Ainsi, Sarkozy ment. Alors qu'il affirme sur RTL que la durée légale du temps de travail demeure 35 heures, Xavier Bertrand, son ministre du travail, détricote les lois Aubry (il ne restait plus que les manches du pull-over) pour affirmer que, bientôt, la durée du travail des salariés serait négociée par branche ou mieux (pour lui) par entreprise. Le capital temps sera calculé en jours, en mois, à l'année. La CGT et la CFDT font les gros yeux et assurent qu'elles ont été trompées. Thibault et Chérèque se sont fait abuser. Est-ce si étonnant que cela ?
Les 35 heures ont été une mesure emblématique du gouvernement Jospin. C'était un signal fort adressé aux salariés mais aussi aux patrons pour que l'organisation du travail soit rationalisée de telle sorte que le volume d'heures « gagnées » puisse être offert à des chômeurs, des jeunes sans emploi ou des seniors désirant poursuivre leur carrière professionnelle. C'était aussi un symbole démontrant que le temps libéré pouvait être consacré à sa famille, sa maison, ses amis, ses passions, ses hobbies. Une manière de réorganiser sa vie professionnelle et familiale.
Les lois Aubry, comme leur nom l'indique, étaient des lois donc un texte qui s'imposait et n'alla pas sans poser des problèmes à l'hôpital, par exemple, ou dans les entreprises petites et moyennes. D'ailleurs, une flexibilité adaptée à ces entreprises fut sauvegardée. Le principe des lois Aubry était que l'Etat compensait (avec quelques milliards d'euros) certaines charges et que la productivité devait augmenter en plus des créations d'emplois. Grosso modo, les entreprises ne devaient pas être perdantes, les salariés non plus.
Mais le défaut majeur des 35 heures est qu'elles ont abouti à un blocage des salaires. Pendant plusieurs années, les patrons ont pris le prétexte des 35 heures (payées 39 comme on disait) pour ne pas procéder aux augmentations que l'inflation et un meilleur rendement justifiaient. Ségolène Royal ne disait pas autre chose quand elle assurait que les 35 heures étaient une bonne loi mais que tout n'était pas positif…notamment par manque de souplesse.
Demain, avec Sarkozy-Bertrand il n'y aura ni souplesse ni flexibilité. Il y aura un paquet d'heures annuel payé sur la base définie dans les branches ou les entreprises qui déclenchera les heures supplémentaires payées à combien ? 10 % pour combien d'heures, 130, 160, 180 ? Mais la base acceptée pourra être supérieure à 35 heures. On fera comme on l'entend. C'est la fin d'un grand espoir contre lequel la droite et le patronat (Parisot Triomphe au MEDEF) luttent depuis des années.
Le Parti socialiste doit réagir. Fortement. Il ne doit pas avoir honte d'une loi qui, affirment certains, a coûté la victoire à la Gauche aux présidentielles. Les 35 heures ont servi de base idéologique à Sarkozy pour assurer que la Gauche est contre le travail, contre l'effort, contre le mérite, contre l'entreprise, pour les chômeurs, ces « fainéants » qui ne cherchent pas d'emploi. Si la droite occupe majoritairement le terrain idéologique, c'est parce que les forces de gauche ont manqué de conviction pour défendre leurs valeurs et les catégories sociales les moins privilégiées. On doit en tirer la leçon pour dès ce soir, lors du vote en section sur la nouvelle déclaration de principes du Parti socialiste, adresser un message aux dirigeants du PS pour qu'ils n'écoutent pas les sirènes centristes. Qui chantent aussi contre les 35 heures. Enfin n'oublions jamais que parfois « c'est la loi qui libère et la liberté qui opprime. » Quant au libéralisme…
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