Réjouissons-nous. La gifle infligée par le Conseil constitutionnel aux fervents supporteurs de la garde à vue-garde aveu est en effet réjouissante. Au 1er juillet 2011 (c'est encore trop loin dans le temps malgré tout) le Parlement aura dû adopter une nouvelle loi sur la garde à vue respectant mieux les droits des personnes et les droits de la défense.
Jean-Louis Debré, président du conseil constitutionnel et les sages réunis autour de lui, ont mis fin à l'exception française, celle qui permettait aux officiers de police judiciaire de décider de mettre en garde à vue près de 800 000 personnes par an souvent soumises à des mesures vexatoires ou humiliantes.
La garde à vue devait être une mesure exceptionnelle puisque privative de liberté. Avec le temps, la facilité répressive a abouti à des excès absolument intolérables dans une démocratie aussi ancienne que la nôtre. L'annulation pour « non conformité à la Constitution » de nombreux articles de notre arsenal législatif est pourtant frappée d'un paradoxe puisque d'ici le 1er juillet 2011, un certain nombre de personnes vont être placées en garde à vue alors que la loi est non constitutionnelle. On imagine que les avocats vont se régaler et ils auront de plaider devant les juridictions européennes notamment.
Cette décision du Conseil constitutionnel intervient au moment même où le gouvernement et le président de la République organisent la chasse aux étrangers et menacent ceux qui sont devenus Français. La Gauche dans toutes ses composantes est bien décidée à lutter de toutes ses forces contre les textes en préparation destinés à satisfaire l'électorat du Front national. D'ores et déjà en campagne électorale, Nicolas Sarkozy tape fort mais les deux années qui lui restent devraient permettre de révéler le tragique échec de sa politique au Kärcher et de sa politique répressive.
Je souhaite que les parlementaires de Gauche saisissent le Conseil constitutionnel de toute nouvelle loi portant atteinte à l'égalité des droits des Français, qu'ils soient des Français anciens ou des Français d'origine étrangère. Seul le Maréchal Pétain, avant le président actuel, avait osé faire le tri entre les bons et les mauvais Français !
31 juillet 2010
30 juillet 2010
La xénophobie de Nicolas Sarkozy menace la démocratie
« Le président de la République a pris la lourde responsabilité de faire des étrangers et des personnes d’origine étrangère ceux et celles qui seraient responsables de l’insécurité. Parce qu’il a échoué dans sa politique sécuritaire, parce qu’il enregistre des échecs électoraux, parce qu’il entend interdire toute enquête impartiale sur des faits mettant en cause le financement de sa campagne électorale, et parce qu’il aggrave l’insécurité sociale et économique de millions de Français tout en favorisant jusqu’à la caricature les plus nantis, le président de la République et son gouvernement ont manifestement décidé d’agiter les vieux refrains des années 1930 destinés à attiser la haine contre les étrangers.
En se livrant, à quelques jours d’intervalle, à un discours discriminatoire contre les Gens du voyage et les citoyens européens que sont les Roms, puis en recherchant chez les étrangers et les personnes d’origine étrangère les causes de l’insécurité, Nicolas Sarkozy est en train de menacer les fondements mêmes de la République. Ce ne sont pas les délinquants que Nicolas Sarkozy poursuit, ce sont les Français d’origine étrangère et les étrangers, qu’il désigne comme les boucs émissaires de tous nos maux.
Ce qui est ici en cause, ce n’est plus le débat légitime en démocratie sur la manière d’assurer la sûreté républicaine, c’est l’expression d’une xénophobie avérée. Quelle que soit la légitimité que confère l’élection, aucun responsable politique ne détient le mandat de fouler aux pieds les principes les plus élémentaires de la République, et de désigner à la vindicte des millions de personnes.
Le président de la République et son gouvernement mettent ainsi en œuvre une stratégie de la tension, espérant sans doute retrouver un électorat perdu, au risque de mettre en péril la paix civile. La Ligue des droits de l'homme, parce qu’elle porte de manière intangible les mêmes principes depuis plus de cent dix ans quels que soient les gouvernements, appelle tous ceux et toutes celles qui sont attaché(e)s à la démocratie et aux libertés à rejeter ces manifestations de xénophobie. »
Communiqué de la ligue des droits de l'homme
En se livrant, à quelques jours d’intervalle, à un discours discriminatoire contre les Gens du voyage et les citoyens européens que sont les Roms, puis en recherchant chez les étrangers et les personnes d’origine étrangère les causes de l’insécurité, Nicolas Sarkozy est en train de menacer les fondements mêmes de la République. Ce ne sont pas les délinquants que Nicolas Sarkozy poursuit, ce sont les Français d’origine étrangère et les étrangers, qu’il désigne comme les boucs émissaires de tous nos maux.
Ce qui est ici en cause, ce n’est plus le débat légitime en démocratie sur la manière d’assurer la sûreté républicaine, c’est l’expression d’une xénophobie avérée. Quelle que soit la légitimité que confère l’élection, aucun responsable politique ne détient le mandat de fouler aux pieds les principes les plus élémentaires de la République, et de désigner à la vindicte des millions de personnes.
