Benoit Malbranque (à droite). (Photo Jean-Charles Houel) |
Le jeune conférencier de 24
ans a tout le temps devant lui. Benoit Malbranque diplômé en économie et
directeur d’édition de livres consacrés à cette spécialité, était présent, jeudi
à Louviers, invité dans le cadre des conférences et animations de l’université
populaire (promue par la municipalité de Louviers) au sein de laquelle les
membres de la SED ne sont pas absents. L’économie politique ou la science économique
a intéressé nombre de Français et de Normands, notamment, bien avant que les
Anglo-saxons ne deviennent les véritables têtes pensantes de cette branche
essentielle au bon (ou au mauvais) fonctionnement des sociétés. Benoit
Malbranque a insisté sur le fait que Jefferson lui-même possédait une bibliothèque
où les auteurs Français étaient majoritaires…C’est dire l’engouement des étrangers
pour les économistes de France où nul plus qu’ailleurs n’est prophète en son
pays.
Ainsi, devant trois dizaines
d’auditeurs, ont défilé la vie et l’action des pionniers normands d’une activité
humaine mêlant monnaies, impôts, inflation, taux d’intérêts, banques centrales…au
fil des monarchies et des républiques. Je ne vais pas égrener toute la liste
des noms retenus par le conférencier mais parmi les économistes normands, Benoit
Malbranque cita Oresme, dont le traité des monnaies date du 14e siècle,
redécouvert au 19e, et qui semble toujours pertinent aujourd’hui,
Boisguilbert, trop heureux de faire la leçon aux nobles et notamment au roi
Louis XIV, en vain semble-t-il, ainsi que Montchrétien et Walras (né à Evreux),
fondateur de l’école mathématique, très en vogue aujourd’hui.
Élargissons le propos à ses
contenus philosophique et politique. Nous avons connu bien des présidents
(Mitterrand notamment) dont l’intérêt pour l’économie était quasiment nul. Ces
hommes considéraient que le politique conduit le monde et que l’intendance (l’économie
donc) devait suivre. Avec le temps et la disparition de l’URSS et son système
autarcique autant que xénophobe, les sociétés ont compris que si la loi du
marché devait s’appliquer dans les démocraties, elle devait également être régulée
pour empêcher les fraudeurs et les aigrefins d’avoir pignon sur rue. Les
informations de ces derniers jours font apparaître le rôle éminent des paradis
fiscaux joué auprès des banques françaises aussi réputées que le Crédit
agricole ou la Société générale, paradis dont Sarkozy avait annoncé la fin mais, là aussi, il s'est trompé.
On pourra toujours écrire
des traités sur les monnaies et disserter sur le fonctionnement de la planche à
billets. Si les hommes et les femmes politiques n’intègrent pas la nécessité d’une
morale en économie et d’une réelle maîtrise de l’avidité des richesses (50 %
des richesses mondiales sont détenues par 1% de la population) il faut s’attendre
à des révoltes et des révolutions.
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