Le procureur Courroye refuse de communiquer les transcriptions des bandes enregistrées chez Liliane Bettencourt à la juge Prévost-Desprez et illustre ainsi de manière éclatante le parti pris qui est le sien. Une partie de bras de fer est donc engagée entre le parquet et les juges du siège à qui la cour d'appel de Versailles a pourtant donné raison.
La preuve que cette enquête se déroule de façon très étrange est que Mme Bettencourt, responsable au premier chef, n'a pas été entendue par la justice dans l'affaire qui désormais porte son nom. L'avocat de Claire Thibout, la comptable, y voit les effets de l'amitié qui lie le procureur Courroye à Nicolas Sarkozy qui, rappelons-le, l'a fait nommer à Nanterre contre l'avis du Conseil supérieur de la magistrature. Cet avocat souligne même les conditions très favorables aux gardés à vue des perquisitions effectuées chez eux. Il n'hésite pas à affirmer que des documents compromettants ont été dissimulés voire détruits.
Voilà comment fonctionne la justice en France. D'ailleurs Eva Joly, députée européenne et ancienne juge d'instruction, porte un regard courroucé sur le déroulement de l'affaire-Woerth. Elle aussi considère que le procureur Courroye devrait passer la main très vite à un ou plusieurs juges d'instruction, les seuls à pouvoir mener des investigations à l'étranger, en Suisse, aux Seychelles ou au Liechtenstein, tous pays cités dans l'affaire pour des comptes à l'étranger et supports d'une éventuelle fraude fiscale.
On comprend mieux, aujourd'hui, à la lumière de l'affaire en cours pourquoi le pouvoir veut supprimer le juge d'instruction. Faire du procureur le seul enquêteur opérationnel, c'est prendre un énorme risque avec un déséquilibre flagrant entre les parties. Le procureur Courroye (à son corps défendant) rend un immense service à tous les magistrats, avocats, hommes politiques, qui se battent pour le maintien du juge d'instruction. Quel paradoxe !
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