Le président de la République et son gouvernement mettent ainsi en œuvre une stratégie de la tension, espérant sans doute retrouver un électorat perdu, au risque de mettre en péril la paix civile. La Ligue des droits de l'homme, parce qu’elle porte de manière intangible les mêmes principes depuis plus de cent dix ans quels que soient les gouvernements, appelle tous ceux et toutes celles qui sont attaché(e)s à la démocratie et aux libertés à rejeter ces manifestations de xénophobie. »
Communiqué de la ligue des droits de l'homme
29 juillet 2010
Propos d’un salaud ordinaire…

Nous avons déjà dit ici tout le dégoût que nous inspire ce genre de méthode qui consiste à stigmatiser un groupe humain ou une communauté en les désignant à l’ensemble de la population comme boucs émissaires. Mais, apparemment, cela ne suffit encore pas.
Le député UMP de la 5ème circonscription des Yvelines, Jacques Myard, maire de Maisons-Laffitte, ce matin 29 juillet au micro de France Inter, a crû utile de surenchérir en déclarant : « C’est pas comme ça qu’on va y arriver. Y a pas de contrôle réel aux frontières avec les Roms. Ils reviendront et puis c’est tout. Il va falloir se poser la question fondamentale : Est-ce que ce genre de vie, ce mode de vie est structurellement compatible avec nos sociétés qui sont des sociétés urbaines, sédentarisées et dans lesquelles on peut justifier au quotidien des modes de vie que l’on adopte et des ressources que l’on a. Les mesures proposées, c’est une première étape sur ce qui doit être une politique, mais je crains que ce soit grandement insuffisant ».
Car l’obsession qui hante aujourd’hui le pouvoir, avec la volonté de promouvoir en tous lieux l’installation de caméras de vidéosurveillance, avec la tentation on le voit d’empêcher certaines catégories de populations de circuler librement, c’est celle du contrôle social des populations. Quand ceux qui nous gouvernent prennent peur en voyant monter la colère et la révolte de groupes humains qui leur échappent, ils ne leur reste à développer comme seuls arguments que ceux de la peur et de la répression.
De tels propos doivent être condamnés avec la plus extrême fermeté. Ce sont des propos à caractère raciste en tous points identiques à ceux qu’ont tenus les nationaux-socialistes allemands et les régimes qui leur emboitèrent le pas comme en France celui de Vichy. Les Français doivent se ressaisir et relever la tête pour relire cette inscription qui orne encore le fronton des mairies – mais hélas pas toutes – Liberté, Égalité, Fraternité. Ils doivent exprimer la honte que leur inspirent de telles déclarations en regard des valeurs qui fondent notre république.
Hier les Arabes et les Noirs, aujourd’hui les Roms. Demain, à qui le tour ? Sans doute ces salauds de pauvres qui empêchent les plus riches de profiter tranquillement de leur fortune ! »
Reynald Harlaut
28 juillet 2010
Un rapport de la Chambre régionale des comptes de la région Rhône-Alpes met en cause l'efficacité de la vidéosurveillance
La chambre régionale des comptes de la Région Rhône-Alpes vient de rendre un avis extrêmement circonstancié sur le bilan de la vidéosurveillance dans la ville de Lyon. Les magistrats demandent aux élus de se livrer à une analyse complète et sans tabous des résultats liés à la délinquance et surtout au coût engendré par le système de 250 caméras installé à Lyon.
En fait, les caméras permettent de résoudre 1 % des affaires de délinquance ce qui est tout à fait marginal et sans commune mesure avec le montant des investissements et le coût de fonctionnement. On parle de 3 millions d'euros ! Les magistrats reconnaissent que la vidéosurveillance peut jouer un rôle de réassurance auprès des habitants mais que son influence est quasi nulle sur la prévention ou la répression des actes délinquants. La commune de Villeurbanne dont le maire (PS) est hostile à l'installation de caméras dans sa commune a même vu la délinquance diminuer plus sensiblement qu'à Lyon ! Ce maire préfère « l'humain à la technologie. »
Gérard Collomb, le maire (PS) de Lyon n'est pas un idiot. Il est bien obligé de prendre en compte les observations de la Chambre régionale et en tire la conclusion suivante : il serait bien qu'un étudiant fasse sa thèse sur la vidéosurveillance, sans a priori ni préjugés, et dès lors la municipalité ne serait pas opposée à une révision de sa stratégie.
Pour ceux qui aiment les blogs, je propose d'aller sur http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2010/07/28/limpact-de-la-videosurveillance-est-de-lordre-de-1/
Vous y lirez l'ensemble des analyses de la Chambre régionale des comptes et constaterez que malgré les rodomontades, les tentatives d'humiliation des partisans de la vidéosurveillance à l'égard des opposants dont je suis, celle-ci a du plomb dans l'aile. D'ailleurs la chambre des comptes valide la plupart des arguments du collectif créé à Louviers contre la politique prônée par le maire et sa majorité.
