Petite pièce pour chœur sans orchestre, sans salle, sans chemises et sans partitions…
Lorsque fut créée la chorale d’adultes de l’École municipale de musique Maurice Duruflé de Louviers, il y aura dix ans en 2009, la cotisation annuelle fut alors fixée par la municipalité à 100,00 F par participant. En 2001, avec le passage à l’Euro, elle fut donc de 15,24 €. Elle demeura à ce montant jusqu’en 2006.
À la rentrée 2007, nous apprîmes qu’elle passait, sans qu’aucune explication ne nous soit fournie et sans que rien ne soit modifié dans la généreuse dotation en moyens ou en équipements de travail mis à disposition, à la somme de 30 €. 96% d’augmentation d’un coup ! Très belle performance inflationniste qui nous laissa tous pantois. Certes, il pouvait paraître anormal que, comme tous les prix, elle n’ait pas subi chaque année un petit réajustement, mais de là à faire un tel bond ! Il semblait que pendant tout ce temps, on eut oublié notre existence...
De toutes les pratiques musicales, le chant choral est probablement la moins onéreuse, la plus rentable pour adopter le langage d’aujourd’hui. Un professeur, chef de chœur, pour 40 ou 50 élèves, cela est évidemment sans commune mesure avec la pratique d’un instrument comme le piano. Résumons : investissement en matériel : un petit clavinova qui durera autant d’années que tiendra le ruban adhésif qui le pansait de tous côtés afin qu’il ne s’éparpille pas en menus morceaux… Paix à son âme ! Lieu d’exercice : d’abord squatt de l’auditorium de la médiathèque Boris Vian, puis installation dans celui de l’ancienne école maternelle Édouard Herriot. Non, je plaisante, l’ancien dortoir des petits : ravissant espace avec, au sol, petit carrelage années 50 en grès cérame 10x10 porphyré très branché et sur les murs, charmant papier-peint vichy bleu et blanc. Bon, d’accord, il partait çà et là en lambeaux, mais…on avait tout de même de l’électricité et du chauffage. De quoi se plaignent-ils ?
Pour s’asseoir – car les chanteurs ont, de nos jours, des exigences –, les vieilles chaises quinquagénaires de l’ancienne salle des fêtes étaient toutes désignées, marquées des lettres SdF – ça ne s’invente pas –, le luxe, quoi ! Enfin comme sanitaires – car il leur faut même des commodités –, l’abondance : des cuvettes de WC alignées en rangées pour les petits de trois ans… Génial, non ? On n’en manquait pas : il y en avait environ une pour deux choristes et autant de lavabos. On ne savait plus qui remercier.
C’était vraiment trop beau. Dès l’avant-dernière rentrée, la municipalité investit à crédit dans un chausse-pied afin que nous puissions tenir à 50 plus le piano demi-queue qui y est à demeure dans une salle de classe prévue à l’origine pour 25 enfants et sans piano. Économies d’énergie garanties. Plus besoin d’ouvrir les radiateurs. Et tant pis si les cantatrices ont des vapeurs…
Nul doute que si nous n’avions pas ce merveilleux chef de chœur qu’est Lydia Morvan-Vincent dont chacun s’accorde à souligner la compétence, le dynamisme, la gentillesse, le sourire indéfectible, la bonne humeur communicative, beaucoup des choristes, en dépit de la solide amitié qui nous unit, eussent probablement été voir ailleurs depuis longtemps déjà.
Les temps sont durs, c’est la crise nous répète-t-on. Et depuis quelques mois, les nuages semblent s’amonceler sur les finances locales. Nous en avons à présent la preuve. Nous venons d’apprendre que la cotisation annuelle passe en 2008 de 30 € à 40 € – Ouf ! Seulement 33% d’augmentation –, en attendant sans doute 50 € dès l’an prochain. Les chausse-pieds sont devenus hors de prix, les premières traites arrivent, et Denis Lahaye, notre adjoint à la culture, ne nous oublie pas… Il rêve à présent d’investir dans un peigne à poux pour racler les fonds de tiroirs. Encore un petit effort M. Lahaye et le chant choral deviendra bientôt une activité élitiste.
Par bonheur, car nous sommes résolument optimistes, nous ne doutons pas un seul instant que chaque Euro ainsi laborieusement récupéré va pouvoir grandement aider le Maire à payer les travaux de notre future nouvelle école de musique. On pourrait peut-être même créer une association et donner gratuitement des concerts payants pour recueillir des fonds à cet effet. Il paraît que c’est à la mode.
Reynald Harlaut
1 commentaire:
Un grand merci à Bernard Amsalem à qui je suis très reconnaissant d'en avoir ce matin trouvé le titre.
Reynald Harlaut
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