La prestation de Nicolas Sarkozy sur les chaînes de télé les plus regardées (TF1, France 2 et M6) et la chaîne de radio la plus écoutée (RTL) ne fera pas date dans l'histoire de la télévision. Non pas que le comédien ne soit pas bon, c'est son texte qui fait répétition dans tous les sens du mot. Voilà des semaines que lui et les siens nous assènent des : « on ne change pas de cap, on maintient les réformes au rythme initial » comme si la manifestation du 29 janvier dernier n'avait pas existé. Nicolas Sarkozy a raison : « quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit. » Personne étant lui-même.
Un sondage effectué hier pour «Le Parisien» révèle que 52 % des personnes interrogées ne l'ont pas trouvé convaincant (avec 15 millions de téléspectateurs cela fait 7,8 millions de Français non convaincus) 36% l'ont trouvé convaincant alors que 12% ne se sont pas prononcés. La politique de Nicolas Sarkozy est jugée «pas cohérente» par 51% des personnes interrogées, «pas juste » par 56% et «pas efficace» par 59%.
Autrement dit, la prestation télévisée du président n'a pas rassuré les Français sur les moyens et les propositions mis en œuvre pour lutter contre la crise. Parmi les commentateurs, il n'y a guère que les partisans fanatiques pour se satisfaire des propositions de sa majesté. La presse, en majorité, et la Gauche, syndicale et politique, sont extrêmement sévères avec Nicolas Sarkozy. Le thème récurrent est le suivant : il ne mesure pas bien les effets de la crise sur les Français. Le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, engagement réaffirmé jeudi par le président de la République, est une mauvaise chose pour 57% des personnes interrogées, contre 34%. C'est dire l'attachement de nos concitoyens aux services publics et aux fonctionnaires qui les font tourner. Qu'ils soient 57 % à être d'accord avec la suppression de la taxe professionnelle n'est pas étonnant puisque seules les entreprises la paient. Cette TP est indolore pour les ménages mais c'est une recette estimée à 26 milliards d'euros par les responsables des collectivités locales qui se demandent comment le gouvernement va remplacer cet outil fiscal de manière durable. Et sans même leur avoir demander leur avis. Eric Woerth, ministre du budget, a même dû quitter le plateau de l'Elysée lors de l'annonce présidentielle, pour aller en coulisses tenter de calculer les conséquences chiffrées de cette surprise du chef.
Benoit Hamon et Manuel Valls ont bien résumé l'objectif du président : gagner du temps, jouer la montre. Rendez-vous avec les syndicats le 18 février : « ensuite on aura trois ou six mois » pour aller vers les décisions. C'est ce qu'on appelle reculer pour mieux sauter.
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