En fait, les caméras permettent de résoudre 1 % des affaires de délinquance ce qui est tout à fait marginal et sans commune mesure avec le montant des investissements et le coût de fonctionnement. On parle de 3 millions d'euros ! Les magistrats reconnaissent que la vidéosurveillance peut jouer un rôle de réassurance auprès des habitants mais que son influence est quasi nulle sur la prévention ou la répression des actes délinquants. La commune de Villeurbanne dont le maire (PS) est hostile à l'installation de caméras dans sa commune a même vu la délinquance diminuer plus sensiblement qu'à Lyon ! Ce maire préfère « l'humain à la technologie. »
Gérard Collomb, le maire (PS) de Lyon n'est pas un idiot. Il est bien obligé de prendre en compte les observations de la Chambre régionale et en tire la conclusion suivante : il serait bien qu'un étudiant fasse sa thèse sur la vidéosurveillance, sans a priori ni préjugés, et dès lors la municipalité ne serait pas opposée à une révision de sa stratégie.
Pour ceux qui aiment les blogs, je propose d'aller sur http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2010/07/28/limpact-de-la-videosurveillance-est-de-lordre-de-1/
Vous y lirez l'ensemble des analyses de la Chambre régionale des comptes et constaterez que malgré les rodomontades, les tentatives d'humiliation des partisans de la vidéosurveillance à l'égard des opposants dont je suis, celle-ci a du plomb dans l'aile. D'ailleurs la chambre des comptes valide la plupart des arguments du collectif créé à Louviers contre la politique prônée par le maire et sa majorité.
27 juillet 2010
L'occident doit cesser de se comporter en puissance néocolonialiste
Si Nicolas Sarkozy a autorisé les forces spéciales françaises à intervenir dans le Sahel, c'est sans doute parce qu'il savait que l'otage français Michel Germaneau était mort (cardiaque, il était sans médicaments depuis des semaines) ou sur le point d'être exécuté. Les membres d'Al Qaïda — sur quelque terrain que ce soit — ne s'embarrassent pas de détails et la vie humaine n'a aucune valeur à leurs yeux. D'après ce que dit la presse, aujourd'hui, jamais le gouvernement français n'a eu face à lui, d'interlocuteur valable apte à négocier un compromis. La conclusion, facile à tirer : Al Qaïda punit et tue « les infidèles. » C'est d'autant plus aisé quand il s'agit d'un vieil homme de 78 ans, malade et humanitaire qui plus est.
L'intervention récente des forces mauritaniennes et spéciales françaises n'a donc pas servi à libérer l'otage Michel Germaneau (puisqu'on n'avait aucune certitude sur sa localisation) car elle visait essentiellement à tuer des terroristes ultra-islamistes préparant, dit-on, une agression contre le territoire mauritanien. Et à montrer le puissance des muscles de l'armée française !
La responsabilité d'un chef d'Etat est grande et redoutable quand il s'agit de choisir l'action violente. Je pense aux deux journalistes de France 3 et à leurs trois accompagnateurs prisonniers depuis près de 210 jours. Il ne fait aucun doute que le gouvernement français malgré ses imprudentes déclarations originelles, a engagé des pourparlers avec les preneurs d'otages ou des intermédiaires. Le montant de la rançon exigée doit être très élevé ou l'échange proposé trop politiquement sensible…on ne voit toujours pas le bout de cette prise d'otages
On sait depuis quelques mois que les services secrets pakistanais fricotent avec les talibans et que l'armée américaine doit faire face à des attaques internes et externes. Il est donc plus que temps de quitter l'Afghanistan. Le Parlement français devrait être saisi de cette question urgente car la lutte contre le terrorisme islamique ne passe pas par l'occupation d'un pays tout entier. Rester en Afghanistan, c'est le meilleur moyen de s'aliéner pour longtemps des populations victimes à (de) tous les coups. L'occident doit cesser de se comporter en néocolonialiste.
Quant à la menace terroriste en France, les experts affirment que l'alerte rouge doit être maintenue. L'AQMI va chercher à marquer les esprits et les corps. La prudence ne doit pas nous empêcher de vivre, ni de prendre l'avion.
L'intervention récente des forces mauritaniennes et spéciales françaises n'a donc pas servi à libérer l'otage Michel Germaneau (puisqu'on n'avait aucune certitude sur sa localisation) car elle visait essentiellement à tuer des terroristes ultra-islamistes préparant, dit-on, une agression contre le territoire mauritanien. Et à montrer le puissance des muscles de l'armée française !
