Rémi Sergé, du groupe ATTAC, rappelle qu'un collectif d'associations avait programmé plusieurs films l'an dernier ayant trait à l'industrie alimentaire et plus généralement à notre comportement agricole d'occidental. La chaîne Arte diffuse, dès ce soir, « We feed the world » qui avait été l'occasion d'un débat fructueux au cinéma Forum.
Ceux qui n'ont pas vu ce film ou ceux qui souhaitent le revoir seront vivement intéressés et préoccupés. Comme le dit bien Rémi Sergé « Films dérangeants, mais la politique de l'autruche ne fait rien avancer. »
Arte : mardi, 7 avril 2009 à 20 h 45, « We feed the world » Le marché de la faim (Autriche, 2005, 90mn) Réalisateur: Erwin Wagenhofer. « Comment l'industrie alimentaire européenne surproduit une nourriture sans goût et affame le Tiers-monde. Un documentaire phare sur la mondialisation. »
Le point de départ de ce film, qui a connu un vrai succès public lors de sa sortie en salles en France en 2007, fut le désir d'Erwin Wagenhofer de remonter la filière des produits vendus sur les marchés de Vienne, sa ville. Une curiosité qui le conduit d'Autriche au Brésil en passant par la Roumanie et l'Andalousie, capitale des «légumes d'hiver», et par la Suisse où il y rencontre Jean Ziegler, alors rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, et Peter Brabeck, PDG de Nestlé.
En chemin surgissent quelques questions simples : pourquoi les tomates voyagent-elles 3 000 km pour arriver jusqu'au consommateur autrichien et pourquoi les retrouve-t-on, à un prix inférieur aux productions locales, sur les marchés de Dakar ? Pourquoi jette-t-on à Vienne 2 000 tonnes de pain encore frais par jour ? Pourquoi le blé et le maïs cultivés en Autriche sont-ils brûlés, et pourquoi gave-t-on les poulets de soja brésilien dans les élevages industriels ? Si l'on produit de quoi nourrir 12 milliards d'êtres humains, comme le dit Jean Ziegler, pourquoi 850 millions d'entre eux souffrent-ils de la faim ? Pourquoi le gouvernement roumain veut-il rendre ses agriculteurs dépendants des coûteuses semences hybrides vendues par Pioneer (multinationale dont le slogan « Nous nourrissons le monde » donne son titre au film) ?
Vague à l'âme
Le patron de Nestlé, lui aussi, s'interroge : pourquoi, dans un monde si prospère et si confortable, qui nous donne « tout ce que nous voulons », avons-nous du « vague à l'âme » ? Sa brève intervention, édifiante, clôt un voyage superbement filmé et rythmé. Mais Peter Brabeck n'incarne pas seulement le méchant de l'histoire, en donnant une voix et un visage au cynisme des multinationales. Il rappelle à sa façon au spectateur que le monde absurde qui vient de se déployer sous ses yeux est aussi conditionné par sa propre consommation. Aussi We feed the world, comme Le Cauchemar de Darwin, mais aussi Super size me et Notre pain quotidien, diffusés cette semaine par ARTE, en appellent-ils à la conscience et à la responsabilité.
A noter aussi : jeudi 9 avril 2009 à 20 h 45
Rediffusions : 11 avril 2009 à 15 h 40 « Super size me » (Etats-Unis, 2004, 98mn) réalisateur : Morgan Spurlock, auteur: Morgan Spurlock, distributeur : Diaphana Distribution
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