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Christian Lafenêtre en 1977. ©JCH |
La mort de Christian
Lafenêtre, à l’âge de 77 ans, nous rend triste. Très triste. Christian, au delà
des responsabilités éminentes qu’il remplit avec compétence et sérieux au
sein du groupe La Poste pendant
toute sa vie, fut le symbole même de l’homme au courage moral et aux
convictions inébranlables. Chacun se souvient de sa bonhomie, de son goût pour
la blague mi-chou mi-chèvre, de ses élans tempétueux lors des mémorables
campagnes électorales municipales des années soixante dix et quatre-vingt.
Pendant toutes ces années, il accompagna le Dr Ernest Martin, maire de 1965 à
1969 puis adjoint d’Henri Fromentin, de 1976 à 1983.
Christian était un pilier du
CAG (Comité d’action de gauche) où il étalait sans modération son talent pour
la polémique, la défense de ses idées « anar » (et sans violence) son aversion
pour les partis politiques — fussent ils de gauche — dans lesquels il voyait
toujours la voie de la trahison. Son rôle dans les campagnes électorales fut
essentiel pour analyser les documents budgétaires et financiers. Et aussi pour
préparer les budgets de l’exécutif local à une époque où la tutelle
préfectorale ne laissait rien passer contraignant les communes à présenter des
propositions sincères et véritables.
Christian, et c’était sans
doute dû à son attachement originel à la Poste, était un ardent défenseur du
service public. A louviers on était servi puisque la politique municipale
reposait justement sur le développement de ces services au bénéfice des plus
jeunes mais également des travailleurs que la mairie aida en maintes occasions
et notamment en mai 1968 ou lors de conflits sociaux plus tard chez Wonder par
exemple.
J’ai le souvenir qu’en 1976,
pendant l’été, il fallut compléter le conseil municipal d’un siège pour pouvoir
élire le maire. Au sein du CAG, deux candidats postulèrent : Patrice Yung,
qui fit le chemin que l’on sait, et Christian Lafenêtre. Battu par la majorité
des militants malgré de très bons arguments techniques et surtout politiques,
Christian n’en continua pas moins à agir et à devenir conseiller municipal lors
des élections générales de 1977. Pendant les six ans du mandat de la
municipalité dite « autogestionnaire », Christian Lafenêtre soutint sans
relâche les choix du maire, Henri Fromentin, et des adjoints dont Ernest Martin. Bienveillant, attentif à la
situation financière de la ville, ses conseils avisés furent souvent suivis.
Sur le plan privé, il était
ce qu’on appelle un bon père de famille, aimant et indulgent. Il mettait en
pratique ce que Courbet nous avait enseigné : « Les enfants
n’appartiennent à personne. Ils n’appartiennent qu’à leur future
liberté. »
Les obsèques de notre ami et
camarade Christian auront lieu le jeudi 28 mars à 14 heures à l’église Notre
Dame de Louviers. J’invite ses amis du CAG et ceux qui l’ont apprécié à y saluer
une dernière fois celui qui avait érigé en dogme un mot d’ordre aussi charnel
que provocateur (1) que la bienséance m’interdit de reproduire ici. Et
tout le monde éclatait de rire !
(1) Mot d’ordre reproduit
dans le livre d’Hélène Hatzfeld : « La politique à la ville, inventions
citoyennes à Louviers (1965-1983). Editions Presses universitaires de Rennes.
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