Pour tous ceux, fidèles lecteurs de ce blog qui ne sont pas encore des lecteurs assidus de Siné Hebdo – personne n’est parfait –, il me semble nécessaire de fournir quelques explications complémentaires au billet de Jean-Charles Houel afin de l’éclairer et de remettre l’information sur la nomination de Philippe Val à la direction de France-Inter, si elle se confirme, en perspective…
Cela fait quelques années déjà que Charlie-Hebdo n’est plus que l’ombre de lui-même. Se sont installés dans ses pages comme au sein même de sa rédaction, l’ennui et la morosité sous la férule de plus en plus prégnante de Philippe Val, son directeur de plus en plus bien pensant. Qui écoute régulièrement France-Inter a pu constater au fil des dernières années combien sa chronique hebdomadaire était devenue de plus en plus fielleuse envers ses contradicteurs et mielleuse envers le pouvoir. On comprend mieux pourquoi aujourd’hui. Mais, couci-couça, le journal continuait son ronron.
Jusqu’à ce jour de 2008 où l’incorrigible Siné (à quatre-vingts balais et des broutilles, on ne se refait pas, que voulez-vous) qui, grâce à son respirateur ne manque jamais d’air, eut la malencontreuse idée de s’en prendre au fils de sa Majesté. Vous avez bien lu, au fils de sa Majesté Sarko Ier. Il se fendit d’un article à propos du jugement en correctionnelle de Jean Sarkozy pour délit de fuite en scooter, dans lequel entre autres il ironisait sur une prétendue conversion du rejeton élyséen au judaïsme préalablement à son mariage avec la fille du propriétaire de l’enseigne Darty. Que n’avait-il pas écrit là ? Crime de lèse-majesté qui ruinait d’un coup tous les espoirs courtisans de son patron ! Lequel lui demanda aussitôt de s’excuser auprès du prince, ce qu’il refusa de faire, préférant déclara t-il « se couper les roubignolles ». Philippe Val, révélant alors son vrai visage, le licencia séance tenante du journal avec pertes et fracas et, pour faire bonne mesure, la LICRA lui intenta un procès pour incitation à la haine raciale. Procès qu’elle vient de perdre. Siné a été relaxé de ce chef d’inculpation.
C’est pour se venger de Philippe Val à qui il voue désormais une haine tenace que Siné a créé en quelques jours après son éviction de Charlie-Hebdo, Siné-Hebdo. Pari insensé par les temps qui courent et quand on connaît la situation de la presse écrite en France. Sur un coin de toile cirée et avec ses maigres économies, il a lancé comme un défi Siné-Hebdo, « le journal mal élevé » auquel ont aussitôt apporté leur concours de brillantes signatures comme Michel Onfray, Guy Bedos, Christophe Alévêque, Didier Porte, Frédéric Bonnaud, Isabelle Alonso, j’en passe et des meilleures. En quelques mois, non seulement Siné-Hebdo a trouvé son public, mais il taille à présent des croupières à Charlie-Hedbo qu’il devance en tirage. Et le vieux Siné, qui s’est ainsi refait une jeunesse, ne rate jamais plus une occasion de faire à Philippe Val bras et doigt d’honneur. Siné-Hebdo, c’est sa revanche, mais surtout, c’est encore avec le Canard enchaîné, un peu de cette précieuse liberté de la presse, d’une presse qui n’est pas aux ordres de MM. Bouygues, Lagardère, Dassault ou Bolloré, les amis du président. Et cela, certains ont du mal à le supporter.
Reynald Harlaut
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