20 septembre 2010

« Ce cochon de Morin » d'après Guy de Maupassant

« Ça, mon ami, dis-je à Guy Auzoux, tu viens encore de prononcer ces quatre mots, “ ce cochon de Morin ”. Pourquoi, diable, n’ai-je jamais entendu parler de Morin sans qu’on le traitât de “ cochon ”? »

Guy Auzoux, conseiller régional sortant, me regarda avec des yeux de chat-huant. « Comment, tu ne sais pas l’histoire de Morin et tu es de Pont-Audemer ? »
J’avouais que je ne connaissais pas l’histoire de Morin. Alors Auzoux se frotta les mains et commença son récit…

- « Tu as connu Morin, n’est-ce pas, et tu te rappelles son grand magasin de mercerie de la rue de la République ?

- Oui, parfaitement.

- Eh bien, sache qu’en 2006, las de vendre du ruban à faire des légions d’honneur et des boutons de culotte en corne, il décida de monter à Paris. Mais auparavant, et pour leur dire adieu, il réunit ses amis, un jour de marché à Épaignes, à l’auberge du Beau Carré. Plus jeune, déjà, il avait été tenté par le démon de la politique. Il s’était mis à fréquenter assidûment les réunions publiques. Dans les comices agricoles, il avait eu l’occasion d’observer à l’œuvre le représentant que la vieille aristocratie rurale s’était donnée. Et pas n’importe lequel : un prince, issu de l’illustre famille Poniatowski, parente d’un roi de Pologne, et qui comptait dans ses ancêtres nombre de maréchaux d’Empire, de ministres et de diplomates. Lui, le petit bourgeois, mesurait alors en l’écoutant la distance qui le séparait de sa condition de roturier. À force de ronds de jambe, de coups d’épaules pour se propulser au premier rang de l’assistance et se pousser du col, il parvint toutefois à se faire remarquer de l’élu de la nation qui finit par le prendre en sympathie. C’est ainsi qu’il put, grâce à cet appui opportun, faire ses premières armes en politique et conquérir sans coup férir la mairie d’Épaignes, modeste bourg des tréfonds de l’Eure. En normand avisé qu’il est, il avait très tôt compris que pour réussir dans la carrière, rien ne vaut mieux que de défendre les idées partagées par tous. Il admirait alors secrètement un certain François Bayrou dont il lui semblait que le destin national auquel aspirait ce béarnais pourrait un jour l’aider à sortir de sa modeste condition d’élu local. Car il ne manquait pas d’ambition. Cependant, pour exister, il lui fallait aussi se faire remarquer. Longtemps, il chercha dans sa tête l’idée qui lui permettrait de se distinguer, et de briller. Une idée lumineuse qui lui vaudrait les honneurs de la presse et l’empressement des journalistes autour de sa personne. Le jour même où il la trouva, sa décision fut prise.

- « Mais », demandais-je à Auzoux, « quelle était donc cette fameuse idée ? »

- Il en réserva la primeur à ses amis, qu’il réunit disais-je, pour déjeuner à l’auberge du Beau Carré. C’était en novembre, le 26 novembre 2006 exactement. Entre la poire et le fromage, alors que les visages commençaient à s’empourprer et les yeux à briller, Morin se leva, et, comme on le fait d’ordinaire avec la clochette à la messe, fit tinter son verre en le frappant de son couteau pour obtenir le silence. L’instant d’après, il leur annonçait sans précautions oratoires qu’il allait réunifier la Normandie. Et pour donner à sa déclaration tout le lustre qu’elle méritait, il les invita à se lever et à en prendre avec lui l’engagement. Le serment d’Épaignes était sur les fonts baptismaux et la date en resterait gravée à jamais dans l’histoire de la Normandie, à l’égal de celle du traité de Saint-Clair-sur-Epte. S’ensuivit le bruit des verres s’entrechoquant que levèrent à l’unisson les conjurés afin de célébrer dignement l’évènement.

Auzoux repris alors sa respiration. J’en profitais.

