Le juge Burgaud a été réprimandé par le CSM (conseil supérieur de la magistrature). Sur une échelle de neuf sanctions possibles, le CSM lui a infligé la moins douloureuse. Question de corporatisme ou question de complicité ? Quand on apprend qu'un des membres du CSM n'était autre qu'un magistrat de la Cour d'appel de Douai qui avait refusé la remise en liberté provisoire d'un des acusés de l'affaire dite d'Outreau, il est peut-être plus simple d'expliquer ce verdict que M. Burgaud juge «méprisable» mais que nous sommes nombreux à trouver très indulgent ou pour le moins déconnecté.
Rappelons que des familles entières ont été vilipendées, montrées du doigt, que certains de leurs membres ont passé des mois en détention provisoire, que des avocats de la défense ont été ignorés, certains de leurs courriers ne recevant pas de réponse, qu'un des mis en examen s'est suicidé. Le juge d'instruction Bourgaud (pas seul d'ailleurs) n'en a fait qu'à sa tête instruisant à charge sans instruire à décharge.
Le juge Burgaud peut faire appel de cette décision. Qu'il le fasse. C'est le privilège de notre droit de permettre aux personnes condamnées de souhaiter remettre en cause un verdict. Mais le mal est fait. Du début de l'affaire jusqu'à cette réprimande du CSM, rien n'a fonctionné comme les textes le prévoyaient. Elisabeth Guigou, ancien garde des Sceaux interpelle Rachida Dati, actuel ministre de la Justice, pour qu'elle réponde sur la présence de l'ancien magistrat de Douai au sein du CSM. Le président de la Cour de Cassation a convoqué le juge en question. Que vaut cette «réprimande» si elle sert à minimiser les actes commis au mépris du droit et des libertés individuelles ?
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