La responsabilité d'un chef d'Etat est grande et redoutable quand il s'agit de choisir l'action violente. Je pense aux deux journalistes de France 3 et à leurs trois accompagnateurs prisonniers depuis près de 210 jours. Il ne fait aucun doute que le gouvernement français malgré ses imprudentes déclarations originelles, a engagé des pourparlers avec les preneurs d'otages ou des intermédiaires. Le montant de la rançon exigée doit être très élevé ou l'échange proposé trop politiquement sensible…on ne voit toujours pas le bout de cette prise d'otages
On sait depuis quelques mois que les services secrets pakistanais fricotent avec les talibans et que l'armée américaine doit faire face à des attaques internes et externes. Il est donc plus que temps de quitter l'Afghanistan. Le Parlement français devrait être saisi de cette question urgente car la lutte contre le terrorisme islamique ne passe pas par l'occupation d'un pays tout entier. Rester en Afghanistan, c'est le meilleur moyen de s'aliéner pour longtemps des populations victimes à (de) tous les coups. L'occident doit cesser de se comporter en néocolonialiste.
Quant à la menace terroriste en France, les experts affirment que l'alerte rouge doit être maintenue. L'AQMI va chercher à marquer les esprits et les corps. La prudence ne doit pas nous empêcher de vivre, ni de prendre l'avion.
24 juillet 2010
Quelques réflexions au débotté
Si j'en juge par les discussions de café du commerce, l'affaire de l'écrêtement des indemnités du maire de Louviers fait « causer ». Nombreux sont ceux qui ignoraient le montant total des indemnités d'un élu moyen non par ses capacités mais par l'importance des collectivités qu'il administre. Une ville de 18 700 habitants et une agglomération de 65 000 âmes ne sont tout de même pas des monstres à gérer surtout quand l'argent vient à manquer. Sylvia Makaert, une correspondante attentive des blogs locaux, précise bien que le dynamisme d'antan en a pris un sérieux coup à Louviers et que le maire n'est plus ce qu'il était.
Nicolas Sarkozy a félicité Lance Armstrong, coureur américain plusieurs fois vainqueur du tour de France et participant à celui de 2010 pour la gloire, mais a omis de rendre visite aux coureurs français qui ont, tout de même, gagné six étapes. C'était bien la peine que le président interroge Alberto Contador sur le secret des Espagnols, vainqueurs de la coupe du monde de football et sans doute futur vainqueur du tour de France. Le président n'aime que les hommes d'exception, ceux qui gagnent et ceux qui travaillent plus pour gagner plus. Pas comme les salariés de General motors qui vont travailler plus pour gagner moins. Ils ne sont pas les seuls dans ce cas.
José Alcala m'a interpellé à plusieurs reprises. Il considère que je ne respecte pas suffisamment la présomption d'innocence d'Eric Woerth. Il affirme que l'homme est irréprochable dans ses fonctions actuelles et que rien n'étaie l'accusation de conflit d'intérêts mêlant sa femme, Liliane Bettencourt, la trésorerie de l'UMP, la campagne présidentielle de Sarkozy. Je suis d'accord avec lui sur un point. Il ne faut pas aller trop vite en besogne.
La prudence commande en effet d'attendre les développements judiciaires. Mais si le « juge » Courroye (qui n'est plus juge mais procureur) continue ses enquêtes préliminaires sans désigner de juge d'instruction, je crains que la vérité des faits soit ignorée pendant longtemps…jusqu'à la date de prescription ?
François Loncle a eu les honneurs du journal Le Monde. Patrick Roger a consacré un bel article à la non réponse de François Fillon à une question écrite posée par mon ami député qui s'étonnait des prises de positions publiques de MM. Guéant et Guaino, conseillers du président de la République. Malgré l'insistance et les relances de François Loncle, il vient d'apprendre — fait exceptionnellement rare et grave — que le premier ministre ne lui répondrait pas. On ne saura donc jamais pourquoi le couple Guéant-Guaino inonde les ondes de leurs points de vue en lieu et place du premier ministre.
François Loncle a également demandé à Jérôme Cahuzac, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, de rendre public le dossier Tapie. François Loncle considère avec raison que le public doit connaître l'ensemble des questions et des réponses liées aux 285 millions d'euros accordés par une commission arbitrale à l'ancien président de l'OM et ancien repreneur d'entreprises en difficulté. Les mois passent et nous ne pouvons toujours pas lire le rapport de la commission des Finances. François Loncle a le chic pour poser les questions qui dérangent. Qui craint Tapie ? Pas lui en tout cas.
J'ai suivi avec plaisir sur France 2 le court reportage consacré par la rédaction de la chaine à l'impressionnisme en Normandie. Le journaliste a cité Rouen, Honfleur, Le Havre mais il a n'a pas du tout parlé de l'Eure ni de Giverny, ni de Monet…une fois de plus la Haute-Normandie se résume à la Seine-Maritime.
Il faut le faire : illustrer l'impressionnisme en Normandie par l'axe Rouen-Le Havre et par le musée des Beaux-Arts de Rouen est tout simplement réducteur voire simpliste. Je n'irai pas jusqu'à écrire comme le président des radicaux de gauche de l'Eure que notre région est « émasculée » (sic) parce que la Normandie est divisée en deux.