- Et qui étaient ces conjurés ? Donne-moi au moins quelques noms !

- « Oh ! », me fit-il, « des députés, des sénateurs du cru sans grande importance, tous notables provinciaux blanchis sous le harnais, propriétaires, férus d’histoire locale, nostalgiques de la Normandie de leurs aïeux que l’idée audacieuse de Morin séduit d’emblée. Un seul d’entre eux paraissait différent, de par son âge et sa tenue quelque peu négligée. Singulièrement, au milieu de ces costumes cravates bien coupés, il portait une veste froissée, comme s’il avait dormi avec, et un pantalon de toile dépareillé. Il se disait alors centriste, ou bien peut-être même Radical de Gauche, ce qui ne manqua pas au début d’éveiller les soupçons des autres convives, presque tous anciens Républicains indépendants bon teint. Il dut sans doute pour cela leur donner quelques gages de son allégeance à la cause. On s’aperçut très vite que l’homme, habile manœuvrier, était beaucoup moins radical qu’il ne s’affichait et encore moins à gauche qu’il n’y pouvait paraître au premier coup d’œil ».

- Ne me dis pas qu’il s’agissait de Martin ?

- Martin ! Si, bien sûr, c’était lui…, Martin, Franck Martin. Celui de Louviers. Certains, à son sujet, aimaient à répéter cette vieille plaisanterie en vogue sous la IIIème République à propos des Radicaux : qu’il était comme un radis, rose à l’extérieur et blanc à l’intérieur.

- Et que se passa t-il ensuite ?

- Ils jurèrent de se revoir bientôt et se séparèrent.

- Mais de Morin alors, qu’advint-il ? Qu’entreprit-il après qu’il fut arrivé dans la capitale ?

- Morin à Paris, on fut sans nouvelles de lui pendant quelque temps. Loin de la Normandie, loin du cœur, on eut assez vite le sentiment que la vie parisienne, ses plaisirs et ses nouvelles rencontres lui avaient quelque peu fait perdre de vue le fameux serment. La première fois qu’il se présenta dans un pince-fesses comme maire d’Épaignes, il eut l’impression qu’on le regardait avec…, dirons-nous, …une certaine curiosité. Bien évidemment, personne à Paris n’avait entendu parler d’Épaignes ; tous ignoraient où diable ça pouvait se nicher, et de surcroît, ils s’en moquaient bien. « Maire d’Épaignes, maire des Peignes…, des peignes quoi ? » se hasardèrent à lui demander les plus audacieux avec un sourire entendu. Il se lançait alors dans des explications qui rapidement lassaient ses auditeurs. Maire d’Épaignes, cela posait son homme dans l’arrondissement de Pont-Audemer, mais à Paris, il allait lui falloir rapidement trouver autre chose pour briller.

- Dis-moi, à cette époque, la campagne pour l’élection présidentielle de 2007 avait déjà commencé, n’est-ce pas ?

- Oui, et c’est ainsi qu’on ne tarda pas à apprendre que Morin participait activement à la campagne du Béarnais. Centriste droitier comme lui, il parvint avec application et méthode à se rendre indispensable et devint rapidement l’un de ses principaux lieutenants. Notre Morin, faut-il le préciser, se voyait déjà ministre. De quoi, il ne savait pas trop. Il hésitait encore sur le choix du portefeuille. Habitué à tenir les comptes de sa boutique, il se serait bien vu aux Finances, ou à la rigueur, et puisqu’il s’occupait aussi du jumelage, aux Affaires étrangères. Cependant, les semaines passaient et le Béarnais, ombrageux, ne décollait pas dans les sondages. Il avait beau se démener et se faire photographier dans sa ferme et sur ses terres conduisant son tracteur, rien n’y faisait. Et pendant ce temps là, son principal concurrent, Nicolas Sarkozy, labourait largement ses plates-bandes.

- Je m’en souviens parfaitement. Plus le Béarnais disait du mal de lui, et plus il perdait du terrain.

