Depuis quelques décennies, je
suis un fidèle des manifestations à Louviers. Il y a belle lurette que je
n’avais vu (depuis mai 1968 en réalité) une foule aussi dense, aussi
recueillie, aussi silencieuse que celle rassemblée, hier soir, dans les jardins
de l’Hôtel de ville. A l’appel de tous les partis républicains, des hommes et
des femmes, des jeunes et des vieux, des catholiques, des juifs, des musulmans,
des athées, se sont rassemblés pour exprimer leur émotion, d’abord, et leur
volonté, ensuite, de défendre les valeurs de notre République suite à
l’assassinat de l’équipe de Charlie Hebdo, morte au champ d’honneur de la bataille
pour défendre la liberté d’expression.
Nous sommes nombreux à avoir
lu Hara-kiri, le journal « bête et méchant ». Nous sommes encore plus nombreux à
avoir attendu avec impatience la une de Charlie-Hebdo. Car ce journal est dans
les gènes d’une gauche sans tabou, d’une gauche libertaire, d’une gauche
nécessaire et c’est cette gauche-là, cet état d’esprit là, que les djihadistes
fous ont voulu éliminer.
Charb, Wolinski, tignous,
Riss, Honoré, Cabu…autant de talents de caricaturistes exceptionnels rayés du monde des vivants au nom du prophète !
Leur exécution brutale est un choc, elle suscite une émotion prégnante voire planétaire.
Là où ils sont, eux dont l’athéisme était un dogme, doivent bien rire de toutes ces manifestations, ces
bougies, ces roses, ces cortèges, jusqu’au glas de Notre-Dame et au message du
pape François…mais à nous qui ne croyons pas au ciel, que nous reste-t-il de
leur génie, de leur capacité d’indignation, de leur invention permanente, de
leur insolence jamais humiliante ? Et de Bernard Maris, « économiste »
antilibéral, que retiendrons-nous sinon sa critique acerbe du capitalisme
triomphant ?
Hier soir, nombre d’élus de
Louviers et de la CASE avaient revêtu leur écharpe tricolore pour signifier
l’engagement des symboles de la République dans la protestation paisible contre cet acte morbide. 1500 personnes murmuraient, échangeaient au sein
de groupes formés ici et là, de gauche et de droite, convaincus de la nécessité
de rassembler les gens de bonne volonté en un élan dont on espère qu’il durera
plus qu’un soir et saura se situer au-dessus des clichés et des amalgames faciles.
Les affichettes « Je suis
Charlie », les bougies aux flammes tremblantes, les regards embués…il s’est
passé quelque chose de très fort à Louviers et dans la France entière après
cette exceptionnelle tragédie dont les conséquences sur notre vivre ensemble demeurent
aujourd’hui incalculables.
François-Xavier Priollaud, maire, Leslie Cléret, Guy Auzoux, conseillers généraux, ont déposé des roses… |
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