Jusqu’à maintenant, ce sport
était réservé à la droite. Il est de bon ton, en effet, de railler les
fonctionnaires, leur statut et leur emploi soi-disant garanti à vie. Les artisans, les
entrepreneurs, les commerçants, surtout, n’ont que mépris pour ceux et celles
qui font tourner les services publics de l’état ou des collectivités
territoriales. Ah le poujadisme…A gauche, ce sport n’était pas pratiqué. Depuis hier, il l’est.
Emmanuel Macron, invité par
un think thank (comme on dit) dont les règles du jeu imposent aux participants
de la fermer en sortant (leur bouche pas la porte) s’est trouvé bien dépourvu
quand les journalistes de Challenges et des Échos ont décidé unilatéralement de
briser la règle et de sortir le « off » qu’ils s’étaient engagés à taire. Déontologiquement,
ce n’est pas très joli mais l’essentiel est ailleurs. Il est dans ce que Macron
a dit qu’il a cru qu’on ne rendrait pas public.
Qu’a donc déclaré le
ministre de l’économie d’un gouvernement dit de gauche qui fasse le buzz à ce point ? Que la situation
des fonctionnaires n’était plus adaptée à notre temps ! Il a comparé le
CDD d’un cybertechnicien d’entreprise au contrat d’un cadre quelconque de son
ministère, affirmant qu’il existait une situation déséquilibrée entre l’un et l’autre
et que ce système n’était plus adéquat. Autrement dit, si l'on comprend bien, il
a affirmé qu’il serait sans doute nécessaire de changer cet état de fait. Au bénéfice
de qui ? Quel avantage aurait la société à précariser les fonctionnaires
ou à créer une situation de danger pour leur emploi alors que le simple bon
sens voudrait que la protection de cet emploi soit la règle commune dans le
public et dans le privé et pas le contraire. Ce serait évidemment porter tort
aux supporteurs de la « souplesse » et de la « flexibilité » si chères à nos économistes
de C dans l’air.
Macron pense à droite. Voilà
la réponse à la question. Macron est donc de droite et le virage social-libéral
de Valls-Hollande lui permet de temps à autre de se livrer à des déclarations
provocatrices applaudies par le MEDEF et le système bancaire dont il est issu. A quelques semaines
des élections régionales, voilà des déclarations aptes à resserrer les liens à
gauche (NDLR : Je plaisante, attention) ! François Hollande, à Tulle, a corrigé le tir en réglant la mire mais le mal est fait. On sait aujourd'hui que l’un des principaux ministres actuels de
ce gouvernement est favorable au changement de statut des fonctionnaires et pas dans le bon sens. On n’a
pas fini d’en évoquer les conséquences désastreuses.
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