Pendant une période aussi
troublée, aussi trouble, et malgré le « sans faute » de François Hollande et
des membres du gouvernement dont le solide Bernard Cazeneuve, un certain nombre
de faits et d’événements ont suscité des remarques et des bêtises ont été
commises parfois de bonne foi. J’en ai relevé certains et certaines que je souhaite
commenter.
Claude Guéant, ancien
ministre de l’Intérieur, interrogé par une journaliste d’une chaîne Info n’hésite
pas à déclarer qu’il n’y a aucun problème à supprimer certaines libertés au nom
de la sécurité. L’exemple qu’il prend est ridicule. « J’ai proposé qu’on installe des caméras capables de lire les plaques
d’immatriculation des voitures aux péages d’autoroutes. » Comme si les délinquants
— et à plus forte raison les terroristes —circulaient dans des voitures
personnelles susceptibles d’être repérées et suivies. Ils agissent avec des
voitures volées et de fausses plaques !
Claude Guéant aurait dû,
plutôt, demander plus de facilités administratives pour que les officiers de
police judiciaires puissent poser des balises de traçage dans le cadre de commissions
de crimes en préparation sur les automobiles suspectées d’être utilisées par
les malfaiteurs ou les terroristes. Dans l’état actuel de la législation, un
juge des libertés doit donner son accord. Cela prend du temps et nécessite
beaucoup de démarches. Il faut simplifier la procédure.
La minute de silence dans
les établissements scolaires ? Principe noble mais inapplicable sans
incident. De quoi parle-t-on ? On demande à des enfants de 8 ans qui ne
peuvent pas, sans longues explications et dialogue, comprendre le sens de ce
recueillement. On exige d’ados souvent en situation de révolte, à des jeunes
beurs stigmatisés de porter — ne serait-ce qu’un instant — un deuil national !
Plutôt qu’une minute de silence, il eût mieux valu que les enseignants
discutent avec leurs élèves, échangent des idées, rappellent le sens des mots
laïcité, liberté. Il eût mieux valu prendre le temps d’expliquer ce qu’est le
fanatisme voire le terrorisme. Alors que les télés passent des spots incitant
les parents à discuter avec leurs enfants des images choquantes ou violentes, j’aurais
préféré que la ministre de l’Education nationale favorise le dialogue entre les
enseignants qui sont aussi des éducateurs et les élèves de nos lycées, collèges
et écoles.
S’il en est un qui souffre
de ne pas figurer au premier rang et de ne pas être bien visible sur les
photos, donc, c’est Nicolas Sarkozy. Le Petit journal de Yann Barthès a pris
plaisir à nous offrir les contorsions de l’ancien président passé du 3e
rang (pour cause de protocole) à la première ligne aux côtés du chef de
gouvernement israélien. Sarkozy adore les photographes. Carla Bruni aussi. Plus
grande, plus élancée, elle était également plus facilement repérable dans sa
progression. C’était à la fois drôle et pathétique.
Carla Bruni et Nicolas Sarkozy sont encore au second plan |
En un jour pareil, Nicolas
Sarkozy est apparu plus tordu encore qu’il ne l’est d’habitude. Son attitude
contrastait avec la dignité des autres chefs d’états dont certains, d’ailleurs,
sont des tyrans dans leur pays. Il était plus qu’irritant de voir certains défiler
pour défendre la liberté d’expression. Le premier ministre turc, le Hongrois
Orban, l’Africain Bongo…autant de représentants de gouvernements autoritaires
sans égard pour l’indépendance des journalistes.
Le tribunal correctionnel de
Toulouse a infligé des peines de prison ferme, en vertu de la loi de novembre
dernier, à des internautes postant des messages de haine. On a évidemment le
droit de « ne pas être Charlie » mais les raisons doivent demeurer dans le
cadre légal. Il en est un autre, plus célèbre que les jeunes Toulousains (bien
connus des services de police locaux) qui abuse nettement de la liberté d’expression
puisqu’elle tombe sous le coup de la loi chargée d’en fixer les limites.
Le satané Dieudonné a même cru
bon de se faire appeler « Charlie Coulibaly » en « hommage » au terroriste
auteur des quatre assassinats du magasin juif de la porte de Vincennes. Le
parquet a exigé la suppression du message odieux sur Facebook et entamé des
poursuites contre le soi-disant comique qui fait rire de moins en moins de
gens. Ces derniers prennent conscience du danger, physique et moral, que fait
courir le multirécidiviste. Le Conseil d’Etat n’avait pas dit autre chose. Avec
le temps on comprend mieux pourquoi.
Les médias (radios et télévisions
surtout) en ont-ils trop fait ? L’ont-ils mal fait ? Autrement dit,
la course au scoop et à l’audimat a-t-elle gêné les forces de l’ordre dans
leurs interventions et mis en danger la vie des innocents ? Le CSA
(conseil supérieur de l’audiovisuel) a cru nécessaire, vendredi, d’appeler les
journalistes professionnels au discernement. Etait-il indispensable d’entrer en
relation téléphonique avec les frères Kouachi ? Etait-il utile de préciser
pendant la prise d’otages que la chambre froide du magasin cacher cachait
plusieurs personnes ?
Je ne vais pas jouer les
hypocrites dans la mesure où j’étais de ceux qui suivaient l’évolution des événements
sur une chaîne info en continu. J’imagine que la France entière retenait son
souffle et souhaitait ardemment la réussite des opérations engagées par le GIGN
et le RAID. Tout de même, une réflexion sera sans doute indispensable si, par
malheur, une situation aussi dramatique venait à surgir à nouveau dans notre
actualité.
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