26 mars 2019

Le président Emmanuel Macron, un donneur de leçon arrogant et méprisant


La manifestation était interdite à cet endroit-là, soit. Les sommations d’usage des forces de police ont été faites dans les règles, soit encore. Mais à Nice, samedi, qui hissait les drapeaux et pour quels mots d’ordre ? Ni black blocks, ni gilets jaunes radicaux. Seulement des militants d’ATTAC et de groupes humanitaires et solidaires. Alors, c’est clair : la charge des CRS était totalement inadaptée à la situation. Aucun bien, aucun bâtiment public n'allait être endommagé, aucune personne ne courrait de danger. 

Une militante d’ATTC, âgée de 73 ans, filmée en bonne forme avant d’être bousculée (1) s’est retrouvée à terre après une charge des CRS victime de plusieurs fractures dont une du crâne. Le procureur de la République de Nice a ouvert une enquête préliminaire, fait saisir les bandes de la vidéosurveillance, et la famille de la septuagénaire a porté plainte contre le préfet et contre X pour violences volontaires et surbornation de témoins. Des policiers, selon la fille de la blessée, auraient insisté auprès d’elle pour qu’elle accuse un cadreur parti prenante de la bousculade. Le procureur a d’ores et déjà déclaré que la lecture des bandes exonéraient les policiers…

Affirmation reprise par le Président de la République qui, fidèle à sa parole « libérée » s’est distingué en souhaitant un prompt rétablissement à la blessée et en lui administrant une leçon de prudence et de sagesse sur le thème : « A cet âge là, on reste à la maison pour ne pas être prise dans une bousculade sur une place interdite. » Primo, les manifestations de rues ne font l’objet d’aucune limite d’âge. Secundo, les militant(e)s d’ATTAC ont l’habitude de distribuer leurs tracts d’information dans les rues des villes et de manifester quand l’actualité le commande. Toujours avec pacifisme. Mme Geneviève Legay avait l’expérience de ces appels citoyens. Elle n’ignorait pas, sans doute, l’interdiction de manifester mais avait décidé de braver ce qui lui paraît être une atteinte aux droits fondamentaux. A Nice, j’aurais pu être à ses côtés sans pourtant vouloir casser du flic ou m’en prendre aux vitrines des commerces. La démocratie c’est aussi la possibilité de faire connaître ses opinions et ses points de vue sur la place publique. Il semble que les temps changent mais pas trop car, comme disait Pascal « comme on a pu faire que ce qui fut juste fut fort, on a fait que ce qui fut fort fut juste ! »

Je condamne sans hésitation les propos du président de la République. Il peut avoir raison juridiquement et tort politiquement et moralement. En contraignant ses soutiens à pédaler dans la choucroute visant à justifier l’injustifiable, Emmanuel Macron fait une nouvelle fois preuve d’arrogance, de mépris. Son rôle n’est pourtant pas celui-là. Là où il est, il se doit de calmer les excès, de chercher des compromis et des accords avec ceux qui tiennent la rue depuis le 17 novembre. Le grand débat a été un grand déballage. Il est plus que temps que le président remette de l’ordre dans ses idées et ses choix politiques.

(1) D'après les déclarations du procureur de la République, trois personnes sont susceptibles d'être celle ou celui à l'origine de la chute de Mme Legay. Et pas des policiers.

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