Jean-Luc Mélenchon à Alizay. (DR) |
Je prie, par avance mes amis…amis
de Jean-Luc Mélenchon de m’excuser, mais ce que je vais écrire ne va pas leur
faire plaisir. Depuis des lustres, surtout depuis son départ du Parti
socialiste lors du congrès de Reims, JLM est devenu un farouche adversaire du
gouvernement et de la majorité PS-PRG à l’Assemblée nationale. Après tout, il
en a parfaitement le droit même si je juge quelque peu excessif l’argument
consistant à préciser que le président de la République actuel, ayant été élu
avec les 4 millions de voix réunies par Mélenchon, doit conduire la politique
voulue par ce dernier, bien minoritaire à gauche.
JLM poursuit François
Hollande de sa vindicte mais le président n’est pas le seul à subir les foudres
de l’ancien ministre de Lionel Jospin. Il vient de se distinguer à deux
reprises dans les médias. En qualifiant Daniel Cohn-Bendit de « grand dégénéré
», Mélenchon s’est planté. Même si
DCB a traité Mélenchon d’«antiallemand» après une mise en cause d’Angela
Merkel, en juin dernier, cela ne justifie aucunement ce type de réponse et d’attaque
infamante. On peut évidemment penser ce qu’on veut de Daniel Cohn-Bendit, mais
en Allemagne comme en France, il est une figure de la vie politique. C’est d’autant
plus lamentable que Mélenchon tente un rapprochement idéologique et politique
avec Europe-Ecologie-les Verts, mouvement qu’a soutenu et soutient encore
Cohn-Bendit. J’y vois là une forme de brutalité devenue habituelle chez
Jean-Luc Mélenchon. Une brutalité qu’il exerce le plus souvent, même s’il s’est
calmé, à l’égard des journalistes.
Il y a pire peut-être. En défendant
Vladimir Poutine à tout crin — et donc ses actes et ses décisions
politico-militaires — Jean-Luc Mélenchon rejoint la cohorte de deux et celles
qui voient la main des USA partout. Les caniches d’Obama seraient « les
fascistes Ukrainiens » d’abord, les européens ensuite, et l’Union européenne ne
ferait que manger dans la main des Etats-Unis contre une Russie forcément démocratique.
Cette lecture, assez exclusive, je dois le dire, est navrante. Elle permet à
JLM de justifier l’annexion de la Crimée afin de permettre à la Russie de
consolider les défenses maritimes de ce pays et d’insulter la mémoire de Boris
Nemtsov, assassiné au pied du Kremlin par des tireurs encore inconnus (1). Un
Nemtsov décrit par Mélenchon comme un « déchet » de l’ère Eltsine, un suppôt
des oligarques. Si JLM voulait « justifier » ce meurtre, il ne s’y prendrait
pas autrement.
Dans un billet récent,
Reynald Harlaut s’est indigné qu’on puisse classer l’extrême gauche ou disons
la gauche de la gauche, parmi les nouveaux antisémites. Je suis d’accord avec
lui. On ne peut pas, sur ce plan, comparer Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.
Mais si l’antisémitisme les sépare, la même idolâtrie les réunit : ils
sont tous deux Poutinien, tous deux très antiaméricains, tous deux très opposés
aux institutions européennes. Pierre Laurent, le secrétaire général du PCF et
Clémentine Autain, peu suspects d’un excès de sympathie pour le PS, viennent de
prendre leurs distances avec les propos de Jean-Luc Mélenchon tenus sur son
blog. On ne voit pas, là, la possible relève des socialistes pourtant promis à
un échec cuisant lors des prochaines élections.
(1) Des « suspects » caucasiens ont été arrêtés hier.
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