- Notre homme s’en inquiétait qui voyait de jour en jour s’assombrir son horizon. Comment, se demandait-il, sortir de cette impasse dans laquelle il s’était fourvoyé ?

- N’était-il pas déjà trop tard pour tourner casaque et laisser le Béarnais à ses chevaux ?

- Là, je dois t’avouer qu’il fit usage du don qu’il a de sentir d’où vient le vent avant que celui-ci ne commence à souffler. En quelques jours, avec l’aide de complices dont un certain Leroy, Morin créa un parti qui, comme une lessive, fut séance tenante baptisé du nom indémodable de « Nouveau Centre ». Sitôt fait, il déserta le camp du Béarnais et se rallia avec armes et bagages à Sarkozy, lequel n’attendait que cela pour achever son adversaire.

- Tout de même, Sarkozy, n’était-ce pas autre chose ? Il n’avait vraiment rien d’un centriste.

- Naïf que tu es ! En politique, la plupart du temps, la fin justifie les moyens. À Louviers, Martin n’a jamais dit autre chose pour justifier ses coups tordus. Et les hommes autant que les femmes ont la mémoire courte. Tout cela s’oublie rapidement.

- Tout de même, c’est une trahison !

- « Tu emploies les grands mots ! » s’exclama Auzoux. Puis il me glissa à l’oreille « Tu sais, un portefeuille de ministre de la Défense, cela vaut bien quelques petits sacrifices. On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs. De maire d’Épaignes à se retrouver ministre de la Défense, observe le chemin parcouru ! Désormais, quand il revient là-bas dans son fief, on vient le toucher comme s’il avait le pouvoir de guérir les écrouelles ou d’accomplir des miracles. Bon, en réalité, il ne dirige rien car c’est l’autre, à l’Élysée qui commande tout. Mais tout de même, il porte le titre. À Épaignes, c’est ce qui compte ».

- Mais ne crois-tu pas, même s’il présente bien, qu’on va finir par s’apercevoir un jour qu’il ne sert à rien ?

- Bien sûr, cela eut fini par se savoir, mais l’histoire ne s’arrête pas là. Car depuis, le vent a de nouveau tourné. C’est pourquoi à présent, il prend ses distances avec le président de la République qu’il se permet de critiquer ouvertement. Tu verras, au prochain remaniement, il quittera le Gouvernement. Il a déjà compris qu’il allait devoir trouver un nouvel allié pour la suite. Il prend date. Il se vendra le moment venu au plus offrant ».

- « Ah, le cochon ! » m’exclamais-je.

- Auzoux me regarda alors droit dans les yeux et me fit part de son dépit : « Tu ne crois si bien dire. Moi, il m’a éjecté du conseil régional où je siégeais depuis six ans, au bénéfice d’un de ses nouveaux amis, en me refusant l’investiture de son Nouveau Centre aux dernières élections. Et pourtant, je n’avais pas été regardant pour donner à son ancien parti les moyens d’exister. Si tu vois ce que je veux dire. Tu comprends à présent pourquoi il est ainsi affublé de ce qualificatif ».

- Je comprends. Mais c’est pourtant lui qui t’a saigné.

- « Heureusement pour moi », ajouta-il, « j’ai pu me recaser au conseil général, en battant Martin aux dernières cantonales. Tu sais, cela n’a pas été trop difficile. Il n’avait rien fait pendant six ans, vivant sur la bête en se contentant d’encaisser les indemnités. Cela aussi commence à s’ébruiter ».

- C’en est vraiment un autre que celui-là ! Si tu savais…

- « Écoute ! », conclut Auzoux, « C’est à charge de revanche. Maintenant, je dois partir, mais la prochaine fois, ce sera toi qui me raconteras l’histoire de ce cochon de Martin. Tu m’as l’air d’en connaître long sur son compte ! »


Reynald Harlaut d’après Guy de Maupassant
Libre adaptation de la nouvelle « Ce cochon de Morin ».
Extraite des Contes et Nouvelles, Tome I.

