25 mars 2019

Fausses nouvelles et « vérités alternatives » risquent de polluer la campagne électorale des Européennes


Ariane Chemin, du « Monde » en passeuse passionnée de savoirs. ©JCH
Le débat organisé à Val-de-Reuil après le forum sur l’éducation et la formation aux médias a, une fois de plus, tourné autour des gilets jaunes et de leur propension à rejeter journaux et journalistes à l’image des Français qui, de plus en plus, font de moins confiance à la presse écrite ou autre. Il est vrai que les jeunes, notamment, utilisent leurs réseaux facebook ou leurs applications personnelles pour savoir ce qu’il se passe en France et dans le monde. Mais les informations qu’ils lisent sont souvent biaisées par les affinités ou préférences des groupes qui les composent. Si on s’attend à lire ce qu’on attend de lire, on ne risque pas d’être confronté à des contradictions, des incohérences ou pire, des fausses nouvelles ou des thèses complotistes sans être capables de les remettre en cause.

L’éducation aux médias — et on peut faire confiance aux enseignants du service public pour cela — passe par un accès aux divers canaux d’informations et un pluralisme de titres et d’opinions. Il faut, par exemple, lire « Le Monde » et « le Figaro », un journal de centre-gauche et un journal de droite pour prendre connaissance de commentaires sur des faits qui devraient être incontestables dans leur réalité. C’est là que le bât blesse. Car l’invention des vérités alternatives met à mal la vérité des faits, base indispensable à une discussion contradictoire cohérente. Voilà pourquoi un grand nombre de journaux et de chaînes, au delà des sites spécialisés, ont créé des services de décodage et de vérification permettant de corriger les erreurs involontaires ou les affirmations mensongères de la part des politiques, notamment, ou des « intellectuels » engagés à droite…ou à gauche. Trump, Bolsonaro, Poutine, Orban, Marine Le Pen, et tant d’autres, sont des spécialistes des vérités alternatives. Dans leur bouche, elles ne sont rien d’autres que des opinions et des élucubrations idéologiques, visant à convaincre les auditeurs les plus influençables les moins éduqués. Il va de soi que plus vous êtes cultivés, plus vous possédez de savoirs, plus vos connaissances sont larges, moins vous aurez de chances de croire le premier bobard énoncé comme une vérité.

Chez les gilets jaunes, pour revenir à eux, le célèbre Maxime Nicolle est une caricature d’émetteur de fausses nouvelles. Il n’y a pas si longtemps, il a relayé des doutes sur l’attentat de Strasbourg (!) des contre-vérités sur le pacte de Marrakech tandis que le RN (ex-FN) divaguait sur le siège permanent de la France au conseil dé sécurité de l’ONU.

A la veille de la campagne électorale européenne, la vigilance s’impose. J’ai souvenir du débat d’entre deux tours de la présidentielle au cours duquel la candidate du FN avait perdu les pédales et raconté n’importe quoi sur bien des sujets. A l’époque elle voulait sortir de l’Euro et de l’union européenne ! Elle soutenait ardemment le Brexit ! Face aux énormes difficultés que rencontre Theresa May, on ne l’entend plus. Elle préfère faire coller des affiches sur « l’immigration massive », la tarte à la crème de l’extrême droite depuis que son père a inventé la recette. Sans oublier les interventions des Russes et des algorithmes américains…alors prudence.
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