Après le bombardement du camp français Descartes. (photo l'œil d'Afrique) |
L’émission « Spécial
investigation » sur la chaîne payante (ou cryptée) Canal Plus est passionnante.
Les journalistes d’investigation se montrent prudents, insistants, courageux et
s’attachent à fouiller les dossiers les plus ardus mettant en cause des états,
des gouvernements, des entreprises ou encore des mafias.
Bouaké. Ce nom de ville vous
dit-il ou vous rappelle-t-il quelque chose ? L’action se passe en 2004 en
Côte d’Ivoire. Le conflit fait rage entre les partisans de Laurent Gbagbo,
constamment présenté comme socialiste ( ?) au cours du reportage,
président de la Côté d'Ivoire. Il tient Yamoussoukro et Abidjan au sud. Au nord Allassane Ouatara (1)
est à la tête des rebelles désireux de conquérir le pouvoir. Le 7 novembre,
deux Sukhoï de l’armée de l’air ivoirienne, pilotés par des Biélorusses et des co-pilotes
Ivoiriens, fondent sur un casernement de l’armée française et lâchent leurs
bombes faisant neuf morts français, un mort américain et de nombreux blessés.
Les thèmes de l’émission
sont les suivants : qui a donné l’ordre de bombarder les soldats
français ? Pourquoi les pilotes en cause (2) n’ont-ils pas été arrêtés par
ces mêmes solodats Français qui en ont eu l’occasion à plusieurs reprises notamment sur
l’aéroport de Yamoussoukro qu'ils surveillaient 24 heures sur 24 ? Pourquoi le secret défense est-il opposé aux
avocats des familles des victimes désireux de connaître la vérité même
douze ans après les faits ? La journaliste qui mène l’enquête rencontre des
témoins en France, en Côte d’Ivoire, pose les bonnes questions aux bonnes
personnes. Et le moins que l’on puisse dire est qu’un épais brouillard entoure
ces bombardements mis sur le dos de Laurent Gbagbo dont on comprend pourtant
qu’il n’en avait aucun intérêt.
Au fil des témoignages, de
la description précise des faits et de l’analyse géopolitique de l’affaire, on
en vient à soupçonner (injustement ?) le gouvernement français (Chirac était président et
Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense) dont l’attitude ne
semble ni très claire, ni très nette. Jacques Chirac n’aimait pas Laurent Gbagbo non plus que Dominique de Villepin, ministre de l'Intérieur,
pris en flagrant délit de grosse colère contre le président ivoirien. Il existe également une hypothèse mettant en cause l'entourage du président Gbagbo mais la juge d'instruction en charge du dossier doit encore progresser.
L’émission se termine après
qu’on a appris que la journaliste a été en contact avec l’un des pilotes
biélorusses, lequel se plaint de ne pas avoir été payé de la totalité de la
somme qu’on lui avait promise pour son acte de guerre et que n’ayant aucune
confiance dans la presse, il n’a plus donné signe de vie. On reste donc sur sa
faim…
(1) Il deviendra président
après le départ de Laurent Gbagbo…
(2) On connaît leurs noms
mais pas leur domicile ou leur lieu de résidence.
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