Nicolas Sarkozy a félicité Lance Armstrong, coureur américain plusieurs fois vainqueur du tour de France et participant à celui de 2010 pour la gloire, mais a omis de rendre visite aux coureurs français qui ont, tout de même, gagné six étapes. C'était bien la peine que le président interroge Alberto Contador sur le secret des Espagnols, vainqueurs de la coupe du monde de football et sans doute futur vainqueur du tour de France. Le président n'aime que les hommes d'exception, ceux qui gagnent et ceux qui travaillent plus pour gagner plus. Pas comme les salariés de General motors qui vont travailler plus pour gagner moins. Ils ne sont pas les seuls dans ce cas.
José Alcala m'a interpellé à plusieurs reprises. Il considère que je ne respecte pas suffisamment la présomption d'innocence d'Eric Woerth. Il affirme que l'homme est irréprochable dans ses fonctions actuelles et que rien n'étaie l'accusation de conflit d'intérêts mêlant sa femme, Liliane Bettencourt, la trésorerie de l'UMP, la campagne présidentielle de Sarkozy. Je suis d'accord avec lui sur un point. Il ne faut pas aller trop vite en besogne.
La prudence commande en effet d'attendre les développements judiciaires. Mais si le « juge » Courroye (qui n'est plus juge mais procureur) continue ses enquêtes préliminaires sans désigner de juge d'instruction, je crains que la vérité des faits soit ignorée pendant longtemps…jusqu'à la date de prescription ?
François Loncle a eu les honneurs du journal Le Monde. Patrick Roger a consacré un bel article à la non réponse de François Fillon à une question écrite posée par mon ami député qui s'étonnait des prises de positions publiques de MM. Guéant et Guaino, conseillers du président de la République. Malgré l'insistance et les relances de François Loncle, il vient d'apprendre — fait exceptionnellement rare et grave — que le premier ministre ne lui répondrait pas. On ne saura donc jamais pourquoi le couple Guéant-Guaino inonde les ondes de leurs points de vue en lieu et place du premier ministre.
François Loncle a également demandé à Jérôme Cahuzac, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, de rendre public le dossier Tapie. François Loncle considère avec raison que le public doit connaître l'ensemble des questions et des réponses liées aux 285 millions d'euros accordés par une commission arbitrale à l'ancien président de l'OM et ancien repreneur d'entreprises en difficulté. Les mois passent et nous ne pouvons toujours pas lire le rapport de la commission des Finances. François Loncle a le chic pour poser les questions qui dérangent. Qui craint Tapie ? Pas lui en tout cas.
J'ai suivi avec plaisir sur France 2 le court reportage consacré par la rédaction de la chaine à l'impressionnisme en Normandie. Le journaliste a cité Rouen, Honfleur, Le Havre mais il a n'a pas du tout parlé de l'Eure ni de Giverny, ni de Monet…une fois de plus la Haute-Normandie se résume à la Seine-Maritime.
Il faut le faire : illustrer l'impressionnisme en Normandie par l'axe Rouen-Le Havre et par le musée des Beaux-Arts de Rouen est tout simplement réducteur voire simpliste. Je n'irai pas jusqu'à écrire comme le président des radicaux de gauche de l'Eure que notre région est « émasculée » (sic) parce que la Normandie est divisée en deux.
23 juillet 2010
David Douillet ose tout
David Douillet était un bon et grand judoka. S'il a été élu député, c'est plus pour sa médaille d'or aux jeux olympiques que pour ses qualités d'homme politique. Et pourtant. Sa campagne électorale législative a été affligeante de médiocrité. A l'Assemblée nationale, il a déjà la réputation d'un député-godillot. Autrement dit, David Douillet n'aurait jamais dû abandonner les tatamis où il est visiblement plus à l'aise qu'à la tribune du Palais Bourbon.
Et pourtant. David Douillet vient de déclarer publiquement sa candidature aux fonctions de ministre des sports. On sait qu'il est l'un des chouchoux de Nicolas Sarkozy. Que le président veut se séparer de Rama Yade, esprit libre, et que le changement de gouvernement de l'automne verra tomber, en plus des feuilles, quelques têtes de ministres et de secrétaires d'Etat.
Et pourtant. J'aimerais bien connaître les qualités particulières de David Douillet lui permettant de postuler à une responsabilité gouvernementale. Le cas Laporte devrait, aurait dû, mettre le président en garde contre une nomination de complaisance. L'ancien entraîneur de l'équipe de France de rugby a rapidement montré ses limites et je ne doute pas que David Douillet saura l'imiter.
Placer un copain au gouvernement devrait s'appuyer sur des compétences et non sur une notoriété acquise dans une niche très spécialisée. Réussir uchi mata et osoto gari ne préjugent pas de la bonne conduite de la politique sportive en France.
Et pourtant. David Douillet vient de déclarer publiquement sa candidature aux fonctions de ministre des sports. On sait qu'il est l'un des chouchoux de Nicolas Sarkozy. Que le président veut se séparer de Rama Yade, esprit libre, et que le changement de gouvernement de l'automne verra tomber, en plus des feuilles, quelques têtes de ministres et de secrétaires d'Etat.