19 septembre 2010

Le pape travaille un peu trop de la tiare

En visite officielle au Royaume-Uni, Benoît XVI a fait à Édimbourg, dans son discours de remerciements à la reine Élizabeth venue l’accueillir, une de ces sorties insensées dont il a le secret :

« De notre vivant, nous pouvons nous souvenir de la manière dont la Grande-Bretagne et ses dirigeants se sont dressés contre la tyrannie nazie qui voulait éradiquer dieu de la société et nier toute humanité à certains, en particulier les juifs, qui étaient jugés indignes de vivre. Tandis que nous méditons sur les leçons de l'athéisme extrême du XXe siècle, n'oublions jamais comment l'exclusion de dieu, de la religion, et de la vertu de la vie publique conduit finalement à une vision déformée de l'homme et de la société, et donc à une vision réductrice de l'individu et de son destin ».

En clair, l’athéisme conduit au nazisme. Ce lamentable amalgame, va sans aucun doute rendre jaloux notre chanoine d’honneur de Latran, lui qui disait en 2007 que « l’instituteur ne remplacerait jamais le curé ». Il y a là de quoi faire bondir les tenants de la laïcité à la française que nous sommes. C’est comme si on disait qu’à force de s’habiller en filles avec des robes, les curés en viennent naturellement à s’intéresser aux garçons. J’ai hâte de lire ce que va en dire notre vieil ami Siné sur son blog mercredi prochain.

Dans le même temps, ce raccourci pervers présente pour lui un avantage indubitable. Car il laisse à penser que lui, l’ancien membre des jeunesses hitlériennes, n’a été sauvé de l’infamie que parce qu’en dépit de tout il avait conservé sa foi. Diablement malin le Ratzinger ! Sacré Joseph, va !

En vérité je vous le dis, notre monde va de Charybde en Scylla. Rendez vous compte, ses fins de mois sont si difficiles qu’il est obligé de faire payer les places à ses messes, comme n’importe quel chanteur de variétés à ses concerts. Ah ! S’il pouvait revenir, le bon vieux temps des indulgences, tout serait tellement plus facile !

Reynald Harlaut
Source : Rue89

18 septembre 2010

Leslie Cléret sera la patronne, la vraie !

La campagne électorale cantonale n'est pas encore ouverte. Mais les braconniers s'en donnent à cœur joie. Pour combler un déficit de notoriété forcément préjudiciable, le candidat radical de Gauche (j'adore l'euphémisme car le PRG est très peu souvent radical et encore plus rarement de gauche) se lance à corps perdu dans la conquête de l'électorat du canton nord de Louviers. Vous allez voir ce que vous allez voir ! D'ici le mois de mars 2011, gageons que les boites aux lettres vont être bien pleines et que les blogs cantonaux, municipaux, Caseaux (de CASE) vont tourner à plein régime. Attention à la surchauffe !

Pendant ce temps, son mentor-menteur se livre à une autre campagne, une campagne de désinformation et d'intoxication. Il vient d'écrire une histoire qu'un enfant de cinq ans prendrait pour une pure fable. Selon Franck Martin et son compère José Alcala, duettistes d'un jour, Leslie Cléret ne serait plus candidate à sa succession. Elle aurait peur du suffrage ! On a déjà raconté n'importe quoi mais là c'est le bouquet. Evidemment, Leslie Cléret annoncera en son temps sa candidature. Ce que ces messieurs «bienveillants» ont oublié, c'est que le Parti socialiste a des règles que même les sortant(e)s doivent respecter. Leslie Cléret, entre autres qualités, est respectueuse de ces règles et c'est tout à son honneur. Elle rendra publique très bientôt sa candidature et le style devrait en étonner plus d'un !

