Si l’on part du principe de
réalité qui veut qu’en politique on n’ait pas d’amis mais seulement des
relations — et au fil du temps cette prémice devient toujours vérité — les
journalistes du Monde ont certainement raison. En racontant dans un livre
récent que François Fillon, adversaire de Copé et de Sarkozy, ancien premier
ministre de ce dernier, avait sollicité l’Elysée de Hollande pour tenter
d’accélérer les processus judiciaires contre Sarkozy, Fabrice L’homme et Gérard
Davet ne font que rendre publiques des suppositions absolument crédibles.
Les deux journalistes
d’investigation racontent que Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de
l’Elysée, ancien membre du gouvernement Fillon, a rencontré ce dernier lors
d’un déjeuner à Paris et que l’ex-collaborateur de Sarko lui a expressément
demandé de faire «bouger» les magistrats dans l’affaire de l’amende pour compte
de campagne dépassé, ce que Hollande, interrogé par son subordonné, a refusé de
faire au nom de l’indépendance de la justice et de la séparation des
pouvoirs.
C’est tout à l’honneur de
l’actuel président de la République pourtant régulièrement accusé d’avoir monté
un cabinet noir pour nuire à Sarko. Il est maintenant quasi officiel que les
attaques contre François Hollande, accusé par Hortefeux et compagnie, de
fomenter des mauvais coups judiciaires contre son prédécesseur sont infondées
et mensongères.
Cela étant précisé, Fillon
est dans de beaux draps. Le candidat (actuel co-président de l’UMP) à la candidature
à la présidentielle de 2017 a beau déclarer qu’il porte plainte en diffamation
contre les deux journalistes et le journal lui-même, les deux hommes de presse,
très expérimentés et possesseurs d’un enregistrement, semble-t-il, implacable,
n’en ont cure.
Il va de soi que dans la
course à l’Elysée, les coups bas vont devenir pléthoriques. Cette constitution
fait du président un pivot institutionnel si essentiel à l’exécutif que le
combat pour atteindre le sommet fait forcément des dégâts. Fillon apparaît
comme le plus fragile aujourd’hui, suite à ces révélations, mais rien n’est
gravé dans le marbre. Car le livre de Davet et L’homme « Sarko s’est tuer » (1)
recense toutes les affaires, petites et grandes, concernant le revenant qui
n’est jamais parti. Si d’ici 2017, aucun procès n’a permis de connaître une
part de la vérité relative aux mises en cause de Sarkozy, celui-ci conservera
toutes ses chances et bénéficiera, s’il est élu, d’une immunité pour cinq
années.
Il faut donc faire preuve de
patience et faire confiance aux juges d’instruction. La justice est lente mais
elle avance. A son rythme, qui n’est pas celui des chaînes info en continu.
(1) Cette expression
rappelle le célèbre « Omar m’a tuer ».
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