Et pourtant. J'aimerais bien connaître les qualités particulières de David Douillet lui permettant de postuler à une responsabilité gouvernementale. Le cas Laporte devrait, aurait dû, mettre le président en garde contre une nomination de complaisance. L'ancien entraîneur de l'équipe de France de rugby a rapidement montré ses limites et je ne doute pas que David Douillet saura l'imiter.
Placer un copain au gouvernement devrait s'appuyer sur des compétences et non sur une notoriété acquise dans une niche très spécialisée. Réussir uchi mata et osoto gari ne préjugent pas de la bonne conduite de la politique sportive en France.
22 juillet 2010
La fuite en avant de Nicolas Sarkozy
« Nicolas Sarkozy est pris à son propre piège. À force de gesticuler et de dire aux Français tout et son contraire, ils ne l’écoutent plus. Pire, ils ne l’entendent plus. Le discrédit qu’apportent chaque jour sur sa personne et sur son gouvernement de nouvelles révélations sur leurs pratiques insensées fait monter l’exaspération des citoyens. Le premier objectif de nos gouvernants paraît n’être pas de servir l’État, mais de se servir, eux et leurs riches amis du XVIème et de Neuilly. Ils vivent ainsi sans aucun complexe, tels des parasites, sur le dos du contribuable auquel ils ont encore l’audace de réclamer davantage d’efforts et de sacrifices.
Nicolas Sarkozy a beau dire et beau faire, l’enfumage ne fonctionne plus. Alors, rompant une fois de plus le pacte républicain dont il est le garant, il cherche, comme avant lui dans les pires moments de l’histoire la droite, mais encore plus l’extrême droite, savent le faire, des boucs émissaires.
L’épouvantail de l’insécurité étant désormais le seul moyen qui lui reste pour tenter de reprendre pied, il en use et en abuse. Et comme croît, nous le répétons, la désespérance et l’exaspération, chaque nouvelle flambée de violence croît hélas en intensité. Et la répression policière, organisée par le ministre de l’Intérieur Hortefeux prend de nouvelles formes, de plus en plus inquiétantes.
Qu’on ne se méprenne pas. Nous ne prendrons pas ici la défense de ceux qui tirent à balles réelles sur des policiers. Mais, contre une poignée d’individus dangereux, punir ainsi tout un quartier ou une communauté en envoyant tourner des nuits entières au-dessus de leurs têtes des hélicoptères équipés de projecteurs, où se croit-on ? En Afghanistan ? Dans une guerre anti-terroriste ? Cette façon de faire est de la pure provocation et ne peut qu’aggraver à terme une situation tendue à l’extrême.
Et c’est ce moment que choisit Nicolas Sarkozy pour annoncer la tenue d’une réunion le 28 juillet à l’Élysée, chargée d’examiner les "problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms". Hier, à 18H00, à Caudebec-lès-Elbeuf, sur le Clos Allard, un terrain en bord de Seine bordé par la Voie de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme – cela ne s’invente pas – qu’occupent plusieurs fois par an les gens du voyage, pas moins de trois cars de CRS étaient stationnés à quelques mètres du campement. Si ce n’est pas là de la provocation, cela y ressemble à s’y méprendre.
Nicolas Sarkozy joue avec le feu. Il joue un jeu extrêmement dangereux. Et l’on voit parfaitement ce qu’il espère : une « bonne » flambée de violence comme en 2005, qui flanquerait une peur salutaire aux Français, leur ferait oublier tout le reste, et, espère t-il, les ressouderait derrière lui. C’est dans ce piège qu’il ne faut surtout pas tomber. »
Reynald Harlaut
Nicolas Sarkozy a beau dire et beau faire, l’enfumage ne fonctionne plus. Alors, rompant une fois de plus le pacte républicain dont il est le garant, il cherche, comme avant lui dans les pires moments de l’histoire la droite, mais encore plus l’extrême droite, savent le faire, des boucs émissaires.
L’épouvantail de l’insécurité étant désormais le seul moyen qui lui reste pour tenter de reprendre pied, il en use et en abuse. Et comme croît, nous le répétons, la désespérance et l’exaspération, chaque nouvelle flambée de violence croît hélas en intensité. Et la répression policière, organisée par le ministre de l’Intérieur Hortefeux prend de nouvelles formes, de plus en plus inquiétantes.
Qu’on ne se méprenne pas. Nous ne prendrons pas ici la défense de ceux qui tirent à balles réelles sur des policiers. Mais, contre une poignée d’individus dangereux, punir ainsi tout un quartier ou une communauté en envoyant tourner des nuits entières au-dessus de leurs têtes des hélicoptères équipés de projecteurs, où se croit-on ? En Afghanistan ? Dans une guerre anti-terroriste ? Cette façon de faire est de la pure provocation et ne peut qu’aggraver à terme une situation tendue à l’extrême.