Autre calembredaine : les durs de la section socialiste de Louviers seraient hostiles à un désistement de Leslie Cléret au cas — on n'ose y penser — où la conseillère générale sortante ne serait pas en tête de la gauche dès le premier tour ! Mais où donc Martin et Alcala sont-ils allés chercher cela ! La section se réunit très bientôt pour discuter des cantonales et pour étudier la ou les candidatures dans le canton nord. Comment pourrait-on évoquer le second tour alors que le premier est encore en pointillé ? Ce que je sais, pour en avoir discuté hier avec un conseiller général (non PS) mais de gauche, c'est que la campagne précoce de Martin débute mal. « Leslie, m'a-t-il assuré, est quelqu'un qui travaille dur. Elle est honnête et sincère. Je lui apporterai mon soutien, publiquement, dès le premier tour. S'il continue comme ça, Martin va se retrouver tout seul dans sa mairie.»

Amis lecteurs, prenez garde. Ne tombez pas dans les pièges qu'on vous tend. Martin et son poulain se sont répartis les tâches, l'un est le méchant, l'autre le gentil. L'un tape fort quand l'autre arrondit les angles. C'est ce qu'on appelle de la propagande. Attendez le vrai lancement de la campagne. Vous verrez, Leslie sera la patronne, la vraie !

17 septembre 2010

Viviane Reding n’a pas insulté la France. Elle n’a dit que la vérité.


… « J’ai été personnellement choquée par des circonstances qui donnent l’impression que des personnes sont renvoyées d’un État membre uniquement parce qu’elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l’Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la Seconde Guerre mondiale ».

Contrairement à ce que voudraient nous faire croire Nicolas Sarkozy et ses aboyeurs Copé et consorts, cette dernière phrase n’est pas une insulte. Elle n’est que la constatation d’une réalité. Cette triste réalité du nouveau visage qu’offre aujourd’hui la France à la communauté internationale. Oui, comme le souligne Viviane Reding, commissaire européenne à la Justice, aux Droits fondamentaux et à la Citoyenneté, depuis la Seconde Guerre mondiale, aucun des pays constitutifs de la Communauté européenne d’abord, de l’Union européenne ensuite, n’avait chassé collectivement des personnes en raison de leur appartenance à une communauté ethnique.

Et son courroux à l’égard de la France est parfaitement justifié. Car d’une part, la circulaire administrative produite par le ministre Hortefeux et que son collègue Besson connaissait, contrairement à ce qu’il affirme, violait les Droits fondamentaux inscrits dans le traité fondateur de l’Europe communautaire. D’autre part les émissaires français Besson et Lellouche envoyés à Bruxelles lui ont effrontément menti en lui affirmant que la France respectait strictement ses engagements, qu’elle ne visait aucun groupe ethnique et qu’aucune disposition n’avait été prise qui contredise les traités européens. Ce qui était totalement faux. La suite l’a montré.

Du reste, et si l’on relit bien les propos rectificatifs qu’a tenu la commissaire Viviane Reding, elle ne présente, comme Nicolas Sarkozy et son gouvernement font semblant de le croire, aucune excuse, mais « regrette les interprétations qui détournent l’attention du problème qu’il faut maintenant résoudre ». Mensonge donc une fois de plus.

La communauté internationale ne s’y trompe pas qui dénonce à l’unisson le comportement de la France : l’ONU, d’abord, mais aussi les États-Unis, le pape, etc. Il suffit d’ouvrir le magazine Courrier International pour comprendre comment sont désormais perçus la France et son président à l’étranger. Consolons-nous ! Nous avons le soutien de Silvio Berlusconi. Que demander de plus ?

Reynald Harlaut

16 septembre 2010

Berlusconi soutient Sarkozy, c'est dire !

« Ses idées sont dangereuses car elles ne parient pas sur la raison mais sur la peur. Pour flatter un électorat qui lui tourne le dos, Sarkozy a choisi d'effacer son image d'homme de droite moderne, républicain, constitutionnel et européen. Il déçoit ainsi ses soutiens dans le reste de l'Europe et principalement en Italie où on le considérait comme le représentant d'une droite convenable et à l'opposé de la droite péninsulaire. Et le pire c'est qu'il entraîne dans sa chute l'image de la France elle-même, la France terre d'asile et berceau des droits de l'homme…
…c'est triste à dire mais Silvio Berlusconi et son homologue français ont désormais en commun, au-delà des ressemblances de façade — le goût de l'image et des fréquentations féminines, le non conformisme — un populisme revendiqué teinté de racisme. » Ces propos sont de Ezio Mauro, directeur du journal italien « La Républica ».

