On juge une démocratie à
l’état de ses prisons et j’ajouterai à la manière dont les citoyens et
les autorités se comportent à l’égard de la presse et donc des journalistes.
Vous me direz, c’est une marotte chez moi de toujours parler des affaires de
presse. Certes, on ne se refait pas et mon passé est ce qu’il est. En citant un
passage de la charte des journalistes sur ce blog, et très récemment, j’ai rappelé
le devoir qui s’impose aux hommes et aux femmes de presse : La recherche
de la vérité des faits. Pour atteindre ce but, le contexte semble évidemment
très difficile surtout dans le domaine social quand s’opposent des classes aux
intérêts divergents.
Le mouvement des gilets
jaunes n’a pas eu besoin des journalistes pour se faire connaître du public.
Les réseaux sociaux, malgré tous leurs défauts (insultes, violence verbale,
anonymat) ont popularisé une colère qui couvait depuis des années. Au début, le
gouvernement a fait la sourde oreille puis, sous la pression des évidences et
des violences ; a fait un geste en mettant 10 milliards d’euros sur la table
d’une négociation virtuelle aux résultats concrets. L’exécutif, face à un tel
déferlement de haine et d’esprit de vengeance de la part des gilets jaunes espérait
obtenir la fin du mouvement. Il perdure, limité en participation, mais toujours
présent sur les ronds points et dans les rues des grandes villes.
Le rôle de la presse, c’est
de rendre compte des faits et de les analyser. Pour ce faire, des journalistes
professionnels, mus par une vocation, interrogent, filment, enregistrent les
protagonistes partis pris aux événements, le gouvernement, les gilets jaunes,
les citoyens favorables ou non. La pluralité de la presse en France, même dans
une main majoritairement issue du monde des affaires, garantit une diversité
d’opinions. Et comme on ne fait jamais l’unanimité, il est logique que des
gilets jaunes ou des sans gilets apprécient plus ou moins les récits publiés.
Pour autant, faut-il, en cas
de mécontentement, s’en prendre physiquement aux journalistes de terrain ?
La réponse est évidente. Qu’ils appartiennent à BFM-TV, à l’Indépendant du
midi, aux radios de services publics etc. jamais les journalistes ne devraient
être victimes de voies de fait et de coups et leur matériel (caméras, microphones)
détruit. C’est pourtant cette violence permanente qu’ils (ou elles) doivent
affronter au point que les directions des chaînes de Télé, des grands organes
de presse font appel à des sociétés de sécurité pour que des gardes du corps
protègent leurs émissaires. Plusieurs journalistes ont été poursuivis,
coursés et finalement frappés. Jean-Luc Mélenchon doit être aux anges : la
détestation de la presse se diffuse.
Un acte 9 des gilets jaunes
se prépare. Le gouvernement a décidé de faire appel à 80 000 CRS et gardes
mobiles dont plus de 1000 d’entre eux ont été blessés plus ou moins gravement
depuis le 17 novembre 2018. Alors que le grand débat va s’ouvrir et que le
Président de la République débute la semaine prochaine son tour de France par
Bourgtheroulde, chez le député Bruno Questel, et même (et surtout) si on n’est
pas forcément d’accord avec lui, les gilets jaunes doivent profiter de cette
opportunité pour faire savoir à Emmanuel Macron comment ils conçoivent la
culture du compromis, seul moyen de sortir d’un face à face a priori sans
conclusion prochaine. Le rendez-vous avec les élus permettra peut-être de mieux
connaître le plan d’action du gouvernement. Il est plus que temps.
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