24 février 2016

Pesticides : les experts étaient payés par l'industrie chimique…que valent leurs études ?


Essaim de mai rentrant à la maison. (photo Jean-Charles Houel)
Dans les industries pharmaceutique et agroalimentaire, les conflits d’intérêts sont pléthore. Pas un rapport n’est publié sans qu’un indice de suspicion ne porte ombrage aux conclusions des soi-disant experts surtout quand ces derniers autorisent la mise sur le marché de médicaments ou de pesticides contre indiqués pour la bonne santé humaine ou animale.

Le journal Le Monde publie, ce soir, un long article consacré à un rapport destiné à être rendu public prochainement et relatif aux insectes pollinisateurs. Le journaliste auteur de l’article met en cause nommément deux scientifiques responsables de deux chapitres de ce rapport alors qu’ils sont salariés ou rétribués par des industriels de la chimie producteurs de molécules reconnues comme nuisibles pour les abeilles et les bourdons pour ne citer qu’eux. Que penser de leurs préconisations ?

A l’évidence, le conflit d’intérêts est patent. Personne ne peut comprendre ni accepter que des scientifiques travaillant au service d’industriels soient dans le même temps appelés à porter un jugement et des avis sur les produits utilisés en agriculture ou en apiculture. Même si ces scientifiques clament leur bonne foi et assurent que leur objectivité et leur honnêteté ne peuvent être mises en cause, ils devraient comprendre que si leurs constatations les poussent à certifier l’innocuité de certains produits comme les néonicotinoïdes par exemple l’utilisateur de bonne foi, lui aussi, est fondé à plus que s’interroger. Les apiculteurs savent depuis des années que ces produits ont entraîné la disparition de nombreuses colonies d'abeilles même si des causes multifactorielles peuvent expliquer la disparition de nombreux ruchers.

Quelles solutions ? D’abord la vigilance de la communauté scientifique. Si les deux experts ont été mis en cause dans l’étude sur les insectes pollinisateurs, c’est bien parce que certains membres du groupe choisi ont signalé le rôle de leurs collègues…au sein de l’industrie chimique. Ensuite l’attention plus soutenue des donneurs d’ordres lesquels devraient veiller à ce que les experts s’engagent à déclarer (avec contrôle éventuellement) leur situation véritable. On peut imaginer la création d’une haute autorité internationale indépendante susceptible de régler ces conflits d’intérêts nuisibles pour la probité mais également pour les insectes eux-mêmes et les produits que nous consommons.

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