Ulrich Fichtner du journal allemand Der Spiegel ajoute : « on attend cela de la part d'un Poutine ou d'un Berlusconi, mais d'un président français, Jamais ! »
C'est peu dire que l'attitude du gouvernement français vis à vis des Roms continue de susciter une vague de protestations et d'indignation en Europe. Fillon, Hier, et Sarkozy, aujourd'hui, vont pouvoir sortir le grand jeu de l'apaisement et du passage d'éponge…le mal est fait et pour longtemps.

Dans un commentaire publié sur le site du Monde, hier, j'ai souligné qu'un homme d'Etat digne de ce nom n'oserait jamais prononcer une phrase telle que celle-là : « Mme Reding est luxembourgeoise, pourquoi ne pas demander au Luxembourg d'accueillir les Roms sur son territoire ? » Ça me rappelle furieusement les paroles de ce maire qui proposait aux particuliers de prendre les gens du voyage sur un terrain privé leur appartenant ! Quand on en arrive à ce niveau de bassesse et d'indignité, il vaut mieux passer la main.

15 septembre 2010

Coup de force à l'Assemblée nationale

Les députés socialistes ont très peu dormi au cours de la nuit écoulée. François Loncle, député de Louviers ne s'est reposé que pendant deux petites heures, le temps de reprendre des forces pour affronter à nouveau une majorité UMP encadrée par l'Elysée et nettement favorisée par le président Accoyer.

Pris d'assaut par les députés PS, PC, Verts, qui demandaient une explication de vote de cinq minutes chacun comme le permet le nouveau règlement de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer a levé la séance s'attirant une bronca énorme de la part de l'opposition. La gauche sait qu'elle a la majorité des Français derrière elle dans cette bataille contre la retraite à 62 ans. Elle sait aussi que le président de la République veille au grain et veut éviter toutes les embrouilles avec Woerth à la manœuvre. Celui-ci ne s'est pas grandi en traitant une députée PS de « collabo ». Nous lui accordons donc 10 points godwinn !

Le climat général n'est pas bon pour le gouvernement. En qualifiant l'attitude de Bernard Accoyer de « forfaiture » pour n'avoir pas respecté la Constitution et le règlement de l'Assemblée nationale, les députés PS vont loin et prennent leurs marques pour retarder l'adoption en première lecture de la réforme de l'âge de la retraite et pour les débats futurs notamment celui sur la réforme territoriale. Il faut enfoncer le clou et l'enfoncer le plus profondément possible.

Quant à François Loncle, il n'oublie pas qu'il est un des quinze députés encore en fonction à l'Assemblée nationale et qui, en 1982, a voté pour ramener l'âge de la retraite à 60 ans. Ces cinq minutes devaient être consacrées à cette grande conquête sociale battue en brèche par la droite et quelques économistes plus libéraux que sociaux. Cinq minutes n'auraient pas été de trop pour rafraîchir la mémoire de ceux qui l'ont courte.

14 septembre 2010

Radio Sarkozy ment…

Que de gêne, que d'embarras, que d'ennuis, que de mensonges…Le président de la République et le gouvernement doivent faire face à un flot dévastateur. Un vrai Ouragan qu'on pourrait nommer « woerth-Bettencourt-Le Monde » chacun pour des raisons différentes. Woerth, pour ses conflits d'intérêts de plus en plus probables, Bettencourt, pour un financement illégal de partis politiques et une fraude fiscale en Suisse, Le Monde enfin, parce qu'un de ses journalistes a été espionné afin de découvrir l'une de ses sources éventuelles. Au mépris de la loi !

Et voilà que la Commission européenne s'y met aussi ! Après le parlement de Strasbourg, Viviane Reding, commissaire aux droits de l'homme, a évoqué « la honte » suscitée par les expulsions de Roms directement visés par une circulaire du ministère de l'Intérieur. La France a commis une infraction dont elle devra répondre.