Et c’est ce moment que choisit Nicolas Sarkozy pour annoncer la tenue d’une réunion le 28 juillet à l’Élysée, chargée d’examiner les "problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms". Hier, à 18H00, à Caudebec-lès-Elbeuf, sur le Clos Allard, un terrain en bord de Seine bordé par la Voie de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme – cela ne s’invente pas – qu’occupent plusieurs fois par an les gens du voyage, pas moins de trois cars de CRS étaient stationnés à quelques mètres du campement. Si ce n’est pas là de la provocation, cela y ressemble à s’y méprendre.
Nicolas Sarkozy joue avec le feu. Il joue un jeu extrêmement dangereux. Et l’on voit parfaitement ce qu’il espère : une « bonne » flambée de violence comme en 2005, qui flanquerait une peur salutaire aux Français, leur ferait oublier tout le reste, et, espère t-il, les ressouderait derrière lui. C’est dans ce piège qu’il ne faut surtout pas tomber. »
Reynald Harlaut
19 juillet 2010
Le philosophe Marcel Gauchet : « Nicolas Sarkozy n'a pas le sens de l'institution »
« L'affaire Bettencourt réactive le contentieux entre le peuple et les élites. » Tel est le titre d'un article paru dans le journal Le Monde daté des 18 et 19 juillet. L'historien et philosophe Marcel Gauchet estime qu'on assiste à une remise en question du pouvoir sarkozien.
J'ai retenu les passages suivants particulièrement signifiants.
« L'épisode réactive un contentieux larvé entre le peuple et les élites. Sarkozy avait donné l'impression d'être conscient du problème et de vouloir modifier les choses. Il ne l'a pas fait, et même, par certains côtés, il a aggravé le malaise, par son style de star égocentrique et autoritaire.
En France, les élites (un mot que je n'aime pas mais il n'y en a pas d'autres) ont une haute opinion d'elles-mêmes et ne se rendent pas compte du fossé qui les sépare de la population. Elles entretiennent à son égard un mépris bienveillant. Elles veulent son bien, mais elles estiment que leurs mérites éminents doivent être récompensés.
Quand M. Joyandet ou M. Estrosi prennent un avion privé à prix d'or pour rentrer à Paris plus vite, ils le font avec une parfaite bonne conscience, pensant que l'importance de leur personne et de leur fonction le justifie. »
Marcel Gauchet poursuit : « L'homogénéité des façons d'être et de penser l'emporte, j'en ai peur, sur les partages politiques, même si la droite et la gauche ne sont pas tout à fait pareilles. Il y a plus de connivence avec les puissances d'argent à droite et plus de système de distribution de postes à gauche. Sarkozy avait promis que ça changerait, cela faisait partie de la rupture, et rien ne s'est passé.»
…« Pour qu'il y ait révolution, il faut qu'il y ait un programme révolutionnaire. On se met en route au nom d'une espérance, d'une vision de l'avenir, d'un sentiment que d'autres solutions sont à portée de main. Or, nous sommes dans des sociétés dont le climat moral est dépressif, parce qu'elles sont confrontées à des problèmes dont elles n'ont pas la solution. On le voit bien avec la crise économique et la difficulté à trouver des modes de fonctionnement alternatifs. Le climat de la société française n'est pas révolutionnaire, mais il est habité par une révolte sourde et un sentiment de distance radicale à l'égard du personnel dirigeant. »
« Ce n'est pas la démocratie en tant que telle qui est remise en question, c'est la manière dont certains en profitent. Le culte de la chose publique est plus fortement intériorisé en France que partout ailleurs.
Les gens sont donc très choqués quand les individus au pouvoir se comportent en individus privés. La plus grande faille de Nicolas Sarkozy, c'est qu'il n'a pas le sens de l'institution. Le côté privé du personnage prend toujours le dessus. Il n'arrive pas à être un homme d'Etat. »
J'ai retenu les passages suivants particulièrement signifiants.
« L'épisode réactive un contentieux larvé entre le peuple et les élites. Sarkozy avait donné l'impression d'être conscient du problème et de vouloir modifier les choses. Il ne l'a pas fait, et même, par certains côtés, il a aggravé le malaise, par son style de star égocentrique et autoritaire.
En France, les élites (un mot que je n'aime pas mais il n'y en a pas d'autres) ont une haute opinion d'elles-mêmes et ne se rendent pas compte du fossé qui les sépare de la population. Elles entretiennent à son égard un mépris bienveillant. Elles veulent son bien, mais elles estiment que leurs mérites éminents doivent être récompensés.
Quand M. Joyandet ou M. Estrosi prennent un avion privé à prix d'or pour rentrer à Paris plus vite, ils le font avec une parfaite bonne conscience, pensant que l'importance de leur personne et de leur fonction le justifie. »
Marcel Gauchet poursuit : « L'homogénéité des façons d'être et de penser l'emporte, j'en ai peur, sur les partages politiques, même si la droite et la gauche ne sont pas tout à fait pareilles. Il y a plus de connivence avec les puissances d'argent à droite et plus de système de distribution de postes à gauche. Sarkozy avait promis que ça changerait, cela faisait partie de la rupture, et rien ne s'est passé.»
