Merci Macron ! Si François Ruffin (1) a le temps, il pourra
toujours filmer sans caméra cachée le ministre de l’économie lequel, où qu'il soit, a la langue
bien pendue. Alors qu’il vaquait à ses occupations (on ne sait plus bien si
elles sont ministérielles ou privées ou celles d’un futur candidat aux
présidentielles) Emmanuel Macron s’est fait alpaguer par un travailleur en
tee-shirt lui reprochant son costume cravate. Le costume-cravate, comme on le
sait, est le symbole de certaines professions. En général on ne s’y salit pas
les mains. Je n’ai rien contre le costume-cravate mais il est vrai qu’au sein
même de la Silicon-Valley, les patrons de start-up préfèrent des salariés en
tenues plus décontractées et moins compassées.
Revenons à notre ministre.
S’adressant à son interlocuteur il ne lui a pas délivré un « casse toi pôv con » mais un «
si tu veux te payer un costard, tu n’as qu’à bosser. » Sarkozy dans une
formule vague, ambiguë, parle « d’un
propos cynique, mi-homme mi-femme. » Cynique, ce propos l’est assurément
d’autant que Sarkozy est un connaisseur et surtout un pratiquant. Pour le reste
de la formule, je fais confiance à mes lecteurs pour l’interpréter.
Ainsi donc Macron voudrait
ressembler à Wauquiez. Lui c’est le champion des formules assassines genre «
assistanat » de chômeurs qui, évidemment, ne veulent pas bosser. Wauquiez
serait prêt à tout pour travailler s’il était sans emploi : balayeur,
homme de corvée, payé au SMIC voire moins. Car comme on l’imagine, le regard
que portent les Wauquiez-Macron sur les sans emplois, les précaires, les « sans
dents », comme dirait l’autre, n’est ni tendre ni compatissant. Ce qu’ils
pensent ? « S’ils sont chômeurs,
c’est qu’ils le veulent bien. » D’ailleurs une majorité de Français pensent
comme eux, surtout ceux qui ont un travail. Les chômeurs habitent un monde que
personne ne veut visiter, un monde chez Pôle emploi, un monde de prestations
sociales où l’indignité le dispute à l’humiliation. Qui n’a jamais été chômeur
ne connaît pas son bonheur.
Sauf que Macron est ministre
théoriquement au service d’un président socialiste (quoique…) au sein d’un
gouvernement de gauche (encore que…) et qu’il est loisible d’imaginer un peu
plus d’intérêt de sa part pour les personnes en difficulté ou en galère. De la
part d’un homme de droite, le mépris pour un chômeur est compréhensible sinon
admissible mais de la part d’un membre d’un gouvernement soutenu par une
majorité de députés de gauche, la phrase de Macron est choquante.
Il est vrai qu’il n’est « ni
de droite ni de gauche ». C’est peut-être ce que Sarkozy a voulu dire en
affirmant qu’il était « mi-homme mi-femme. » Euréka !
(1) L'auteur de « Merci patron ! »
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