Et voilà que la Cour d'appel de Versailles autorise le Juge Prévost-Desprez à poursuivre ses investigations dans l'affaire d'abus de faiblesse Banier-Bettencourt-Meyers. Le procureur Courroy va être contraint de communiquer certains éléments de son enquête préliminaire qui échappait à tout autre regard que ceux du parquet et du ministre de la Justice.

Et voilà qu'un responsable de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) affirme que jamais ce service n'a été consulté ni contacté pour autoriser les opérateurs téléphoniques à livrer à la police du renseignement des fiches de communications téléphoniques mettant en cause un magistrat et un journaliste…contrairement aux affirmations de M. Péchenard, un policier proche de Nicolas Sarkozy.

Dominique de Villepin a raison. C'est la panique, c'est la pagaille au sommet de l'Etat. On trompe les élus, on ment aux citoyens et aux journalistes. Quel est la légitimité de ce pouvoir finissant ?

« Water makes money » ou comment les multinationales transforment l’eau en argent…

Financé par des contributions privées et soutenu par le mouvement Attac, « Water makes money », le film documentaire de deux réalisateurs allemands indépendants Leslie Franke et Hermann Lorenz a pour objet d’analyser et de comprendre les stratégies mises en place par les sociétés multinationales pour aboutir à la privatisation croissante de l’eau, bien commun de l’humanité à l’égal de l’air que nous respirons. Parallèlement, le film fait découvrir le travail des collectivités résistantes qui œuvrent, soit pour conserver leur eau en régie publique, soit pour se la réapproprier lorsqu’elle a fait l’objet de délégations de service public à ces sociétés.

Il apparaît en effet que partout où ce service a été délégué à ces multinationales, les collectivités ont perdu le contrôle des opérateurs privés, que le prix de vente de l’eau aux usagers n’a cessé d’augmenter et que le service rendu s’est progressivement dégradé. La nécessité pour ces sociétés de réaliser les profits toujours plus importants que réclament leurs actionnaires les conduit en effet à négliger l’entretien des réseaux, à ne pas se préoccuper de leur performance et en aucun cas ne prend en compte l’économie et la protection de la ressource.

Sur le territoire de l’Agglomération Seine-Eure (la CASE), la question du retour des services en régie publique revêt une acuité particulière pour deux raisons. D’une part, le contrat de délégation de service public de l’eau confié à Véolia arrivera à échéance en 2014. D’autre part, ce sont la totalité des services publics : l’eau (le traitement de la ressource, sa distribution et son retraitement), la collecte des ordures ménagères et leur retraitement, les transports publics, qui sont aujourd’hui aux mains de cette même multinationale.

En avant-première nationale, le mercredi 22 septembre à 20H00 au cinéma Grand Forum de Louviers, l’Association pour la défense de l’Environnement et du cadre de vie et le retour en régie des services publics organise la projection de ce film, laquelle sera suivie d’un débat. Les habitants de l’Agglomération, mais aussi tous ceux qu’intéresse la question de l’eau et du service public sont conviés à participer à cette soirée.

13 septembre 2010

Eric Besson ni malin ni heureux

Est-il nécessaire d'en rajouter sur l'immense bavure et le gros mensonge que représente la circulaire du ministère de l'Intérieur demandant qu'on cible, prioritairement, les Roms dans le cadre du démantèlement des camps illégaux des gens du voyage. François Hollande, interrogé hier soir par Nicolas Demorand a été précis : « il s'agit d'un acte immoral et illégal ». Immoral car il s'agit d'une stigmatisation d'une communauté particulière et illégal puisque tous nos textes et les textes européens banissent ces exceptions.

Eric Besson n'avait l'air ni malin, ni heureux, ce matin quand il a répondu au journaliste de France 2 « qu'il n'était pas au courant de l'existence de cette circulaire puisqu'il n'en était pas le destinataire. » Dit-il la vérité ? Ment-il ? La cacophonie gouvernementale est totale et la guerre que se livrent Hortefeux et Besson connaît ainsi un nouveau développement.

