2 mars 2015

La désunion de la gauche fait courir les plus grands risques à la majorité sortante dans l'Eure


Jean-Louis Destans, président du conseil général de l'Eure, a aidé au sauvetage de l'usine M-Real. (photo JCH)
Plusieurs sondages placent le FN en tête lors du premier tour des prochaines élections départementales (1). Devant l’UMP-UDI et loin devant le PS, Europe-écologie les Verts et devant le Front de gauche représenté essentiellement par le PCF. La règle qui impose d’obtenir au moins 12,5 % des suffrages des inscrits au premier tour pour pouvoir affronter le second est une règle impitoyable. Elle a été votée par la majorité UMP-UDI en 2011 pour éviter des triangulaires souvent fatales à l’UMP en cas d’affrontements avec le PS et le FN. Ce dernier n’aura sans doute que peu d’élus (voire aucun) dans notre département même s’il sort en tête le 22 mars. Mais son pouvoir de nuisance sera total.

Eu égard à la division de la gauche, il est probable que les électeurs vont consciemment ou pas, permettre de nombreux duels au second tour entre l’UMP et le FN. D’où, sans doute, un raz de marée favorable à la droite. On peut, sauf mobilisation de l’électorat PS et sympathisants, prévoir la perte de nombreuses majorités de gauche dont malheureusement celle de notre département. C’est là-dessus que je voudrais m’attarder.

Ces majorités n’étaient pas univoques. Dans l’Eure, par exemple, l’exécutif comprenait des élus du PS, du PRG et du PCF. Les élus de ces majorités ont voté à 99% les propositions fort importantes dans tous les domaines de compétences des anciens conseils généraux. Aide sociale, dépendance, collèges, routes, transports scolaires, subventions aux communes, aux associations, haut débit, sauvetage d’entreprises comme M-Real etc. Malgré cela, le PCF a décidé de faire cavalier seul, parfois de s’allier avec EELV, le but étant de tenter de faire réélire les trois sortants PCF mais surtout, selon le mot d’ordre de Jean-Luc Mélenchon, de tester une union future aux régionales et aux législatives sans le PS. J’ai la faiblesse de penser que Gaétan Levitre (actuel conseiller général du canton de Pont-de-l’Arche), pour ne prendre que son exemple, sait déjà que le sauvetage de l’entreprise M-Real d’Alizay n’aurait pas été possible avec une majorité départementale différente. Et pourtant…Le danger est réel de voir des élus ayant érigé la préférence nationale en dogme influencer la politique départementale au détriment des salariés, des plus pauvres et des plus marginalisés.

J’ignore si cette union va bien fonctionner en terme purement électoral. Ce que l’on pressent, c’est la défaite annoncée du PS et la perte probable de la majorité de gauche. Pour des objectifs extérieurs liés à la politique nationale, le PCF et EELV ont pris — dans l’Eure — le risque d’installer l’UMP-UDI au pouvoir avec les conséquences attenantes : une régression sociale généralisée, le retour de la politique clientéliste et la fin des grands projets structurants pour le département.

Il est évident que si ce scénario-catastrophe se réalise, il aura des conséquences. La première d’entre elles concernera la composition des listes aux futures régionales. Si le PCF et EELV poursuivent leur stratégie d’évitement du PS, il en sera fait de la majorité à Rouen et encore plus à Caen. Et comme les régionales se font à la proportionnelle, le risque sera grand de voir le FN en possible prétendant au pouvoir avec ou sans l’UMP. On connaîtrait à nouveau les inévitables accords entre l’UMP et le FN qu’accepta M.Bourlanges…Je n’ose imaginer que la future grande Normandie pourrait être dirigée par des représentants d’un parti « dans la République mais extérieur aux valeurs républicaines » comme l’a bien dit le Président de la République. C’est pourtant ce qui nous pend au bout du nez.

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