux Seychelles, les voyages de Mme Woerth à Genève (un, deux, trois ?) les 30 millions d'euros remboursés au titre du bouclier fiscal…que de découvertes ! Le dossier Woerth fragilise le ministre du travail chargé de conduire la réforme des retraites et le sondage assurant que plus de 60 % des Français considèrent que les hommes politiques sont corrompus commence à faire désordre. Les vacances sont là mais les Français ont plus de temps pour lire et suivre le feuilleton en temps réel, sur ce blog par exemple. Nous ne manquerons pas de l'alimenter.
Il va donc bien falloir que Nicolas Sarkozy prenne l'affaire en main et tente de stopper la machine emballée. Comme le remaniement ministériel de l'automne tombera lors des grandes manifestations contre la réforme des retraites, le président va devoir agir plus vite et plus fort. Des têtes vont tomber. Il faut dire lesquelles et pourquoi ?
1 commentaire:
Nous sommes très probablement parvenus au tournant du quinquénat. Et pour la première, fois depuis 2007, Nicolas Sarkozy a perdu la main. Ce n'est plus lui qui dicte aux médias les sujets dont le pays doit parler. Le Gouvernement tout entier et avec lui le président de la République sont sur la défensive. Désormais, nous allons vivre dans les prochaines semaines, voire les prochains mois, au rythme des révélations que les possesseurs des enregistrements des conversations glanées chez Liliane Bettencourt vont distiller dans les médias.
D'ores et déjà, le mal est fait et ce ne seront pas les démissions des secrétaires d'État Blanc et Joyandet qui vont pouvoir longtemps servir de contrefeu. Quelle que soit la solution qu'il adopte, se débarrasser dès maintenant d'Éric Woerth où le conserver à son poste jusqu'à un prochain remaniement ministériel en octobre, aucune de ces deux solutions ne lui sera favorable, en plein milieu de la réforme des retraites. Pour ma part, j'incline à penser comme le fait Jean-Luc Mélenchon, que conserver le plus longtemps un ministre affaibli serait la meilleure chance pour l'opposition pour faire obstacle à l'aboutissement de ce projet néfaste. Si de surcroît ce gouvernement de nantis, de profiteurs et d'opportunistes de tout poil tente d'imposer une politique de rigueur, il se prépare à tout le moins des moments difficiles. "Qu'ils s'en aillent tous !" pourrait devenir le slogan des Français exaspérés et le dos au mur.
Reynald Harlaut
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