Au Ministère de l'Intérieur, la réponse est facile : nous appliquons le discours de Grenoble. Et quel discours ! Fin juillet, Nicolas Sarkozy a sauté sur une occasion dramatique pour se lancer dans une diatribe anti-délinquance et anti-Roms. Depuis les avions emportent des centaines de Roms (hommes, femmes, enfants, vieillards) dont la majorité ne tardera pas à revenir en France puisqu'ils vivent en Europe.

Nicolas Sarkozy se trouve dans la situation de l'arroseur-arrosé. Il croyait marquer des points dans une population soi-disant prompte à blâmer l'étranger. Il se trouve que de nombreux membres des gens du voyage sont Français, sédentarisés et que les expulsions ciblées suscitent la critique en France mais aussi en Europe et dans le monde. Les éditoriaux des principaux journaux anglais, américains, allemands condamnent la France et son gouvernement.

Il parait qu'une nouvelle circulaire est sur le point d'être adressée aux préfets. Ôtera-t-on le passage sur la demande du ministre de l'Intérieur concernant la médiatisation à outrance des évacuations-expulsions des camps de Roms ! Quel culot tout de même…

12 septembre 2010

« Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer » Nicolas Sarkozy – Le Monde – 27 janvier 2007

« Dans son dernier billet sur son blog, qui, n’en déplaise à José Alcala, arrive en vingt-sixième position du classement Wikio des blogs politiques avec plus de 20.000 visiteurs différents par mois, Jean-Luc Mélenchon enfonce le clou sur la question des retraites.

« La fin de la retraite à 60 ans n’était pas dans le programme du candidat à la présidence de la République Nicolas Sarkozy », rappelle t-il. « Cela, il faut le marteler et le faire savoir à tous ». En 2007 d’abord, puis à nouveau en 2008, Nicolas Sarkozy s’est engagé à ne pas toucher à l’âge légal de la retraite.

« Le Droit à la retraite à 60 ans doit demeurer » déclarait Nicolas Sarkozy dans une interview au Monde, le 27 janvier 2007, en pleine campagne pour l’élection présidentielle. Le 27 mai 2008, sur RTL, il réitérait cet engagement à propos du relèvement de l’âge légal du départ en retraite : « j’ai dit que je ne le ferai pas. Je n’en ai pas parlé pendant ma campagne présidentielle. Ce n’est pas un engagement que j’ai pris devant les Français. Je n’ai donc pas de mandat pour cela ». Peut-on être plus clair ?

Les Français n'ont donc jamais voté pour la retraite à 62 ans poursuit Jean-Luc Mélenchon, et Nicolas Sarkozy et son gouvernement n’ont aucune légitimité pour engager cette réforme. Et puisqu’ils n’ont pas de mandat pour le faire, proposons donc au pays de se prononcer sur un sujet d’une telle importance.

Pour obtenir la neutralité à défaut de l’adhésion des socialistes à son projet de réforme constitutionnelle, Nicolas Sarkozy avait inscrit dans le texte la possibilité d’un référendum d’initiative populaire. Ce droit est prévu à l’article 11 de la Constitution, modifié par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008. Il ouvre cette possibilité de soumettre un projet de loi à référendum si 1/5 des parlementaires soutenus par 1/10 des électeurs inscrits le demandent.

Seul ennui, et l’on reconnaît en cela la marque de fabrique du sarkozysme, la loi organique qui aurait permis la mise en place de cette nouvelle disposition constitutionnelle n’a jamais été soumise au parlement. Joli tour de passe-passe ! « Nous sommes bien dans le régime du coup de force permanent qui prévaut depuis la forfaiture initiale de l’escamotage du non au référendum de 2005 », conclut Jean-Luc Mélenchon.

Et à ce coup de force, il faut répondre puisque c’est le seul moyen que laisse le pouvoir au peuple, par un rapport de force, la seule chose que comprennent nos gouvernants. »

Reynald Harlaut
Parti de Gauche.