…« Pour qu'il y ait révolution, il faut qu'il y ait un programme révolutionnaire. On se met en route au nom d'une espérance, d'une vision de l'avenir, d'un sentiment que d'autres solutions sont à portée de main. Or, nous sommes dans des sociétés dont le climat moral est dépressif, parce qu'elles sont confrontées à des problèmes dont elles n'ont pas la solution. On le voit bien avec la crise économique et la difficulté à trouver des modes de fonctionnement alternatifs. Le climat de la société française n'est pas révolutionnaire, mais il est habité par une révolte sourde et un sentiment de distance radicale à l'égard du personnel dirigeant. »
« Ce n'est pas la démocratie en tant que telle qui est remise en question, c'est la manière dont certains en profitent. Le culte de la chose publique est plus fortement intériorisé en France que partout ailleurs.
Les gens sont donc très choqués quand les individus au pouvoir se comportent en individus privés. La plus grande faille de Nicolas Sarkozy, c'est qu'il n'a pas le sens de l'institution. Le côté privé du personnage prend toujours le dessus. Il n'arrive pas à être un homme d'Etat. »
18 juillet 2010
L'affaire Woerth-Bettencourt démontre que le juge d'instruction demeure indispensable
Le procureur Courroye refuse de communiquer les transcriptions des bandes enregistrées chez Liliane Bettencourt à la juge Prévost-Desprez et illustre ainsi de manière éclatante le parti pris qui est le sien. Une partie de bras de fer est donc engagée entre le parquet et les juges du siège à qui la cour d'appel de Versailles a pourtant donné raison.
La preuve que cette enquête se déroule de façon très étrange est que Mme Bettencourt, responsable au premier chef, n'a pas été entendue par la justice dans l'affaire qui désormais porte son nom. L'avocat de Claire Thibout, la comptable, y voit les effets de l'amitié qui lie le procureur Courroye à Nicolas Sarkozy qui, rappelons-le, l'a fait nommer à Nanterre contre l'avis du Conseil supérieur de la magistrature. Cet avocat souligne même les conditions très favorables aux gardés à vue des perquisitions effectuées chez eux. Il n'hésite pas à affirmer que des documents compromettants ont été dissimulés voire détruits.
Voilà comment fonctionne la justice en France. D'ailleurs Eva Joly, députée européenne et ancienne juge d'instruction, porte un regard courroucé sur le déroulement de l'affaire-Woerth. Elle aussi considère que le procureur Courroye devrait passer la main très vite à un ou plusieurs juges d'instruction, les seuls à pouvoir mener des investigations à l'étranger, en Suisse, aux Seychelles ou au Liechtenstein, tous pays cités dans l'affaire pour des comptes à l'étranger et supports d'une éventuelle fraude fiscale.
On comprend mieux, aujourd'hui, à la lumière de l'affaire en cours pourquoi le pouvoir veut supprimer le juge d'instruction. Faire du procureur le seul enquêteur opérationnel, c'est prendre un énorme risque avec un déséquilibre flagrant entre les parties. Le procureur Courroye (à son corps défendant) rend un immense service à tous les magistrats, avocats, hommes politiques, qui se battent pour le maintien du juge d'instruction. Quel paradoxe !
La preuve que cette enquête se déroule de façon très étrange est que Mme Bettencourt, responsable au premier chef, n'a pas été entendue par la justice dans l'affaire qui désormais porte son nom. L'avocat de Claire Thibout, la comptable, y voit les effets de l'amitié qui lie le procureur Courroye à Nicolas Sarkozy qui, rappelons-le, l'a fait nommer à Nanterre contre l'avis du Conseil supérieur de la magistrature. Cet avocat souligne même les conditions très favorables aux gardés à vue des perquisitions effectuées chez eux. Il n'hésite pas à affirmer que des documents compromettants ont été dissimulés voire détruits.
Voilà comment fonctionne la justice en France. D'ailleurs Eva Joly, députée européenne et ancienne juge d'instruction, porte un regard courroucé sur le déroulement de l'affaire-Woerth. Elle aussi considère que le procureur Courroye devrait passer la main très vite à un ou plusieurs juges d'instruction, les seuls à pouvoir mener des investigations à l'étranger, en Suisse, aux Seychelles ou au Liechtenstein, tous pays cités dans l'affaire pour des comptes à l'étranger et supports d'une éventuelle fraude fiscale.
On comprend mieux, aujourd'hui, à la lumière de l'affaire en cours pourquoi le pouvoir veut supprimer le juge d'instruction. Faire du procureur le seul enquêteur opérationnel, c'est prendre un énorme risque avec un déséquilibre flagrant entre les parties. Le procureur Courroye (à son corps défendant) rend un immense service à tous les magistrats, avocats, hommes politiques, qui se battent pour le maintien du juge d'instruction. Quel paradoxe !
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