Bruno Putzulu interprète fidèle et drôle de Cavanna. ©Jean-Charles Houel |
Le père ? Une chemise
bleue. La mère ? Une table recouverte d'une nappe en plastique et quelques chaises de cuisine. L’histoire ? Celle de
l'enfance de François Cavanna, narrée dans son beau livre « les Ritals », mise en scène par Mario
Putzulu et jouée par Bruno, son frère, comédien français qui n’oublie rien de
son origine sarde. C’est toujours grand bonheur d’entendre la langue italienne,
de voir mimer les gestes, de ressentir les colères ou les amours de nos amis transalpins à condition que les
sons ne sortent pas de la bouche d’un Salvini dont je me demanderai toujours comment cet
homme-là, avec cette vulgarité-là, ces idées-là a pu arriver au pouvoir dans un pays si beau, si
cultivé, si civilisé.
Pour regarder, entendre,
apprécier « Les Ritals » la salle du Moulin à Louviers était pleine hier soir d’un public
pas trop jeune, avide de se souvenir qu’être Italien en France, dans les années
quarante n’était pas forcément une sinécure. A cette époque là aussi, l’arrivée
de l’étranger dérangeait. Qu’il soit « macaroni » ou « espingouin » qu’il
fuie le fascisme à la mode Mussolini ou à la mode Franco, l’immigré des années
quarante s’installe en France pour fuir une misère absolue, travailler dur, bâtir
des maisons et des vies durables.
Les enfants ! François
Cavanna est un enfant unique. Il habite dans la rue Sainte-Anne à Nogent-sur-Marne.
C’est là qu’il connaît la vie la plus merveilleuse qu’un enfant puisse connaître
auprès de parents attentifs. Choyé, adulé, adoré, François Cavanna a raconté
cette aventure de « Ritals » en pays de France. Ses camarades, ritals comme
lui, sa scolarité à l’école primaire ou l’école primaire supérieure. Il y excellait.
Ses visites régulières à la bibliothèque municipale de Nogent où sa culture s’étend
et se vivifie. Cavanna raconte avec force détails, tantôt comiques, tantôt
sensibles sa première aventure sexuelle au Bordel avec un numéro exceptionnel
de Bruno Putzulu : le comédien exprime si bien la timidité, le désir
ardent, les maladresses de « puceau » qui le font devenir « un homme » grâce
aux soins d’une « dame » compréhensive.
L’accordéon. N’oublions pas
l’accordéon. Plus qu’un bruit de fond. Grégory Daltin (de Trévise) le second
personnage de la pièce, sort des sons magnifiques de son instrument. Quand on
connaît Nino Rotta ou Enio Morricone, on mesure bien l’importance de la musique
pour les familles italiennes et pour Cavanna en particulier. D’ailleurs, ce
dernier demeure un des rares auteurs à sublimer le rôle d’un instrument dans l’accompagnement
d’une vie heureuse, complète, la tête tournée vers les étoiles.
Comment oublier enfin d’évoquer
le noyau de pêche, ce symbole de grandeur et d’avenir pour le père de Cavanna !
Quand surgiront les passions tristes et la xénophobie ordinaire, les arbres, assure-t-il, se
dresseront devant les totalitaires pour défendre les droits de l’homme, l’écologie,
le féminisme et aujourd’hui, la planète terre. « Les Ritals veut être, dans une période brumeuse comme celle que
nous vivons, le geste fraternel d’un grand écrivain à l’égard de ceux que la
misère des temps condamne à chercher leur pain dans l’exil » (Rocco Femia,
producteur).
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