« L'enveloppe collaborateur du député, qui lui sert pour fonctionner, a une
origine publique mais cela n'est pas pour autant de l'argent public. Ce n'est
pas l'origine des fonds qui lui donne son origine publique mais l'organe qui le
distribue...Sinon le traitement d'un fonctionnaire ou la pension qu'on verse à
un retraité seraient considérés comme de l'argent public, même après avoir été
déposés sur leur compte en banque ! »
Julien Auber est l'auteur de « Salaud d'élu. » |
Cette phrase du député
Julien Aubert est totalement contestable. En voulant à toutes forces défendre
l’indéfendable, certains parlementaires se lancent dans des explications
oiseuses que tout citoyen un peu réfléchi ne peut que condamner. Oser comparer
l’enveloppe « collaborateur » d’un parlementaire avec la retraite d’un fonctionnaire
relève bien de l’imposture ! Il faut faire preuve de bien peu de bon sens
pour placer sur le même plan les 9561 euros destinés à payer les collaborateurs
des parlementaires dont on n’exige rien de particulier et les retraites des
fonctionnaires lesquels ont du passer des concours et remplir des fonctions qui
n’ont rien de fictives au service de l’Etat, des collectivités, des hôpitaux,
des universités, des écoles, de la justice etc.
L’affaire Fillon démontre
que les « honorables » parlementaires peuvent employer n’importe qui, n’importe
comment et pour faire n’importe quoi et même « repasser des pantalons » selon la
formule maintenant célèbre de Julien Dray. Mais cette affaire se corse depuis
qu’on sait que le montant de l’enveloppe non distribuée — en deçà des 9561
euros donc — alimentait, au Sénat notamment, une association créée pour procéder
à la redistribution de cet argent aux sénateurs eux-mêmes, argent que M. Aubert
considère donc comme disponible…
Si tel était le cas, les
huit sénateurs actuellement mis en examen ne se verraient pas reprocher ces
reversements sur leur compte particulier. D’ailleurs, le candidat de la droite
et du centre est lui-même dans le collimateur des juges chargés d’instruire
cette nouvelle affaire Fillon puisqu’il aurait touché (quand il était sénateur)
la somme de 21 000 euros en sept chèques trimestriels de 3000 euros environ
provenant du fameux surplus de l’enveloppe collaborateurs qui se trouve bien
être de l’argent public à utiliser à bon escient. Je crains fort pour M. Auber
que les juges n’entrent pas dans les subtilités sémantiques qu’il déploie pour
savoir si les fonds sont publics ou…d’origine publique. Que M. Auber aille
demander aux Français ce qu’ils pensent de son raisonnement !
Il y a
mieux dans le texte de M. Auber : « En revanche, vu les horaires et la vie
particulière que les députés mènent, certains salarient des membres de leur
famille tout simplement pour pouvoir les voir. » C’est ce que j’appelle
du grand n’importe quoi ! Payer des membres de sa famille pour être à
leurs côtés, j’avoue que cette idée ne m’avait à aucun moment effleuré
l’esprit. L’engagement politique est un engagement volontaire. Personne
n’oblige qui que ce soit à être candidat aux élections. Cet engagement présente
des avantages et des inconvénients. Parmi les avantages, on peut noter une
certaine reconnaissance, la volonté de servir l’intérêt général, une façon de
donner un sens collectif à sa vie. Parmi les inconvénients, je retiens
effectivement une activité chronophage qui éloigne les élus de leurs familles.
C’est un choix. Allier sa vie personnelle et professionnelle n’est simple pour
personne. Mais c’est bien la première fois que je lis sous la plume d’un
parlementaire la nécessité de rétribuer ses proches pour les rencontrer ! Que
M. Julien Auber continue d’écrire des énormités pareilles et le fossé entre les
citoyens et leurs représentants continuera de se creuser.
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